La Presse Bisontine 57 - Juillet-Août 2005

18 LE DOSSIER

S ÉCURITÉ 700 à 800 interventions sur alarme par mois “C’est la nuit que nous avons le plus de travail” À la station centrale de télésurveillance de Cyclop Sécurité, on reçoit toute la nuit les informations en provenance des systèmes de sécurité installés dans des entreprises ou chez des particuliers.

U ne alarme sourde. Sur l’écran en face de Franck, opérateur de station centrale, la consigne s’affiche. Un système de surveillance a détecté une intrusion dans un bâtiment. “Là apparaît la pro- cédure à suivre qui consiste à appeler des responsables dési- gnés en cas d’alerte avant d’en- voyer une équipe d’interven- tion sur place si nécessaire” , explique l’opérateur en dési- gnant du doigt les lignes affi- chées en rouge vif sur l’ordi- nateur. Pour cette fois, fausse alerte. Une employée est revenue cher- cher ses clefs sans se soucier de l’alarme. “Les erreurs de manipulation commises par nos clients sur leur système d’alar- me génèrent la majeure partie des fausses alertes que nous avons à traiter. La difficulté, c’est de ne pas se laisser prendre par la routine. Il faut rester vigi-

me tous les agents d’inter- vention Cyclop, il est doté d’un système P.T.I.G. (Protection du Travailleur Isolé Géoloca- lisable) permettant de faire

deux semaines de jour. “C’est la nuit que nous avons le plus de travail, et le plus de contact avec les forces de l’ordre. Même si ce n’est pas régulier. Pen-

lant à toutmoment car aumilieu de tout cela, il peut y avoir de réels problèmes de sécurité” , commenteDavidSergent, P.D.G. de Cyclop Sécurité. Cette entreprise privée de sécu- rité gère toutes les informa- tions en provenance des sys- tèmes d’alarmes de professionnels et de particu- liers. Elle compte aujourd’hui près de 6 000 clients basés principalement en Franche- Comté, mais aussi dans tou- te la France. Dans la centrale de télésur- veillance, une pièce ultra-sécu- risée, trois opérateurs reçoi- vent 24 heures/24 les informations transmises par les systèmes d’alarme en fonc- tion des consignes de sécuri- té établies avec le client. Ils jugent et décident de la condui- te d’une intervention qu’elle soit téléphonique ou physique. Franck y travaille depuis deux ans, deux semaines de nuit,

appel à la station en cas de besoin d’aide. “Arrivés sur le site, si nous constatons la pré- sence d’intrus ou de signes de tentatives d’effraction, nous informons la station qui engage alors la procédure aux desti- nataires d’alerte (pro- priétaires, forces de l’ordre, etc. ). En ce qui concerne l’inter-

dant une heure, aucu- ne alerte, nous n’avons rien à traiter et puis, cela arrive en casca- de, surtout après un orage par exemple, ou pendant les périodes de vacances, plus sen- sibles aux cambrio- lages” explique-t-il. À l’extérieur du bâti- ment, Christophe, agent d’intervention Cyclop attend à bord

“Si c’est rare que ça tourne mal, je n’y vais jamais serein.”

La télésurveillance, une activité essentiellement nocturne.

culté. Un quart d’heure plus tard, l’agent est de retour. Là encore fausse alerte. “Un res- ponsable était en train de fai- re une démonstration avec l’ap- pareil. Preuve que cela marche et que nous sommes efficaces et rapides !” , s’amuse-t-il. Chris- tophe, lui, part pour sa ronde nocturne durant laquelle il effectuera un certain nombre de tâches prévues parmi les- quelles la fermeture de bureaux. O

ça tourne mal, je n’y vais jamais serein. Parce qu’on ne sait pas ce qu’il peut y avoir sur le site. On s’attend à tout, cela évite les mauvaises surprises” , reprend Christophe. Un peu plus loin, son collègue reçoit un appel de la station. Un employé d’une grande socié- té, équipé d’un téléphone por- table amélioré permettant d’en- voyer une alarme dès qu’il se retrouve en position horizon- tale - en cas de malaise ou d’agression - serait en diffi-

de sa voiture blanche identi- fiable par le logo de l’entre- prise apposé sur le capot, un œil jaune et bleu. Prêt à par- tir si la centrale de télésur- veillance lui commande une intervention sur alarme. Quand il part en mission, il est seul dans sa voiture. Com-

venant, il doit rester sur pla- ce jusqu’à l’arrivée des per- sonnes ou des services qui ont été appelés” explique-t-il. Sur les 700 à 800 interven- tions par mois, une cinquan- taine à peine correspond à des tentatives de vols effectives. “Et même si c’est très rare que

A GRO - ALIMENTAIRE 30 000 petits pains par nuit “Dans l’industrie, il y a un vrai confort. Les heures sont régulières” Boulangerie industrielle, la Comtoise des pains fournit tous les jours en pain frais les cantines des collectivités locales de la région. Pour les employés, l’in- dustrie est le garant de meilleures conditions de travail.

