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MON BIDON / Témoignages

MARIE Maman de Noam, 9mois.

tion, elle ne m’écoutait pas. Pire, elle me faisait passer pour une ingrate en prétextant qu’elle voulait juste me faire plaisir. Mais ça ne me fai- sait absolument pas plaisir de la voir tout déci- der àma place. Il suffisait que je lui dise : “Tiens, cette semaine, je vais aller acheter un thermo- mètre de bain” et le jour même, elle courait en acheter un. Au départ, mon conjoint avait plutôt tendance à s’en amuser jusqu’à ce que je lui raconte le lapsus de ma mère : elle avait dit “quand mon bébé sera là…” ! De là, il a mieux comprismon agacement. A la maternité, elle passait son temps à le mitrailler de photos Et mon fils est finalement arrivé le 24 mars. Sans surprise, ma mère, qui vit en Bretagne, a débarqué dès le lendemain à Paris pour le voir. A chaque visite à la maternité, elle passait son temps à le mitrailler de photos avec son télé- phone. Ça avait le don de m’exaspérer ! Mais ce n’est pas le pire. Avant qu’on sorte de la ma- ternité, elle n’a pas pu s’empêcher d’aller tout briquer chezmoi du sol au plafond. Je suis très à cheval sur leménage, mais pas autant qu’elle. Elle estimait que l’appartement n’était pas suf- fisamment propre pour accueillir un nourris- son. J’en aurais crié ! Depuis, nos rapports sont très tendus. J’essaie de prendre sur moi, mais au-delà d’une heure, je ne la supporte plus. Elle aussi a changé de regard sur moi. Vu que j’ai tendance à perdre patience et parfois à me montrer agressive, elle se montre plus méfiante. Elle ne me com- prend pas. A l’entendre, j’ai l’impression d’être devenue un monstre qui ne cherche qu’à la faire souffrir. Et c’est ce qui me fait le plus mal au fond, parce que malgré tous ses défauts, je l’aime ma maman. Je voudrais juste qu’elle me laisse fairemes propres choix. » d’une heure, je ne la supporte plus. ” “ Nos rapports sont très tendus, et au-delà

« Ma mère et moi ? On était comme les deux doigts de la main quand j’étais petite. Après ma naissance, elle a arrêté de travailler pen- dant dix ans pour s’occuper de moi et de mes deux petits frères, et a toujours beaucoup joué avec nous. Le fossé a commencé à se creuser à l’adolescence. Très féminine, elle était du genre à courir les magasins quand moi, gar- çon manqué sur les bords, je préférais grim- per aux arbres et fuguer. Mais même si nous n’étions pas dans un rapport mère-copine et si nous avions du mal à nous comprendre, nous arrivions à parler de tout : de papiers adminis- tratifs, de commérages, de nos relations aux autres, ànous-mêmes etmêmede sexeparfois. Quand j’ai su que j’étais enceinte, je n’ai pas réussi à tenir ma langue. Je l’ai dit à ma mère dès le premier mois. Et je l’ai très vite regretté. Parce qu’elle s’est aussitôt mise à acheter plein de trucs : une baignoire, un transat de bain, des cuillères, plein de vêtements et des tonnes de paquet de couches jusqu’à la taille 5 ou 6 ! Comme elle avait eu des parents très ab- sents, elle voulait s’impliquer au maximum. Sauf que je n’avais ni la même histoire, ni le même caractère, ni les mêmes principes de vie. J’avais beau lui dire que j’étais une grande fille, que je pouvais me débrouiller toute seule et surtout que j’étais contre la surconsomma-

“A l’entendre, j’ai l’impression d’être devenue un monstre qui ne cherche qu’à la faire souffrir. Et c’est ce qui me fait le plus mal au fond, parce que malgré tous ses défauts, je l’aime ma maman.”

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32 PARENTS Janvier-Février 2019

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