La Presse Bisontine 201 - Septembre 2018

La Presse Bisontine n° 201 - Septembre 2018 7

l Commentaires

“Tout le monde l’a adopté à l’unanimité” Pascal Curie, élu municipal chef de file du groupe L.R.E.M.

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“A u moment du vote, tout le monde avait le projet d’ar- rêté, ça n’a suscité stricte- ment aucune question ou interroga- tion. Tout le monde l’a adopté à l’unanimité. D’ailleurs nulle part dans le texte il est dit que c’est un arrêté contre la mendicité, mais bien contre lamendicité agressive,contre les troubles à l’ordre public.On a tous eu les mêmes éléments au même moment, je ne vois pas pourquoi ceux qui ont validé ce projet changent d’avis d’un seul coup… Et il n’a pas été pris en cachette, mais en municipalité, comme de nombreux autres arrêtés municipaux.” n

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“Nous avons demandé le retrait de ce texte” Christophe Lime, chef de file du groupe communiste

“S’attaquer aux plus précaires est indigne” Claire Arnoux, porte-parole des Insoumis à Besançon “S’ attaquer ainsi aux mendiants et aux plus précaires est indigne. Comme l’avait été plus tôt l’éva-

“N ous n’avons pas eu le tex- te de l’arrêté au moment du vote et je reconnais que sur le coup, nous n’avons pas été assez méfiants ou vigilants. C’est une négli- gence de notre part, il faut être honnê- te. Maintenant, nous considérons que ce texte est d’une part inapplicable et qu’il n’est pas adapté. Les riverains et les passants ont droit à la tranquilli- té, mais les S.D.F.aussi.Nous ne sommes pas dans l’angélisme, nous reconnais- sons qu’il peut y avoir des problèmes

de temps en temps au centre-ville,mais plutôt de prendre un tel arrêté, il faut commencer par avoir des discussions avec ces gens-là, les structures qui les accompagnent, les riverains, les com- merçants. Pourquoi ne pas instaurer des accompagnateurs de jour, à l’ima- ge des ex-correspondants de nuit ? On a toujours trouvé des solutions avec les S.D.F. dans cette ville sans avoir besoin de prendre un tel arrêté. La symbolique de cet arrêté est importante pour nous, surtout dans une municipalité qui n’a

jamais fonctionné comme ça. C’est la raison pour laquelle nous avons deman- dé le retrait immédiat de ce texte.” n

cuation du local de SolMiRé. Il faut arrêter de parler du sentiment d’insécurité : y a-t-il eu réellement des plaintes ? Une augmenta- tion des agressions ? Qu’on nous montre des rapports officiels. Quand il y a des agressions, un arsenal répressif existe. Pourquoi cet arrê- té ? Sait-on aussi que les S.D.F. se font insul- ter, agresser, voire parfois jeter des ballons rem- plis d’eau de javel ?! Ces personnes sont régulièrement victimes d’agressions et d’in- sultes. Qui en parle ? Où est passé le camp pro- gressiste dans cette ville ?” n

“Il faut des accompagnements à long terme pour ces personnes” Anne Vignot, chef de file Europe Écologie-Les Verts

“S uite à nos discussions ce jour- là en municipalité, nous avons partagé les mêmes constats. Sauf que l’arrêté en question n’a pas été lu mot pour mot et on s’est aperçu, plus tard, qu’il dépassait lar- gement l’esprit des discussions qu’on avait eues. Il y a quelque chose qui n’a pas fonctionné ce jour-là. Le maire nous avait juste affirmé qu’on devait trouver un outil qui permette d’inter- venir plus fermement. Sur ce princi- pe, on était d’accord. Sauf que lors de cette réunion, on n’est pas allé jusqu’à la lecture et l’interprétation juridique du texte et on n’imaginait pas qu’il

