La Presse Bisontine 201 - Septembre 2018

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 201 - Septembre 2018

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ENVIRONNEMENT

En danger critique d’extinction

La Citadelle au chevet

de l’apron du Rhône

O n le surnomme aussi le “roi du Doubs” (en référence au patois neuchâtelois “roy” qui signifie rêche). Méconnu, ce poisson de couleur brun-jau- 2008, grâce notamment à l’expertise du Muséum bisontin qui abrite le seul site d’élevage au monde. 30 000 aprons du Rhône ont été réintroduits dans la Drôme depuis

ne ou gris marqué de petites bandes, disparaissait peu à peu de nos rivières, sensible aux changements environne- mentaux. “C’est une espèce dite para- pluie” , explique Mickaël Béjean, res- ponsable aquariologie du Muséum bisontin. “La pollution, les barrages, les crues… ont participé à sa dispari- tion, avec le réchauffement climatique.” Tant et si bien que l’apron n’occupait plus que 240 km de cours d’eau en 2005 contre 2 200 km en 1900, se retrou- vant parmi les plus menacés en Fran-

ce métropolitaine, en haut de la liste rouge U.I.C.N. Mais un plan national d’action lui a permis peu à peu de sor- tir la tête de l’eau. “Le désenclavement engagé depuis 2010 autour des passes à poisson a été favo- rable, tout comme les informations obte- nues par l’A.D.N. résiduel dans des pré- lèvements d’eau, avec bien sûr nos relâchers.” Présent aujourd’hui dans 350 km de rivières : principalement dans la Loue, la Durance, l’Ardèche (et un peu dans le Doubs franco-suisse et

le Verdon), ce poisson d’eau douce doit en partie sa sauvegarde aux équipes bisontines de la Citadelle. “On le connaissait peu jusqu’en 2005.” Affiner les connaissances sur l’espèce a ainsi favorisé son renouvellement. “On maîtrise désormais la reproduc- tion avec un taux d’éclosion qui atteint les 80 % et un taux de survie des ale- vins entre 1 et 2 mois de 90 %.” Un ulti- me relâcher cette année, signant la fin du programme, a permis à 4 000 nou- veaux aprons nés à la ferme aquacole bisontine de rejoindre en juin la riviè- re Drôme (plus propice, car mieux pré- servée). Pour arriver à un total de 30 000 poissons réintroduits en 10 ans. Si deux ans de suivi seront nécessaires pour tirer les conclusions de cette opé- ration pilote, les résultats intermé- diaires sont positifs, avec une possible extension à la clef à d’autres rivières. “Nous avons la preuve qu’ils se repro-

duisent naturellement dans le milieu.” Un autre plan d’action devrait com- mencer en octobre avec de nouvelles ambitions comme rallier les aprons suisses aux français. “On veut aussi continuer de désenclaver les popula- tions plus en amont et en apprendre plus sur ce qui se passe en milieu natu-

Les géniteurs capturés en septembre en milieu naturel, ont été relâchés avec les jeunes spécimens en mai-juin après la phase de reproduction (photos J. Renard et M. Béjean).

rel.” Car la réintro- duction ne reste bien qu’un dernier recours. La sauvegarde des milieux étant la vraie solution d’après Mic- kaël Béjean, qui rap- pelle que ce genre d’ac- tions est aussi profitable à d’autres espèces en déclin com- me le chabot commun, le blageon, la truite ou l’ombre. n S.G.

Un autre plan d’action à venir.

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