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DĒTOURS EN FRANCE

Issue d’une famille de porcelainiers, Sylvie Coquet a créé son propre atelier, Feeling’s, dans un village de Haute- Vienne. Conjuguant artisanat traditionnel et technique ultra-sophistiquée, elle s’est imposée comme l’une des figures du renouveau de la porcelaine de Limoges. Rencontre avec une véritable artiste.

décide de voler de ses propres ailes pour revenir au fait-main et fonde, au côté de Jean-Pierre Cagin, un ingénieur céra- miste, son entreprise : Feeling’s. Ils se sont installés en rase campagne, dans une ancienne ferme du village de Linards. Plus qu’une manufacture, c’est un véritable atelier-labora- toire explorant l’incroyable potentiel de la céramique.

Sylvie Coquet, passionnée de dessin, s’est tour- née finalement elle aussi vers la porcelaine, une « terre qui n’est pas une argile plastique, très difficile à travailler » , insiste-t-elle. En 2001, elle

SYLVIE COQUET À L ’ AVA N T- G A R D E D E L A P OR C E L A I N E

La fierté de Sophie ? « Que le nom Coquet, après trois générations, création, et que le savoir-faire et la passion soient transmis. » perdure dans la

« Ici, tout est unique et tout est réalisé, décoré, émaillé, doré à la main, chaque pièce a une âme » , explique-t- elle, enmontrant un four unique qui permet de contrôler la cuisson au degré près afin d’ « explorer lesmystères de la pâte en fusion. La demande, en cemoment, concerne surtout les arts de la table, où il règne une grande concurrencemais peu de créations à cause de la standardisation desmachines. Les grands chefs désirent émerveiller leurs clients et ils font appel àmoi. J’essaie d’entrer dans la tête des cuisiniers, des clients, j’étudie les cartes des restaurants… Je souhaite que les plats se découvrent d’abord à partir d’une assiette… » Elle travailleégalement dans lesdomainesde labijouterie, du luminaire, et de l’architecture d’intérieur… Sa « patte » est reconnaissable : des lignes pures et des formes complexes,

une incroyable transparence, un toucher agréable, unefinesse jamais vue… « La porcelaine, c’est un sacerdoce. Je vois ça commeun travail très solitaire,même si jecollabore avec Jean- Pierre, qui élabore lui-même des pâtes, mélange les kaolins chinois, le sable néo-zélandais ou les feldspaths norvégiens. Moi, je crée de mon côté » , explique-t-elle. Ils ont élaboré de nouvelles techniques brevetées, tel le « sculpting » : une sculp- turedans lamatière, qui permet d’évider laporcelaine et d’ob- tenir des motifs d’une finesse extrême. « Il s’agit de créer du sur-mesure. Je veux qu’en regardant, en touchantmon travail, on me comprenne… La porcelaine de Limoges continuera à vivre, si elle continue à faire rêver les gens ! » ‡

Feeling’s, 87130 Linards. 05 55 09 61 28. feelingsylviecoquet.com.

www.detoursenfrance.fr / avril 2016 / numēro 190

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