prendrait ce caractère. C’est sans dou- te notre tort. Aujourd’hui, nous esti- mons qu’il fallait retirer ce texte dont la teneur est inappropriée et dispro- portionnée. On déplore que les poli- tiques sociales menées à Besançon n’arrivent pas à endiguer ces nou- veaux comportements liés à des addic- tions diverses. Nous demandons des accompagnements à long terme pour ces personnes fragiles et en parallèle, nous souhaitons que l’on nous démontre que sur le plan juridique, on n’a pas les outils pour agir. Ces deux volets doivent être réétudiés.” n

l Politique Le maire isolé Gauche unie :

la fin de l’histoire ? L’affaire de l’arrêté anti-mendicité sonnera-t-elle le glas de la gauche unie à Besançon ? Certains ne cachent pas leur désir de sécession, d’autres veulent encore croire à l’unité.

S igne des temps, c’est la droite qui par certains de ses repré- sentants, a apporté son plus franc soutien aumaire de Besan- çon. Ainsi Philippe Gonon (U.D.I.) qui dès le 16 août commente : “Nous récla- mions ce texte depuis des années. L’ar- senal juridique est aujourd’hui com- plet : encore faudra-t-il le faire appliquer. Car, comment accepter ces groupes bruyants, avinés et agressifs pour cer- tains, sur les lieux les plus visités de notre ville dès lors que l’on veut attirer les touristes ou que l’on veut simple- ment se promener en ville ou le long du Doubs à la Gare d’Eau avec ses enfants en toute quiétude ?” L’Union des com- merçants de Besançon a emboîté le pas, espérant que “cet arrêté sera bien appli- qué et qu’il ne restera pas qu’un buzz médiatique. En vigueur jusqu’au 30 sep- tembre puis du 23 novembre au 31 décembre, il permettra aux familles

vironnement et l’ire des militants E.E.L.V. qui ne décolèrent pas. “Il est clair que nous devrons avoir une dis- cussion au sein de cette majorité com- posite qui repose parfois sur des com- promis. Notre maintien dans cette équipe dépendra de l’issue de ces discussions. Notre départ pourrait être un gâchis avec tous les dossiers qu’on a contri- bué à faire avancer. Mais on va ana- lyser la situation dans les prochains jours” dit l’élue verte. L’adhésion précoce de Jean-Louis Fous- seret au mouvement EnMarche n’avait déjà pas eu l’heur de plaire à ses par- tenaires de gauche. La fermeté du maire vis-à-vis de cet arrêté munici- pal portera peut-être un coup fatal à cette majorité hétéroclite élue sur un programme commun en 2014. Pour elle, l’été 2018 sera peut-être un été meurtrier. n J.-F.H.

qui feront le déplacement au centre-vil- le de Besançon pour le marché de Noël de flâner et d’effectuer leurs achats de fin d’année paisiblement .” Côté Les Républicains, c’est silence radio de la part de leur leader bisontin Jacques Grosperrin, tandis qu’un des élus his- toriques de droite, Pascal Bonnet, se contente de partager sur les réseaux un dessin humoristique d’un Jean-Louis Fousseret caricaturé en train d’ordon- ner “En marche !” à un S.D.F.Assis sur un trottoir. C’est donc de la gauche que les saillies ont été les plus violentes. Elles lais- seront forcément des traces et les élus des autres partis de gauche, E.E.L.V. et communistes notamment doivent désormais composer entre leur sou- hait de continuer à participer à la gou- vernance de cette ville et les comptes qu’ils ont à rendre à leurs militants, de plus en plus hostiles à cette allian-

Le rassemblement prévu le 1 er septembre devait être une nouvelle occasion de crisper les relations entre élus et militants.

ce avec le maire désormais L.R.E.M. Pour le communiste Christophe Lime, “on n’en est pas encore à la rupture et je fais confiance à cette municipalité qui partage des valeurs d’humanisme depuis des dizaines d’années à Besan- çon. Je n’ose pas imaginer que des élus

de gauche ne remettent pas finalement en cause un tel arrêté. Il y aura forcé- ment un débat à la rentrée au sein de la majorité.” De son côté, Anne Vignot paraît écar- telée entre sa position d’adjointe à la tête de dossiers sensibles liés à l’en-

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