DETA0190_BasseDef

70

Philippe Roy - Détours en France x 9

LE MOULIN DU GOT DA N S S E S P E T I T S PA P I E R S

visitant le moulin, on découvre un artisanat qui faisait jadis la renommée de la vallée, mais le lieu n’est pas qu’un simple « musée » : l’activité a repris. Ony fabrique à nouveau artisanalement dupapier. Datant du xix e siècle, une pile hollandaise (qui effiloche, bat et raffine les fibres) permet de préparer la pâte en pur chiffon (à base de chanvre, de lin et de coton). Les meules en gra- nit broient la matière première. Puis le papetier plonge la « forme » dans une cuve. Les feuilles sont ensuite mises à sécher sur un étendoir. Le papier est apprécié par les artistes – amateurs ou pro- fessionnels – qui utilisent l’aquarelle, le pastel ou l’encre. Mais au Moulin du Got, on ne s’arrête pas simplement à la papeterie : le papier vélinou vergé, avec filigrane ounon, de tous les grammages pos- sibles, est enpartie utilisé sur place, par l’imprime- rie installée dans les logements autrefois occupés par les papetiers. Dans une odeur d’encre et de plomb, les typographes s’activent. L’impression se fait à l’ancienne sur des presses typographiques ou lithographiques – il y a même une rarissime Stanhope de la fin du xviii e siècle. On y imprime faire-part de mariage, cartes de visite, menus des restaurants ou recueils de poésie… Moulin du Got, Le Pénitent, 87400 Saint- Léonard-de-Noblat. 05 55 57 18 74. www.moulindugot.com. Visite guidée : 8 €.

À Saint-Léonard-de-Noblat, un ancien moulin à papier du xv e siècle, restauré grâce à la com- muneetuneassociation, fait revivre la tradition papetière de la vallée de la Vienne. C’est désor- mais une imprimerie haut de gamme. « Dès le xv e siècle, on a fabriqué ici du papier ! » , Marie-Claire Cluzel, qui travaille sur place, nous sert de guide. Le Moulin du Got s’élève sur le Tard, un affluent de la Vienne, dans un vallon verdoyant près de Saint-Léonard-de-Noblat. Le Moulin, qui menaçait de s’effondrer, a été racheté par la commune, puis restauré grâce à des pas- sionnés du patrimoine. « Ici, autour de Saint-Léonard, il faut imaginer qu’il y avait jadis une vingtaine de moulins… L’activité papetière fut particulièrement floris- sante. C’est le papier chiffon, à base de chanvre et de lin, qui permettait de fabriquer des milliers de feuilles “à la forme” par jour pour les imprimeurs parisiens. » Révolution industrielle oblige, l’impri- merie évolue avec son temps au xix e siècle : place au papier paille, qui sert à l’emballage. Puis on y fera du carton, jusqu’à la fermeture en 1954. En

Sans pitié, les meules de granit broient la matière première. Ce mécanisme date de 1875 et ne montre pas de signe de fatigue.

numēro 190 / avril 2016 / www.detoursenfrance.fr

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker