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CAHIER CONNAISSANCE L ' É P O P É E D E S M A Ç O N S D E L A C R E U S E

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JacquesBoyer /Roger-Violletx3

Lux-in-Fine/Leemage

LAPI /Roger-Viollet

le congrès des cheminots du Sud-Ouest. Limoges (Haute-Vienne), septembre 1945.

Construire une maison requiert une somme de savoir-faire. De gauche à droite : un charpentier apporte ses poutres sur le chantier et un artisan prépare des lattes de parquet.

LES LUTTES SOCIALES Les maçons, qui travaillent plus de 300 heures dans le mois, décidèrent d’apprendre à lire, écrire, compter via des cours du soir. Nombre d’entre eux imposeront le respect en perçant dans le secteur du bâtiment et en exerçant des postes à haute responsabilité. Ils participèrent également amplement aux luttes politiques et sociales. Quelques maçons prirent part aux Journées de juillet en 1830. Ils se firent plus actifs à Paris lors de la Révolution de 1848 (711 Creusois sont déportés en Algérie) et surtout en 1871, durant la Commune de Paris, à laquelle participèrent plus de 1500 Creusois. La Creuse est alors le troisième département français pour le nombre d’insurgés jugés et déportés : 953 sont poursuivis pour leur participation aux émeutes et souvent déportés en Nouvelle-Calédonie. Les ouvriers joueront un rôle important dans le développement des idées socialistes et du syndicalisme, en soutenant activement les revendications et les grèves ouvrières. Ce n’est pas un hasard si c’est à Limoges que naît la Confédération générale du travail (la CGT) en 1895. LE SAVIEZ-VOUS? Pas de casques de protection à l’époque ! Sur les chantiers, les maçons creusois étaient coiffés d’une casquette ou d’un simple chapeau les protégeant de la poussière. Du fait de leur blouse blanche et de leur migration saisonnière, les maçons de la Creuse étaient surnommés les «hirondelles blanches».

Lux-in-Fine/Leemage

De gauche à droite et de haut en bas, les paquets de lattes de bois sont liés pour être transportés, les bois sont triés selon leur calibre, la construction d’une maison en 1900.

LES MÉTIERS «Maçons de la Creuse» est un terme générique qui englobe une quantité d’ouvriers du bâtiment : terrassier, maçon, tailleur de pierre, charpentier, plâtrier, tuilier, couvreur, peintre, scieur de long, paveur… Ce milieu est très hiérarchisé et strict. Dans la maçonnerie, l’entrepreneur est aussi appelé maître maçon ; le maître compagnon est chargé de la réception des matériaux et de la gestion des ouvriers et du chantier. Plus bas dans la hiérarchie, le compagnon maçon édifie les ouvrages en plâtre et le « limousin», les ouvrages en mortier. Le manœuvre est chargé des plus basses tâches ; le «goujat », ou «garçon», est l’apprenti. Dans la taille de la pierre, l’appareilleur trace les formes des coupes de pierre. Viennent ensuite les scieurs de pierre dure ou tendre, le tailleur de pierre et le poseur. «L’apprentissage se faisait sur le tas» , explique Roland Nicoux.

numēro 190 / avril 2016 / www.detoursenfrance.fr

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