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STYLE DE VILLE _ LIMOGES 46

› et qu’il a perdu son âme. La démolition des vieux quartiers insalubres et la construction de la voie sur berge rive droite ont en effet bouleversé la phy- sionomie des bords de Vienne. Ils évoquent avec nostalgie l’auberge de laCrotte de Poule ou celle du Poisson-Soleil, où l’onmangeait de la friturepêchée dans la Vienne, les chansons, les joutes nautiques, l’entraide d’antan… « Les habitants n’ont pas eu le

Au cœur du quartier de l’Abbessaille, une ambiance de village se dégage, au gré de l’escalier de la rue du Rajat.

choix et on les a purement et sim- plement envoyés vivre dans d’autres quartiers. Nous, on a dû quitter le Naveix dans les années 1950 pour la cité des Coutures. D’autres sont allés à Sablard, Beaublanc…» , regrette Simone. « Même s’ils y vivaient dans des conditions difficiles, entassés dans des deux-pièces d’habitations régulièrement inondées par les crues de la rivière, les anciens sont très nostalgiques de la force des relations sociales decetteviepassée », analyse Jean-Pierre Cavaillé.

Le dicton populaire du quartier, c’était « Si tu es des ponts, passe, sinon, à l’eau ! »

«DU PÈRE PEIGNE» À SAINT-JACQUES Il n’empêche. L’ambiance de villagen’apas tota- lement disparu . Dans le quartier de l’Abbessaille, en contrebas de la cathédrale, les rues de la Règle, du Saint-Domnolet, du Rajat respirent « l’ancien » avec quelques maisons de guingois à pans de bois et d’adorables ruelles pavées tortueuses qui dégrin- golent vers la Vienne. Encastrée sur la façade d’une maison de la rue du Rajat, une petite statue : c’est Notre-Dame-du-Peiteu, la patronne des lavan- dières, entourée de battoirs en bois, les peiteux, qui servaient à battre le linge… On tombe également dans une ruelle sur une petite fontaine dite « du Père Peigne », dont l’eau servait à fixer les teintures. Ondébouchealors sur lepont Saint-Étienne,majes- tueux avec ses huit arches en arc brisé : ce pont du xiii e siècle, longde130mètres, réservéauxpiétons, est toujoursempruntépar lespèlerinsdeSaint-Jacques de Compostelle avant de se rendre à la cathédrale.

Philippe Roy / Détours en France x 2

Nous arrivons sur la place de Compostelle, juste- ment, rive gauche : un cachet admirable avec ses coquettes maisons à colombage. Et une ambiance de village : en terrasse du restaurant ouvrier Le Ponticaud ou de la crêperie Saint-Jacques, tout le monde semble se connaître ici ! Par l’étroite ruelle Traversière-du-Clos-Sainte-Marie, onprofite d’une vue magique sur la cathédrale gothique Saint- Étienne. Son chevet pyramidal surplombé par un clocher culminant à 62 mètres s’élève au-dessus des jardins en terrasse de l’Évêché et de la Vienne. « Ici, on est au cœur de la ville et en dehors, avec les jardins ouvriers, le calme, l’ambiance champêtre » , vanteunpromeneur. Joggeurs, cyclistes, flâneurs… Les Limougeauds sont conscients de cette chance et réinvestissent les berges aménagées qui mènent jusqu’aupontmédiéval Saint-Martial et la ravissante place Sainte-Félicité, en passant par le parc de l’Au- zette. Un Bistrot des Quais a même vu le jour, res- suscitant la tradition des guinguettes.

Dans la rue du Rajat,

repérez cette petite maison a colombage à son air penché !

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