La Presse Pontissalienne 245 - Mars 2020

LE PORTRAIT

39 La Presse Pontissalienne n°245 - Mars 2020

RÉCOMPENSE

C’était une “Merlinette”

Légion d’honneur pour la Saugette d’origine Originaire de Gilley, Antoinette Faivre qui file sur ses 96 ans, a été une des premières femmes enrôlées dans l’armée française, “sans armes mais pas sans larmes.” Elle a reçu la Légion d’honneur mi-février pour ces faits de guerre

L e 14 février dernier,Antoi- nette Faivre (dans l’armée, les femmes gardent toute leur vie leur nomde jeune fille) a été décorée de la Légion d’honneur des mains du général Frédéric Blanchon, commandant de la 1 ère division. Dans les somp- tueux salons de l’Hôtel de Clé- vans, rue Lecourbe, l’émotion et l’admiration étaient palpables. Le général a salué “le courage et le dévouement” de ses femmes soldats.Antoinette, “cette grande dame” , a tenu à recevoir sa médaille debout malgré la fatigue, comme un vaillant sol- dat. Madame Faivre a été nommée au grade de chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur en présence des membres de sa famille (dont son arrière-arrière- petit-fils Antoine, 5 ans, né en août comme elle presque jour pour jour mais 90 ans plus tard), les femmes de l’associa tion des Merlinettes qui entre- tiennent la mémoire de ces der- nières et les membres de l’As- sociation de Retraités Militaires du Doubs (A.R.M. 25). Dans son discours qui retrace la “formidable carrière sous les dra- peaux” de Madame Faivre, le

ces premières femmes soldats. “Âgée de 19 ans à peine, raconte Antoinette, je me suis engagée et je suis partie en formation de télétypiste et radio-télégraphiste à Alger où j’ai appris le morse pour envoyer et recevoir des mes- sages codés. J’ai été affectée à la compagnie de transmissions 807/1 comme opératrice de 1 ère classe au P.C. du général Juin. On était une cinquantaine de filles. Mon nom de guerre était “Blondie”. En novembre 1943, j’ai été embarquée pour la tra- versée Alger-Naples où nous avons débarqué le 1 er décembre 1943” continue-elle avec une mémoire intacte plus de 75 ans après les faits. Elles sont 377 femmes à intégrer le corps expé- ditionnaire français en Italie. Commence alors un long périple à travers l’Italie en pleine guerre. Les C.F.T. débarquent à Naples puis elles progressent avec les forces françaises du général Juin. “Les bivouacs sous la tente en plein hiver et le repas de réveillon aux “beans” américains (des hari- cots !)” Les combats sur le Monte Cas- sino font rage et les avions U.S. bombardent le P.C. français par défaut de liaison Sol-Air. “On est

chef d’escadron, Bernard Noël, président de l’A.R.M. 25 souligne “le courage de ces femmes qui ont découvert la fatigue, la peur, le danger et même la mort pour certaines, tout comme leurs cama- rades masculins.” En juin 1940, lors de l’invasion allemande, la famille Faivre quitte le Saugeais occupé et se réfugie dans la Loire en zone libre mais les enfants seront envoyés à Tunis chez un oncle qui est militaire là-bas pour échapper à l’étau de l’occupation nazie qui se resserre. En 1942, Antoinette se trouve donc en Tunisie lorsqu’une une grande campagne est lancée par le général Lucien Merlin qui

Antoinette Faivre, fière de sa médaille.

franchit le Rhin le 30mars 1945. Ce sont “mes premiers pas en Allemagne” qui continueront en Forêt noire avec de nombreux combats très éprouvants contre les nazis avant d’atteindre le lac de Constance pour finir à Lindau le 8 mai 1945 avec des “beans” pour fêter la victoire. Antoinette est démobilisée le 10 septembre 1946 et retrouve son fiancé LéonMerlot rencontré en octobre à Montbéliard. Ils se marient le 14 juin 1945. Antoinette Faivre avait été citée à l’Ordre duRégiment le 29mars 1946 par le général Koenig, elle avait reçu la croix de guerre 39- 45 avec L’Étoile de bronze, la médaille militaire en 1946 et la Croix du Combattant volontaire. Avec cette nouvelle décoration, un certain oubli de l’histoire des “Merlinettes” est un peu réparé et Blondie peut en être “fière.” n B.C.