C harlotte blanche sur la tête, l’homme sort un grand chariot. Puis en attrape un autre, rempli de petites boules de pâte blanche et le place avec diffi- culté dans le grand four. Il fait chaud, et l’air frais de la nuit qui passe par la grande porte ouverte n’y change rien. Ici, à la Comtoise des pains, la bou- langerie industrielle de Che- maudin, 30 000 petits pains, 8 000 baguettes sortent chaque nuit des fours. À quoi s’ajou- tent les pâtisseries, viennoi- series et autres pains spéciaux. Demain matin, ils seront ser- vis dans les cantines scolaires - près de la moitié de la pro- duction -, les selfs de l’hôpital, de l’armée, d’entreprises… ou dans des hypermarchés. “Pâtisserie et viennoiserie sont faites pendant la journée, le premier boulanger arrive à 17 heures le soir, ceux qui s’oc- cupent du pétrissage de la pâte à 19 heures, de la cuisson à 22 heures Et les camions par-

en plus stricte, “qui nous empêche d’engager des appren- tis avant 5 heures du matin, ce qui n’est pas compatible avec la boulangerie.” Près des fours tournants, le chef boulanger s’approche de lui. On parle météo. “Un élé- ment fondamental dans notre métier. Suivant s’il fait plus ou moins chaud ou humide, la cuisson diffère. On peut croire que c’est facile, le pain, mais il n’en est rien” , reprend le chef. Les pains spéciaux, placés sur un tapis roulant, sortent pro- gressivement du four central. Dehors, sur la plate-forme d’em- barquement, les caisses de pain sont encore rares. Le mardi est un jour calme, la plupart des cantines scolaires sont fermées. “Mais un jour normal, en fin de nuit avant que les camions ne partent, il n’est pas rare que toute la place soit encombrée par des paniers de pains en attente de livraison” , affirme le directeur, un brin fier. O S.D.

Pendant 19 ans, il a dirigé sa propre boulangerie artisana- le.Avant de devoir arrêter “pour des raisons personnelles” puis d’enchaîner les remplacements. Les heures, avant, il les enchaî- nait sans compter, “même s’il y avait des apprentis pour m’ai- der.” Alors pour lui, “ici, il y a un vrai confort. Les heures sont régulières. 35 heures” , explique le boulanger. voiture ni de nounou” pour l’un d’eux. Même si pour le direc- teur, la réalité est peut-être plus nuancée. “Quand on a fait passer les pâtissiers de travail de nuit au jour, il y a eu des protestations importantes. Maintenant, ils ne veulent plus changer, préfèrent rester avec des horaires de journée” , affir- me celui-ci qui en même temps regrette la législation de plus Tous parlent des avantages du tra- vail de nuit, “le salaire plus inté- ressant et puis ni besoin de seconde

tent entre 2 et 7 heures. En fait, on ne ferme jamais” , énumère de tête le directeur, Arnaud Bovigny. Après avoir passé plu- sieurs années dans l’artisanat, il a choisi l’industrie parce que “je voulais savoir ce qu’ils (les industriels) avaient de plus. On peut vraiment faire aussi bien que le petit boulanger. C’est juste une autre façon de

travailler et la taille des fours qui chan- ge.” Comme lui, la plu- part de l’équipe - une petite dizaine de bou- langers - est passée

“C’est juste une autre façon de travailler.”

par la boulangerie tradition- nelle.Avant de choisir une autre voie, souvent par usure. “Je ne voulais plus du tout travailler dans l’artisanat, reconnaît Ben- jamin, qui a rejoint la Com- toise il y a à peine 6 mois. J’en avais marre de ne pas avoir de week-end, ni de jours de congé. Quand tu travailles 6 jours sur 7, c’est pas évident.” Un constat que partage François.

Un des boulangers strie les pains spéciaux - campagne, seigle, lardons… - avant de les enfourner. Une manière de les reconnaître après cuisson grâce à leur dessin.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online