La Presse Bisontine 57 - Juillet-Août 2005

BESANÇON

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É CONOMIE Pôles de compétitivité

Besançon défend ses chances jusqu’au bout C’est avant la fin du mois de juillet qu’on saura si le gouvernement retient ou non Besançon en tant que “pôle de compétitivité” national pour son savoir-faire en microtechniques. D’après les informations recueillies par La Presse Bisontine, le dossier bisontin ne comporterait pas tous les critères pour être retenu dans un premier temps. Explications.

D ans les couloirs du ministère de l’Industrie, on ne s’avance pas trop. Langage “diploma- tique” oblige, on commente juste que l’on “ne s’attendait pas à avoir autant de bons dossiers.” 105 au total, dont unemoitié qui “pourrait avoir la dimen- sion de pôle de compétitivité.” Mais sur cette cinquantaine restante, tous bien sûr ne seront pas élus. “5, 10 ou 15” tout au plus selon François Buf- feteau, conseiller technique au cabi- net duministre François Loos et coor- dinateur national du dossier au ministère de l’Industrie. Aux dernières nouvelles et selon un de ses proches collaborateurs, “le ministre de l’Industrie” aurait été “un peu réservé” sur le cas bisontin. Seu- lement, il s’agissait alors de Patrick Devedjian, ministre de l’Industrie avant l’installation du nouveau gou- vernement De Villepin. Depuis que François Loos lui a succédé, les infor-

mations sont plutôt floues. On sait seulement que, malgré le changement de gouvernement, le calendrier doit être respecté. “Le comité interminis- tériel qui se prononcera doit toujours se réunir durant la première quin- zaine de juillet” annonce le cabinet ministériel. À Besançon, on est plus que jamais motivé et on y croit encore dur com-

a montré que la Franche-Comté était capable de faire preuve d’une véritable dynamique collective entre le monde de l’entreprise, de la recherche et de la formation. Nous sommes très opti- mistes.” Cet optimisme est plus mesuré si l’on se réfère à l’entretien que le ministre Devedjian avait accordé à une délé- gation bisontine le 23 mai dernier.

Le centre névralgique du futur (?) pôle des microtechniques franc- comtois se situe sur la zone Témis. Notamment dans la future mai- son des microtechniques (arrière-plan), bientôt inaugurée.

Selon nos sources, Patrick Devedjian aurait à plusieurs reprises tenté de convaincre cette délé- gation composée d’élus et d’industriels locaux

me fer. Présent aux journées européennes de la création d’entre- prise au C.F.A.I. de Besançon les 10 et 11 juin derniers, Gérard Fleury, un des fers de

Le dossier bisontin présenterait certaines carences.

les congés estivaux. Une chose est cer- taine : si Besançon n’est pas retenu parmi les pôles de compétitivité fran- çais, cette démarche aura eu le grand mérite de rapprocher les mondes de l’entreprise de ceux de la formation et de la recherche. “En quelques mois seulement, nous avons plus avancé qu’en plusieurs années auparavant” reconnaît Gérard Fleury. O J.-F.H.

grands pôles de la microtechnique” , comme Grenoble par exemple. En clair, le pôle microtechniques franc- comtois manquerait de visibilité. Pré- sent à ce rendez-vous parisien, le res- ponsable du développement technologique à l’A.D.E.D. (agence de développement économique duDoubs) pense malgré tout que “le dossier a reçu une appréciation très favorable.” La réponse définitive doit tomber avant

d’accepter le principe que Besançon ne soit pas immédiatement retenu comme pôle de compétitivité. Le dos- sier bisontin présenterait certaines carences, notamment “l’absence de grands groupes industriels sur son territoire et de liens avec les autres

lance du dossier bisontin, se dit déter- miné. Selon le président du comité des microtechniques de Franche-Com- té (par ailleurs président de la socié- té bisontine Imasonic), “nous avons des échos très favorables sur la qua- lité de notre dossier. Je crois que l’on

G RAND ANGLE Le projet Minalogic Grenoble a une longueur d’avance

Pôles de compétitivité, pôles d’excellence 105 dossiers déposés en France

Sérieux candidat au projet national “pôle de compétitivité”, la région de Grenoble dispo- se d’atouts remarquables, notamment la pré- sence de grands groupes industriels, moteurs du projet. Ce dont Besançon ne peut pas enco- re se prévaloir.

