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En juin, près du pont Saint-Étienne (photos de gauche et de droite) et sur les bords de Vienne, la Fête des Ponts est la plus populaire des fêtes de Limoges. Elle attire chaque plusieurs milliers d’habitants. Comme à la belle époque !

quartier. Nombre de femmes, elles, sont lavan- dières : jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, elles travaillent sur les bords de la Vienne, abattent le lingedes « bourgeois »de lavillehaute, agenouil- lées sur leur « bachou ». Résultat : lesPonticaudsont une vraie conscience ouvrière, selon Jean-Pierre Cavaillé : « L’Université populaire, créée dans le quartier en 1901, était un haut lieu de la culture ouvrière. Les Ponticauds ont d’ailleurs largement participé aux insurrections de 1848 et ont été très actifs dans les grèves de 1905, très importantes dans l’histoire politique de Limoges. C’est un lieu où l’on a aussi plus longtemps qu’ailleurs parlé l’occitan limousin car c’est un quartier qui n’a jamais rompu les liens avec la campagne. On y trouvait un accent particulier que l’on reconnaissait dans toute laville. » C’est le fameux « accent des ponts » que certains anciensont encoreaujourd’hui–des accentuations particulières et une rythmique lancinante… DES ANCIENS NOSTALGIQUES Les Ponticauds étaient aussi bien connus à Limoges pour leur esprit frondeur. « Le dicton populaire du quartier, c’était : si tu es des ponts, passe, sinon, à l’eau ! » , sourit Simone Roux, qui a grandi dans le port du Naveix… Las, les anciens vous diront que l’endroit n’est plus ce qu’il était

Une plaque commémorant le passage du chemin de Saint- Jacques-de-Compostelle est apposée sur le pont Saint-Étienne, dans le centre historique de la ville.

Philippe Roy / Détours en France x 6

DU BOIS POUR LA PORCELAINE Dès le xvii e siècle, le quartier est d’abord peuplé de«naveteaux », ceshommeschargésde récep- tionner dans le port du Naveix, aujourd’hui disparu, le bois flotté. « Le bois arrivait en amont depuis les forêts limousines et était arrêtépar unbar- rage de charpente, le ramier. Ce bois de chauffage était surtout destiné à alimenter les fours des usines deporcelaines. » Et des fours, il y enavait beaucoup à l’époque. L’und’entre eux, classémonument his- torique, est toujours visible, dans le quartier des Casseaux, rue du Masgoulet, à deux pas des bords de Vienne. Cet édifice rond jouxte la Manufacture royale, laplus ancienne entreprisedeporcelainede Limoges, créée en1797. Enpleine révolution indus- trielle, les usines poussent au xix e siècle commedes champignons le longde la rivière : porcelainedonc, mais aussi fabriquedechaussures, usineélectrique, filatures, tanneries…qui emploient les hommes du

Bernard Goupil est le « maire des Ponts » depuis 2011. C’est un vrai Ponticaud et un pêcheur, comme il se doit, qui représente son quartier natal avec toute la force de son attachement pour lui.

www.detoursenfrance.fr / avril 2016 / numēro 190

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