e Ensuite les troupes franchissent le fleuve Garigliano pour repren- dre la progression vers Rome et atteindre la ville de Sienne. “Dans cette ville reconquise, nous participerons au défilé du 14 juil- let 1944” se souvient Antoinette. “Ensuite, nous sommes redescen- dus dans le sud de l’Italie, en passant par Naples avec un bivouac dans les cendres suite à l’éruption du Vésuve.” Arrivée à Tarente, Blondie reçoit un témoi- gnage de satisfaction du général Juin daté du 22 juillet 1944. Le 16 août 1944, elle embarque à nouveau pour rejoindre Saint- Tropez et participer au débar- quement de Provence (l’opération Dragoon avec 37 000 hommes et 5 860 véhicules). “Les plages sont minées et ça pète de temps à autre” dit-elle. “On remonte terrorisées, on se jette à plat ventre par terre et on prie” se rappelle Antoinette.

Tout change Elle arrive enfin à Besançon en septembre où elle retrouve ses parents, avenue de Chardonnet. “Je ne les avais pas revus depuis quatre ans. Imaginez l’émo- tion !…” Le Q.G. s’installe à l’uni- versité et le P.C. du général dans l’Hôtel de Clévans.Mais elle doit repartir. “À Montbéliard, on s’installe au château !” À Grand-Charmont, “le cantonnement est pourri et glacial, je m’en souviens encore.” Durant la bataille des Vosges d’octobre 1944 à février 1945 et les combats de la trouée de Bel- fort et Mulhouse, “l’hiver a été terrible et m’a profondément mar- quée. À Colmar, les combats ont été très durs.” Ensuite,Strasbourg libéré depuis novembre 1944 par le général Leclerc, puis le pont de Kehl (encore intact) où on dans nos Dodge, c’est reparti… pour la campagne de France, de la Provence à Strasbourg.”

commandait les transmissions en Afrique du Nord. Jusqu’alors, les femmes étaient plutôt dans le domaine sanitaire, infirmières ou ambulancières, ou encore secrétaires. Le général Merlin a créé le Corps Féminin deTrans- mission (C.F.T.) d’où le surnom de

Avec cette nouvelle décoration, un certain oubli est réparé.

BULLETIN D’ABONNEMENT Bulletin à remplir et à retourner accompagné de votre règlement à l’adresse suivante: LA PRESSE PONTISSALIENNE B.P 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX 1 an (12 numéros) = 30,80€ au lieu de 33,60€ soit 1 numéro gratuit 2 ans (24 numéros) = 5 > , > 0€ au lieu de 67,20€ soit 3 numéros gratuits Nom ................................................................ Prénom ........................................................... N°/Rue ........................................................... Code ......................... Ville ................................ Email .............................................................. En application de l’article 27 de la loi du 6 janvier 1978, les informations ci-dessus sont indispensables au traitement de votre commande et sont communiquées aux destinataires la traitant. Elles peuvent donner lieu à l’exercise du droit d’accès et de rectification auprès de La Presse Pontissalienne. Vous pouvez vous opposer à ce que vos nom et adresse soient cédés ultérieurement. Tarifs étrangers et DOM TOM : nous consulter.

Recevez chez vous la Presse Pontissalienne Abonnez-vous à un tarif préférentiel.

au lieu de 33,60€ 1 numéro GRATUIT au lieu de 67,20€ 3 numéros GRATUITS

30 €80 les 12 numéros ;> €80 les 8: numéros

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker