La Presse Bisontine 57 - Juillet-Août 2005

14 LE DOSSIER P OLICE

Ils patrouillent en civil

La brigade anti-criminalité de Besançon a pour mis- sion de prendre les auteurs d’un litige en flagrant délit. Les patrouilles scrutent tous les quartiers, attentives à tout ce qui se passe. La B.A.C. veille sur la ville La B.A.C. intervient au domicile d’un particulier rue Villarceau. On suppose un cambriolage.

M ercredi 15 juin. 21 heures. Commis- sariat central de Besançon. Jacques Monet, officier de police judiciaire nous accueille. La poignée de main est ferme. Le ton est avenant. Lui et son collègue Michel Val- net sont de service ce soir. Ces deux hommes habillés en civil font partie de la B.A.C. , la bri- gade anti-criminalité. Une uni- té de police un peu spéciale où ceux qui y entrent le font libre- ment. Tous sont volontaires. La moyenne d’âge y est de 34 ans. Pour l’instant, ils sont 17 à Besançon, dont une femme. À tour de rôle, en équipe, ils tra- quent tous les jours la délin- quance dans les moindres recoins de la ville de 16 heures à 5 heures du matin. Pas de signe distinctif, look passe-par- tout et voiture banalisée. La règle : être discret. “Notre mis- sion, c’est la recherche du fla- grant délit. On fait de l’inter- pellation, mais pas d’investigation. Dans 95% des cas, on est appelé pour des cam- briolages, des vols à la roulot- te, des vols avec violence” pré- cise Jacques Monet. Chaque nuit, une à deux voitures de la B.A.C. patrouillent en perma- nence. Nous partirons avec l’une d’elle. Ce mercredi, Besançon est cal- me. Pas d’appel précis à la radio posée sur le coin du bureau. Il faut dire que depuis les récents événements de Planoise où des véhicules ont été incendiés, l’activité policière est renfor- cée en ville et principalement dans ce quartier. À la deman- de du préfet, une vingtaine de C.R.S. sont en faction. Une pré- sence dissuasive qui freine sans

vention. Un coup d’œil sur le scorpion, emblème de la B.A.C. de Besançon, et c’est parti. Avant de rejoindre le parking où sont stationnés les véhicules de Police, l’officier nous montre les cellules de garde à vue. Le confort est sommaire, la pièce est exiguë, close, nauséabon- de, et pourtant une nuit pas- sée ici n’empêche pas la réci- dive. La patrouille commence par sillonner le centre-ville. Dans la voiture, la discussion dérive sur quelques constats tirés du quotidien. “S’il n’y avait d’alcool, je pense qu’on dimi- nuerait le nombre de litiges d’au moins 50%.” L’ivresse fait des dégâts. Le trafic de stupé- fiants semble lui aussi en pro- gression. Le cannabis surtout. La patrouille est en bas du quartier Battant quand l’ap- pel tombe. Le central signal une anomalie dans une mai- son avenue Villarceau. Peut- être un vol par effraction. Le chauffeur accélère. Il faut se rendre le plus vite possible sur les lieux pour tenter de prendre les auteurs en flagrant délit. Sur place, une alarme hurle. Un deuxième véhicule de la B.A.C. se présente avec trois hommes à bord. Ils ont enten- du l’appel. Les hommes se dis- persent, s’infiltrent, pénètrent dans lamaison. Puis rien. Faus- se alerte liée à une négligen- ce du propriétaire. La patrouille reprend sa rou- te direction Planoise. Le quar- tier est calme. Quelques groupes de jeunes sont dans les rues. Les policiers s’arrê-

doute les ardeurs des délin- quants. Au bureau de l’avenue de la Gare d’Eau, les deux hommes en profitent pour parler de leur métier. De ce quotidien dans lequel “il faut aimer le contact et le terrain” souligne Michel Valnet. Personne n’ignore non plus les risques potentiels. Les situations de conflits sont per- manentes. “Il faut savoir s’im- poser, rester calme. À la B.A.C., il faut bien connaître sa délin- quance, car elle nous connaît bien aussi.” Si ces hommes admettent être craints lorsqu’ils sont en patrouille, ils reconnaissent aussi que de plus en plus de jeunes individus “n’ont plus peur de nous. Quand à 15 ans on n’amême pas peur d’un poli- cier, ça pose question.” Pour autant, il n’existe pas à Besançon de zone de non droit où “nous n’intervenons pas. Parfois, il faut être vigilant. Par exemple, il y a un an dans le quartier de Clairs-Soleils, on nous jetait des pierres à cha- cune de nos arrivées. Pour les auteurs, c’est un jeu” raconte Jacques Monet. Un jeu de pro- vocation. De gendarme et de voleur. Pas vu pas pris. 22 heures. Il est temps de par- tir en patrouille et de vérifier sur le terrain cette apparente tranquillité de la ville. Les poli- ciers s’équipent. Pas question de sortir sans le gilet pare- bal- le. Cette protection pèse 1,5 kilo. “Ensuite, on prend le ton- fa, un bâton de défense. On a à la ceinture un revolver 6 coups, le Manurhin, calibre 38. Il sera bientôt remplacé par une arme automatique.” Le flash-ball est aussi du voyage. Le brassard “police” est glissé dans la poche arrière, il sera sorti en inter-

tent, engagent une discussion sommaire et repartent. Ici, les patrouilles de la B.A.C. sont connues. Ces hommes visitent tous les secteurs de la ville. Plus tard, ils passeront à la Butte, Palente, Saint-Claude et les portes de la forêt de Chailluz. R.A.S. sur l’ensemble du parcours. Il est 2 heures, la patrouille rentre avenue de la Gare de d’Eau, le temps d’un café, avant de repartir. Sa liber- té d’action est totale. Elle se déplace où bon lui semble. O T.C.

Ronde parking Marulaz, un site coutumier aux vols.

“La vie est douce à Besançon”

En 2004, la brigade anti-criminalité de Besançon a interpellé 650 personnes dont 525 ont été placées en garde à vue. Les motifs sont divers. Notamment, 150 d’entre elles ont été arrêtées pour détention de stupéfiants, 60 pour le vol de véhicules, 80 pour des dégradations gratuites, et 220 pour des délits commis sur la voie publique. Didier Perroudon, directeur de la sécurité publique remarque que “sur les cinq premiers mois de l’année la délinquance a dimi- nué de 9% par rapport à 2004. Sur la zone police, cela correspond à un plus de 400 crimes et délits en moins.” Entre 10 000 et 11 000 faits sont enregistrés en moyenne par la police. “Le taux d’éluci- dation des affaires est de plus d’un fait sur trois. Ce qui est supé- rieur à la moyenne nationale.” Malgré les récents événements de Planoise qui sont assimilables à des “phénomènes inhabituels” , “la vie est douce à Besançon” au regard des statistiques. Pourtant, selon Didier Perroudon, le sentiment d’insécurité reste ancré dans l’opinion publique. “Il y a un grand décalage entre le sentiment d’insécurité et la réalité de la délinquance. Ça ne veut pas dire qu’il faille baisser la garde.”

Constatations effectuées à l’endroit d’une supposée effraction.

Vérification de routine, quartier Pesty.

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