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GRAND ANGLE _ LA VALLÉE DE LA CREUSE 30

TROIS ESTHÈTES EN VALLÉE DE LA CREUSE Ils en sont originaires ou l’ont découverte. Tous les trois y vivent, amoureux de cette région, de son histoire et de son art de vivre. Leur témoignage vaut tous les guides de voyage ! R E N C O N T R E S

CHRI STOPHE RAMEI X LE TRIOMPHE DU PAYSAGI SME

Habitant de La Celle-Dunoise, l’historien de l’art a révélé l’im- portance de l’École de Crozant dans la peinture de plein air. «Je passais mes vacances d’été, enfant, à La Celle-Dunoise, dit-il. J’ai été clerc de commissaire-priseur puis marchand, à Tours puis à Paris, et j’ai vu passer beaucoup de tableaux de la Creuse: je reconnaissais les paysages de mon enfance. Je trouvais ça étrange que personne ne parle de ces tableaux, certains légendés château cathare ou moulin de l’Aven en Bretagne! Cela a attisé ma curiosité et j’ai découvert l’ampleur artistique de la vallée de la Creuse : des centaines d’artistes ont fait le déplacement ici rien que pour des raisons picturales. Si, dès les années 1830, des peintres comme Théodore Rousseau ou les frères Dupré s’intéressèrent déjà à la vallée, c’est George Sand qui va en être l’ambassadrice, à Gargilesse, auprès du monde artistique. L’endroit était facile d’accès grâce à la ligne de chemin de fer Paris-Limoges, arrêt Saint-Sébastien ou Argenton-sur- Creuse. À l’époque, fin xix e siècle, la vallée de la Creuse est un site pittoresque très renommé à Paris, bien plus connu qu’aujourd’hui. C’était injuste que cette École ait été oubliée…» Injustice réparée grâce à Chris- tophe Rameix! Il est l’auteur de deux ouvrages de référence sur le sujet : L’École de Crozant (éd. Souny), 45 €, et Impressionnisme et postimpressionnisme dans la vallée de la Creuse (éd. La Simarre), 25 €.

Philippe Roy - Détours en France x 2

BERNADETTE BLONDEAU LE CHÂTE AU D’UNE V IE

Dominant la Petite Creuse, le château de Boussac, où George Sand découvrit la fameuse tapisserie de la Dame à la licorne, a été restauré avec passion par Bernadette et Lucien Blondeau. Détruit par les Anglais lors de la guerre de Cent Ans, l’édifice a été reconstruit au début du xv e siècle par le seigneur de Boussac, Jean de Brosse, puis remanié les siècles suivants. C’est une ruine lorsque Bernadette et Lucien Blondeau s’en entichent en 1965. Depuis 50 ans, elle consacre sa vie à la restauration et à l’entretien du château, qu’elle a découvert quasiment en lambeaux après avoir servi de caserne, sous-préfecture, gendarmerie… «Plus de porte, ni de fenêtre, le plancher qui s’effondrait, l’eau à travers les toits…Mais on a voulu y habiter tout de suite, lui redonner vie, l’ouvrir très vite au public.» C’est l’œuvre de sa vie. Il faut la voir, les yeux pétillants, traverser à toute allure la trentaine de vastes pièces du château, décrire avec précision les cheminées monu- mentales armoriées, remettre en place un tableau ou un vase. Au premier étage, elle s’arrête dans une petite pièce avec vue sur la Petite Creuse. «C’est la chambre de George Sand. Je l’aime beaucoup, George Sand. Je lui parle, quelquefois!» , sourit-elle. L’ombre de l’écrivain plane dans tout le château, où elle fit de nombreux séjours, notamment durant la guerre de 1870. Surtout, c’est elle qui y découvrit les tapisseries de la Dame à la licorne, mondialement célèbres aujourd’hui. Elle alerta Prosper Mérimée de l’état pitoyable de ce chef-d’œuvre du xv e siècle. «La tenture servait de couverture aux chevaux!» , raconte Bernadette Blondeau. Aujourd’hui, on y trouve une copie, l’ensemble de la tapisserie étant exposé au musée de Cluny à Paris. Mais, consolation, on y admire des œuvres originales de Jean Lurçat ou de DomRobert. Bernadette Blondeau se dit satisfaite : « Je sais que, là-haut, plus tard, on parlera de moi pour Boussac et que je rentrerai à mon tour dans l’histoire du château».

Le bourg, 23600 Boussac. 05 55 65 07 62. Ouvert toute l’année.

numēro 190 / avril 2016 / www.detoursenfrance.fr

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