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On a tendance à considérer à tort qu’une femme enceinte doit partager sa grossesse, alors qu’au fond, c’est à elle d’en décider.

utiles pour dissuader les gros “relous” qui ne demandent pas la permission! 6 répliques L’approche poète Amon ventre arrondi, si tu oses toucher, ce ne sera pas joli, comment tu vas morfler! L’approche ironique Je t’en prie, ne te gêne pas, j’adore me faire toucher le ventre par un (presque) inconnu, c’est franchement mon plus grand fantasme! L’approche politique Le consentement, ça te dit quelque chose? L’approche intrusion C’est cool, comme ça, s’il bouge pour la première fois, tu seras informé(e) avant moi! L’approche descriptive C’est sympa de vouloir rentrer en communication avec mon bébé, sauf qu’entre ta main et lui, il y a accessoirement…mon ventre! L’approche infantilisante Oh, elle est gentille la

Mais pour quelles raisons vouloir tant y toucher?

«Pour lespersonnes extérieures, cettegrossesse n’appartientpasqu’aucouple,ellen’estpasvécue comme une histoire intime, mais plutôt comme une aventure sociale », explique Cécile Viénot. L’entourageatendanceàs’appropriercettegros- sesse,commesiceventrerondtombaittoutsim- plement dans l’espacepublic. «C’est comme si le corps était devenu un objet, dénué de pensées, comme s’il y avait tout à coup une dissociation entre la femme elle-même et sonventrede gros- sesse », poursuit la psychologue. Ce phénomène s’explique principalement par un mouvement de projection, surtout chez les femmes. Elles s’identifient ou se projettent dans la grossesse, selon si elles ont déjà été enceintes ou non. Qui plus est, la grossesse est une période de la vie où l’intimité estmoins présente, notamment au ni- veaudusuivimédical. La femmeserendréguliè- rementchezsongynécologueousasage-femme, où elle doit se déshabiller, se peser…Et son inti- mité enprendun coup. Demanière générale, on a tendance à considérer à tort qu’une femme en- ceinte doit partager sa grossesse, alors qu’au fond, c’est à elled’endécider. Dans l’imaginaire commun, la grossesse est quelque chose de merveilleux, unmoment ma- gique dans la vie d’une femme. Pourtant, « de plus en plus de femmes avouent qu’elles vivent mal leurgrossesseet les transformationsde leur corps, sans forcément mal vivre le fait de deve- nir maman par ailleurs », note Cécile Viénot. Aussi, lorsque l’on veut toucher le ventre d’une femme enceinte, on pense être dans un plaisir partagé, alors que ça n’est pas forcément le cas… Ça renvoie la femme à cette idée de grossesse “plaisir” qu’elle ne ressent pas forcément, à son état qu’elle peut déjà avoir dumal à supporter. En nous touchant le ventre alors qu’on est en- ceinte, la personne extérieure nous dépossède de notre grossesse, essaie en quelque sorte de Et moi, pourquoi je n’aime vraiment pas ça?

« NOTRE CORPS N’EST PAS PUBLIC! »

Quand tu es enceinte, on dirait que ton ventre est en accès libre…Ça n’est franchement pas agréable! Je ne le fais pas et je n’aime pas qu’on me le fasse, sauf si c’est le papa et mes enfants. Ce n’est pas parce qu’on porte un bébé que notre corps est public! LAËTITIA

«MOI, ÇA ME REND AGRESSIVE. »

madame, par contre, elle va enlever ses vilaines grosses papattes de mon bidon, sinon future maman va se fâcher très fort!

s’en emparer. Or, certaines femmes préfèrent que leur grossesse demeure de l’ordre de l’in- time, comme un projet qui ne se vit qu’à deux. « La femme doit garder son libre arbitre », conseille la psychologue. « Il ne faut pas hési- ter à expliquer à l’autre que l’on n’a pas envie aujourd’hui, mais qu’on l’invitera plus tard à venir toucher le ventre si cela évolue durant la grossesse. » l HÉLÈNE BOUR

La dernière fois que quelqu’un a fait ça, je lui ai caressé les seins, histoire qu’elle comprenne que ça ne se fait pas! Elle n’a plus jamais recommencé! C’était la femme du meilleur ami de mon conjoint. SOPHIE

PARENTS Janvier-Février 2019 29

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