La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

BESANÇON

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

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À LIRE

Un livre chacun Tel père, telle fille Léna, 14 ans, aime l’histoire en général et la mythologie en particulier. Son père Jean-Marc préfère les histoires, celles que l’on raconte aux enfants. Les deux Bisontins publient leur livre, chez le même éditeur, Thot.

C ertainement plus à l’aise à l’écrit, son crayon en main, Léna répond timi- dement aux questions et ne s’étend pas. Elle a écrit son livre ‘Le voyage extraordinaire” à 11 ans, alors qu’elle était en 6 ème . “On avait une rédaction à fai- re sur l’Égypte. J’ai eu une bon- ne note et la prof de français m’a demandé de continuer” explique l’intéressée, précisant qu’Internet l’a beaucoup aidée dans ses recherches sur Ram- sès II. “J’inventais au fur et à mesure. Chaque semaine, j’écrivais une double page que

envoie en même temps le manuscrit de son premier ouvra- ge créatif,“Ricou rencontre Noi- rou”, conte pour les 3-6 ans dont les protagonistes sont deux écu- reuils, “un noir et un roux, un canadien et un de chez nous.” Point commun aux deux ouvrages, ils sont illustrés par André Sapolin, graphiste, voi- sin et ami de la famille. “Réa- liser des bouquins illustrés me plaît énormément. J’aime la combinaison du texte et de l’image.” L’auteur explique avoir écrit l’histoire pour ses enfants quand ils étaient petits et a déjà en tête deux autres épisodes met- tant en scène ses écureuils. Un projet de B.D. avec André Sapo- lin est également en cours. Quant à Léna, elle a commen- cé “un autre truc, une histoire fantastique déjà dans ma tête mais pas encore écrite faute de temps.” Elle fait la fierté de son collège de Clairs-Soleils, où elle démarre son année de 4 ème . Plus tard, elle aimerait “faire quelque chose en rapport avec l’histoire et écrire quand j’ai du temps.” En attendant, père et fille assu- rent ensemble la promo de leur ouvrage respectif et seront aux Mots Doubs mi-septembre.

je donnais à ma prof. Elle corri- geait les fautes et la lisait à la tou- te classe.” Ainsi sont nés les neuf chapitres rela- tant le voyage dans le temps du jeune Thomas, héros créé par Léna. L’aventure aurait pu

Jean-Marc Cerutti et sa fille Léna, unis aussi par

Ils seront aux Mots

s’arrêter là mais c’était sans comp- ter sur le papa, formateur à la ville qui ne cache pas son goût pour l’écriture. Début 2008, Jean-Marc Cerut- ti répond à une annonce publiée par les éditions Thot (basées en Isère) qui recherchent quelqu’un pour écrire une biographie sur une personnalité de Rhône- Alpes. Pour cause d’éloignement géographique, l’affaire ne se fait pas mais le contact est établi. “Ils m’ont demandé si j’avais autre chose à proposer et com- me j’avais trouvé l’histoire de Léna très bonne, je leur ai sou- mis.” Déjà auteur de nouvelles parues dans une revue univer- sitaire au Canada (où il a vécu une dizaine d’années) et d’un guide éco-citoyen pour la ville d’Avignon, Jean-Marc Cerutti Doubs mi- septembre.

le goût de l’écriture.

DISTINCTION Ordre du Mérite Fatima Demougeot, une femme laïque et républicaine En remettant fin juin à Fatima Demougeot les insignes de Chevalier de l’Ordre Natio- nal du Mérite, le préfet de Région Jacques Barthélémy a rendu hommage au par- cours et aux combats d’une femme républicaine jusqu’au bout des ongles. Enfin !

A.B.

