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Interview

Au parc avec…

Marc-Olivier Fogiel

Alors que la gestation pour autrui crispe les opinions en France où elle est encore interdite,Marc-Olivier Fogiel a choisi de parler dans son livre* de son parcours jusqu’aux États-Unis pour devenir papa deMila (7 ans) et de Lily (5 ans), et de sa vie de famille.

FRANÇOIS ROELANTS

“Je suis plutôt un papa permissif.”

en parle depuis leur naissance. Alors qu’elles n’avaient que quelques minutes, je leur ai expliqué qu’elles arrivaient dans une famille avec deux papas, et queMichelle, qui leur avait permis de naître, avait accueilli la petite graine du papa pour qu’elle puisse grandir dans son ventre. Petit à petit, on a ajusté nos mots selon leur âge, et aujourd’hui, c’est leur histoire, elles en parlent très facilement. Quel genre de papa êtes-vous? Moi, je suis plutôt un papa permissif, alors que François fixe les règles. Pourtant, j’aurais imaginé l’inverse… Je suis plus âgé que lui et surtout, il est plus cool quemoi dans la vie. Mais finalement, je suis plutôt celui qui console et lui celui qui pose les cadres. Cette semaine, par exemple, je suis en vacances seul avec les filles, et c’est un peu le bordel ! Que représente Michelle, la mère porteuse, pour votre famille? Aux États-Unis, quand unemère porteuse vous choisit, on fait la connaissance de ses enfants, de son mari…On passe beaucoup de temps ensemble et des liens forts se tissent. Ils ne peuvent pas se défaire après la naissance de l’enfant, au contraire,

ils se renforcent. Donc chaque année, après Noël, on loue unemaison et on se retrouve tous ensemble pour y passer quelques jours. Michelle est vraiment notre amie, et elle est fière de nous avoir aidés à fonder une famille. Je dirais qu’elle a finalement davantage un lien affectif avec nous, qu’avec les filles. Quelles valeurs souhaitez-vous transmettre à vos filles? J’essaie d’appliquer une éducation bienveillante, mais pas laxiste. Jem’attache à développer leur côté artistique, ce quemoi je n’ai pas eu. De ne pas tout voir demanière normée. Elles ont fait leur maternelle dans une écoleMontessori où, même s’il y a des règles, on écoute aussi beaucoup l’enfant et sa créativité. La petite a d’ailleurs développé un sens du dessin, de la calligraphie…Rien dans ma vie neme rend plus fier quemes filles ! l PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE SAEZ

Avez-vous hésité à raconter l’histoire de votre famille? Ce livre rapporte des témoignages de GPA. Je ne pouvais pas en parler sans parler demon expérience. J’aurais adoré, mais ça n’aurait pas été honnête. Je sais que le fait d’exposer ma famille la fragilise. C’est un sacrifice que j’ai accepté de faire. Nous en avons beaucoup parlé tous ensemble et rien n’a été fait sans l’accord demes filles, je leur raconte tout. Ne craignez-vous pas les réactions des anti-GPA? Vous savez, malgré quelques débatteurs très virulents à la télévision, la société est finalement bienveillante. A l’école, dans la rue, les commerçants… à partir du moment où les gens voient des petites filles équilibrées, ils se montrent bienveillants. Notre quotidien est joyeusement banal ! Comment avez-vous raconté à vos filles leur histoire? Je ne sais pas à quel âge elles l’ont vraiment compris, mais je leur «Rien dans ma vie ne me rend plus fier que mes filles !»

CÔTÉ PROMO… Dans son livre*,“Qu’est-ce qu’elle ama famille”,éd.Grasset,Marc-Olivier apporte son témoignage et celui de dizaines d’autres couples sur laGPA.

PARENTS Janvier-Février 2019 119

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