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BOIRE, AIMER, DORMIR, UNE AMBIANCE TULLISTE

Plus on s’approche du cœur de ville, plus on découvre, en effet, que notre jugement a été quelque peu hâtif. Les bords de la Corrèze, sur- nommée « La Coureuse », sont agréables, aérés et, chaquemercredi et samedi matin, animés par un marché coloré. Quai Baluze, rive gauche, s’élève l’église Saint-Pierre et, quai de la République, vous ne pourrez manquer la superbe façade du théâtre municipal et ses céramiques Art déco. Prenez à gauche sur la place Émile-Zola et voici le centre historique, l’Enclos, qui nous rappelle que la ville était cernée de remparts au Moyen Âge. L’ambiance est vivante, avec les terrasses des cafés où l’on s’échange les derniers potins de la ville. On tombe justement sur Le Coin des clampes , une sculpture édifiée en 1984 en hom- mage aux « clampes »,mot occitandésignant ceux qui aiment bien bavarder – voire médire.... Cette statue pleine d’autodérision, signée Pierre Digan, est née de l’initiative de l’associationde quartier, la Commune libreduTrech, dont ladevise est « Boire, aimer, dormir ». « Tout un programme, n’est-ce pas ! Il s’agit d’animer la ville et de perpétuer l’es- prit bon vivant de “Tulle-la-paillarde” » , explique Bernard Peregnaud, « maire » de cette commune libre. Rue de la Tour-de-Maïsse, rue Roc-la-Pierre, rue des Portes-de-Fer... Très vite, les rues grimpent, pittoresques, pas toujours pimpantes, mais pleines de charme. Linge aux balcons, sombres venelles escarpées reliées par de vieux escaliers, demeures à encorbellements si proches qu’elles en viennent à se toucher au sommet... «Ondit que jadis, ondis- tinguait les filles de Tulle à celle de Brive par leurs mollets musclés ! » , sourit un ancien. UN BIJOU GOTHIQUE, MAISON DE NOTABLES ET MÉMOIRE OUVRIÈRE Duhautdesoncocherde75mètres,lacathédrale Notre-Dame de Tulle, anciennement Saint- Martin, mi-romanemi-gothique, domine l’en- semble. C’était, avant de devenir une cathédrale, l’église abbatiale d’un monastère bénédictin.

Sur la place Gambetta, grande place du centre historique, admirez la maison de Loyac. Élevée au début du xvi e siècle, de styles gothique flamboyant et Renaissance, elle fourmille de détails sculptés entre ses deux tourelles d’angle.

Il faut pénétrer à l’intérieur pour découvrir, contre le chevet, la superbe verrière de 1979, signée Jean-Jacques Grüber, qui revient sur l’histoire de la ville. On remarquera un pendu qui rap- pelle le tragique épisode de 9 juin 1944, quelques jours après le débarquement américain : le mas- sacre de Tulle par la 2 e division SS Das Reich : 99 Tullistes furent pendus. Retrouvons un peu de sérénité dans le cloître. Attenant à la cathédrale, ce havre de paix est un petit bijou gothique du xiii e  siècle, qui s’organise autour d’un jardin médiéval. Il impressionne par la finesse de ses

UNE HALTE RAFRAÎCHISSANTE Situé à dix kilomètres au nord de Tulle, Gimel-les-Cascades constitue, sans doute, le lieu de promenade favori des Tullistes dès que les beaux jours arrivent. Niché dans la verdure, agrippé à la montagne surplombant les gorges de la Montane, le village immortalisé par le peintre Gaston Vuillier (1845-1915), dont on peut voir les œuvres au musée de Tulle, fascine par ses superbes cascades : la rivière se fraie un chemin au milieu des rochers et créé trois chutes d’eau spectaculaires. Ne manquez pas de visiter également l’église Saint-Pardoux (fin xv e siècle), dans le village. Pièce-maîtresse de son prodigieux décor, la châsse de saint Étienne réalisée en émail de Limoges au xii e siècle.

Philippe Roy - Détours en France x 2

www.detoursenfrance.fr / avril 2016 / numēro 190

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