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Âge par âge

de à 4 5 ans

Clara ne manque pas une occasion de faire des remarques qui blessent d’autres enfants. On dirait qu’elle ne se rend pas compte

de ce qu’elle provoque… Un recadrage s’impose ?

Elle semoque de ses camarades

E lle a fait pipi dans son pantalon, hou hou, le tout petit bébé! » Dans la cour, les railleries vont bon train, et c’est Clara qui mène la danse. C’est également elle qui interpelle d’autres élèves à propos de leurs lunettes ou de leur em- bonpoint… Vous tombez de haut. Votre petit ange serait-elle un monstre d’insensibilité, cruel et sans pitié? Comment peut-elle se montrer aussi indifférente à la détresse qu’elle provoque chez un camarade, elle que vous voyez si attentive au moindre signe de désarroi de sa petite sœur, prête à tout pour la consoler? Un constat en toute franchise ! Lorsque, ausquareoudans lacour, l’enfantdit àun autre, « tu es gros » ou « tu louches », il n’a pas l’in- tentionde l’humilier: il est simplement intrigué et fait le constat de ce qu’il voit, spontanément, sans aucun filtre. « La vérité sort de la bouche des en- fants », et ça peut faire mal! C’est pire en groupe: lorsque l’un montre du doigt un enfant différent par son aspect ou son comportement, les autres font lamême chose, parmimétisme. On lui tourne autour, on le montre du doigt, on rit… Se moquer devient vite un jeu . En pleine action, au premier degré, sans réflexion, les “moqueurs” nemesurent pas l’impact que peuvent provoquer leurs re- marques. Ainsi, il suffit que l’enfant visé se mette à pleurer pour que l’un d’eux vienne lui donner la main, et que la petite ronde s’arrête net. En effet, les jeunes enfants sont naturellement empathiques. « Ils ont des antennes très dévelop-

pées pour repérer la souffrance et une capacité étonnante à trouver le geste qui va la calmer, dans une sorte de spontanéité émotionnelle non-ver- bale », observe Dana Castro*. « Ils comprennent l’émotionmais pas le processus intellectuel, le lien de cause à effet qui l’a provoquée. » Ne le blâmez pas lorsqu’il tient des propos bles- sants, mais réagissez, tout simplement! Par exemple, s’il proclame « pourquoi tu es gros? », intervenez: « ça ne se fait pas de dire ça, il n’aime pas. » Il ne vous paraît pas convaincu? Coupez court: « Je suis adulte et je le sais. D’ailleurs, est-ce que tu aimerais, toi, qu’on te dise que ton pull est moche ou que tu as un gros nez? » Valorisez ses bonnes actions Pour l’éduquer à devenir un être social bienveil- lant, il vous faudra revenirmaintes fois sur le sujet. Pourquoi pas autour d’un jeu, par le biais des per- sonnages: « tu t’imagines à sa place, ça fait peur, ça donne envie de pleurer! ». Ou bien en lui lisant l’histoiredu“Vilainpetit canard”oud’autres livres abordant ce thème, récurrent enmaternelle. Si votre enfant vient en aide à un camarade en dé- tresse, valorisez sa conduite. Encouragez-le à res- ter attentif à ce que peut ressentir celui dont on se moque.Conseillez-lui d’allerprévenir lamaîtresse lorsqu’il entend des enfants dire des choses qui font mal. Sa capacité d’empathie ne demande qu’à s’affirmer! l ANNE VANWAEREBEKE *Dana Castro est psychologue, psychothérapeute, auteure de Frères et sœurs, les aider à s’épanouir (Albin Michel).

LE VILAIN PETIT CANARD Un imagier graphique pour découvrir ce grand classique. CollectionGigognes, éd.MilanJeunesse, chezOxybul..

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46 PARENTS Janvier-Février 2019

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