B esançon est loin d’être le seul postulant au sta- tut de pôle de compé- titivité, assorti au total d’aides publiques à hauteur de 750 millions d’euros sous forme d’accompagnement finan- cier de l’État et autres exo- nérations de taxes. Cette manne sera partagée entre les quelques pôles retenus, certainement entre 10 et 15 en France. 105 “régions” fran- çaises ont répondu à l’appel à projet lancé par l’État. Par- mi quelques favoris à “l’élec- tion”, on peut citer Toulouse pour l’aéronautique ou enco- re Grenoble pour la micro- électronique. Leministère de l’Industrie confie qu’il “ne s’attendait pas à recevoir autant de dossiers. Certains faisaient 40 pages, d’autres 2 000. Mais la plupart d’entre eux sont excellents.” Ces 105 dossiers ont été examinés par un groupe interministé- riel qui a remis ses appré- ciations finmai. Ils ont ensui- te été transmis à “un groupe de personnalités qualifiées

de 20 membres, présidé par Anne Dutilleul” , responsable d’un groupe industriel fran- çais. Cette dernière n’a pas souhaité se prononcer sur les chances de Besançon. Il restera ensuite aux ministres concernés de se prononcer sur l’opportunité de retenir tel ou tel pôle. Face au véri- table afflux de dossiers, les autorités ont décidé de créer une deuxième catégorie à destination des sites qui ne seraient pas retenus comme pôle de compétitivité mais qui néanmoins ne déméri- tent pas : les pôles d’excel- lence. En revanche, le minis- tère de l’Industrie reconnaît que “c’est encore l’inconnue la plus complète concernant les aides qui seront attribuées aux pôles d’excellence.” En même temps, il assure qu’ils ne seront “pas des sous-pôles et qu’ils auront ensuite voca- tion à devenir un jour des pôles de compétitivité.” À quelques jours des décisions ministérielles, tout cela paraît étonnamment flou. O

M inalogic. Derrière ce vocable créé pour répondre à l’appel à pro- jets de l’État se cache une puis- sance industrielle et de recherche impressionnante. Minalogic pour MIcro NAnotechnologies et LOgi- ciel Grenoble-Isère Compétitivi- té. À Grenoble, on voit grand. Si

trie. “Comme partout ailleurs, nous avons la farine, le lait et les œufs. Seulement, ça fait un long moment que nous mélangeons ces ingrédients” résume de façon ima- gée Véronique Charreyron, du C.E.A., implanté en 1956 à Gre- noble. Ce n’est certainement pas un hasard si Nicolas Sarkozy,

alors ministre de l’Économie, a choi- si Grenoble pour annoncer ce fameux appel à candidatures “pôles de compétitivité”. L’ex-ministre Patrick Devedjian confiait en avril

bien que le dossier de can- didature a été déposé offi- ciellement par le puis- sant groupe Schneider Electric, basé en Isère. La différence avec le dos- sier de candidature bison- tin réside certainement sur ce point. Là où la Franche-Comté n’a pas

“Grenoble répond à l’essentiel des

critères de sélection.”

Selon le Bisontin Gérard Fleury, Grenoble doit être perçu comme un “partenaire complémentaire.”

dernier que “Grenoble répondait d’emblée à l’essentiel des critères de sélection : visibilité interna- tionale, concentration de la recherche, partenariats multiples.” Faut-il voir pour autant Gre- noble, candidat redoutable, com- me un concurrent frontal de Besançon dans le domaine de la microtechnique ? “Non, répond M me Charreyron. Nous travaillons en réseau et notre plate-forme est bien sûr ouverte à toute sorte de

de véritable entreprise mondia- lement reconnue et pourvoyeu- se de centaines d’emplois dans les microtechniques, Grenoble aligne des références de taille : Schneider donc, mais aussi STMi- croelctronics, Thalès, Friscaal (ex-Motorola et Philips), Capge- mini, et bien d’autres. Autre dif- férence marquante de Grenoble par rapport à Besançon : les liens anciens engagés entre les pôles recherche, formation et indus-

collaborations.” Un sentiment que partage Gérard Fleury, du comité des microtechniques de Franche-Comté. “Grenoble est un partenaire complémentaire, ce n’est pas un concurrent de Besan- çon, pense-t-il. L’intelligence élec- tronique développée par Grenoble doit forcément être imprimée dans de la matière. C’est là qu’inter- vient le champ de compétences de la Franche-Comté. Je pense qu’il y a une réelle opportunité

de faire émerger en France, un pôle de micro-nano-mécanique, visible en France et dans le Mon- de. C’est à cela qu’on travaille.” Il reconnaît tout de même qu’à l’avenir, pour que la Franche- Comté ait cette fameuse visibi- lité mondiale, il sera “nécessai- re de renforcer l’association avec des pôles comme Neuchâtel, Lau- sanne et naturellement Gre- noble.” O J.-F.H.

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