P our définir sa vie, Fatima Demou- geot évoque “un parcours de fem- me humaniste impliquée dans l’environnement social.” Cette dis- tinction de chevalier est pour elle “importante. C’est un grand honneur qui salue le chemin parcouru et mon attachement à la République.” Et quand on lui demande si elle regrette que la reconnaissance soit arrivée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, elle répond avec fermeté : “La vraie ques- tion est pourquoi les autres ne l’ont pas fait ? C’est facile de critiquer ensuite ceux qui la donnent.” Elle précise même : “Personne ne m’a dit “on vous la donne et en contrepartie vous allez vous taire.” D’ailleurs mes amis, de tous bords, ne me posent pas cette ques- tion !” Fatima Demougeot est de ces femmes qui assument, quitte à y lais- ser des plumes et bien des années plus tard, ses convictions sont intactes. Son énergie aussi. “Mon histoire a commencé en Algérie.

dans les quartiers ou pour des situa- tions individuelles difficiles… “Je suis quelqu’un d’impliquée, c’est ainsi” admet-elle. Et de déplorer qu’on ne s’intéresse au mouvement Lip qu’au “masculin.” Les femmes représentaient 52 % du personnel et plus de 80 % des O.S. “Dans cette action, nous étions la majorité silencieuse.” Alors forcément, sa présence a bousculé les habitudes et fait grincer les dents des leaders . L’après n’a d’ailleurs pas été facile. “Ancienne Lip, syndicaliste femme et militante, de plus porteuse de “ce quelque chose venu d’ailleurs”, personne ne vous attend” rappelait-elle dans son dis- cours de remerciement lors de la céré- monie à la préfecture. Mais là encore, elle a rebondi. “J’ai dû assurer, sans soutien, ma reconversion profession- nelle. En poursuivant le militantisme. Ainsi, en 1991, on est venu me cher- cher pour prendre, dans l’urgence, la présidence d’une association de femmes de quartiers. J’ai été saisie par les ques- tions soulevées.” Plus tard, elle intègre la C.O.P.E.C., commission pour la pro- motion de l’égalité des chances et la citoyenneté où elle siège toujours. “On me sollicite, comment refuser ? Je suis une utopiste réaliste, le concret m’importe plus que tout. L’injustice est intolérable, dans le monde ouvrier comme dans les quartiers.” Aujourd’hui, Fatima Demougeot s’indigne du rejet “injustifié” de jeunes des quartiers. “Certains sont compé- tents et très motivés. À mon échelle, je les aide. Il faut des bonheurs à la hau- teur de ce qu’on vit” affirme, en toute humilité, celle qui mène aussi des réflexions avec les femmes, du type “foulard, emploi et laïcité” dans ces mêmes quartiers. Mélange des genres, des êtres, des pro- blématiques… À l’image de la céré- monie à la préfecture “multiculturel- le et multicolore avec des amis et des

personnes de tous bords”, celle qui se dit “animée par la République, une des plus belles valeurs qu’on puisse avoir” continue “à agir, à lutter contre les dis- criminations.” Nous, on aimerait aus- si qu’elle prenne un peu de temps pour elle, le temps d’écrire, de nous racon- ter “ses périodes de vie.” Elle y pense mais a tellement à faire pour d’autres… A.B.

Un voyage extraordinaire - Léna Cerutti Ricou rencontre Noirou “le début d’une belle amitié” Jean-Marc Cerutti

Séance de dédicace chez Camponovo le 6 septembre de 15 heures à 18 heures www.editionsthot.com

J’aimais, déjà, le fran- çais. À l’âge de 10 ans, la Croix Rouge est venue me solliciter pour être interprète dans les camps de regroupe- ment.” Arrivée en Fran- ce à 13 ans, Fatima qui ne s’appelle pas enco- re Demougeot a connu les petits emplois, pour aider sa famille à s’installer. À cette époque, elle apporte son soutien aux autres immigrés qui ne connaissent pas le fran- çais. Plus tard, il y eut Lip, le syndicalisme, la création de la commis- sion Femmes, la lutte pour le droit des femmes, puis l’action

Une rebelle en lutte contre toutes les injustices.

La République française, à travers le préfet de Région, a ren- du un bel hommage à la Bisontine Fatima Demougeot.

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