La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

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TENDANCE Depuis le 7 juillet Réactions mitigées autour de l’effet Vauban

Si du côté de l’office du tourisme on estime que la hausse de fré- quentation de la Citadelle cet été peut être liée à l’effet Unesco, les hôteliers estiment n’avoir eu encore aucune retombée…

I l n’existe encore aucune sta- tistique précise sur le sujet, mais il semble que Besan- çon a profité dès cet été de l’effet Unesco. Pourtant, l’annonce du classement de l’œuvre de Vau- ban au patrimoine mondial de l’humanité est tombée le 7 juillet, alors même que la saison tou- ristique avait déjà commencé et que la plupart des estivants avaient choisi leur destination de vacances. “Il y a eu un pre- mier effet en termes de commu- nication. Au soir du 7 juillet, les demandes d’information sur notre site Internet ont fait un

C’est indéniable, Vauban est désormais le moteur de l’économie touristique à Besan- çon. Le fer de lance est natu- rellement la Citadelle. “C’est un joyau qui sort du lot. Mainte- nant, c’est à nous de jouer pour valoriser l’écrin” indique Patri- ce Ruelle. C’est le défi que doivent rele- ver dans les prochaines années les acteurs du tourisme. Ils devront mettre en place une stratégie de communication suf- fisamment pertinente pour que les touristes ne se déplacent pas uniquement à Besançon pour découvrir la Citadelle, emblé- matique de l’œuvre de Vauban, mais prennent le temps de s’arrêter largement dans la cité pour profiter de ses plaisirs cul- turels, gastronomiques et com- merciaux. Car pour l’instant, les hôteliers n’ont pas mesuré l’effet Unes- co. “À mon sens, le sursaut de fréquentation de la Citadelle n’est pas le fait d’une clientèle étrangère,mais d’un public régio- nal” estime Daniel Houser, co- président du Club Hotelier de Besançon. Les hôtels n’ont en effet pas enregistré de crois- sance de leur activité depuis l’annonce du 7 juillet.Au contrai- re. “La fréquentation est mau- vaise en juillet. Par rapport à l’année dernière, on observe un recul de l’ordre de - 5 à - 10 %. Sur le mois d’août, nous sommes à - 5 %. On ne peut pas dire que l’effet Unesco se fasse sentir. Par ailleurs, les gens l’oublient sou- vent, mais pour nous, la pério- de la plus creuse de l’année est celle qui va du 15 juillet au 15 août.” Pour Daniel Houser, il est trop tôt pour retirer les fruits du classement de l’œuvre de Vau- ban au patrimoine mondial de l’humanité. “On attend l’effet en 2009. Mais pour cela, il va fal- loir qu’on se bouge” pour doter Besançon d’une véritable cul- ture touristique.

bon de 20 %” observe Patrice Ruelle, directeur de l’office du tou- risme de Besan- çon. Il est pro- bable qu’après avoir surfé sur le web , des inter- nautes aient transformé l’essai en se ren- dant dans la capitale régiona- le franc-comtoi- se pour voir.

La fréquentation de la Citadelle est en progres- sion de 13 % en juillet.

“On ne peut pas dire que l’effet Unes- co se fasse sentir.”

Après un mois de juin en demi- teinte, la Citadelle a enregistré en juillet un sursaut d’activité de l’ordre de 13 % comparé à 2007. L’effet Vauban est sans doute pour quelque chose dans ce résultat. L’autre indicateur est le parking Chamars. C’est de là que partent toutes les navettes de bus qui emmènent les visiteurs à la Citadelle. Non seulement le parking était sou- vent plein, mais les acteurs du tourisme ont observé qu’il y avait plus d’étrangers que les années précédentes. Pour limi- ter l’attente des visiteurs, la fré- quence des bus a donc été aug- mentée. “La Citadelle s’en est très bien sortie cet été” poursuit Patrice Ruelle. Une des anecdotes de ce dyna- misme concerne quelques tou- ristes asiatiques. À l’accueil de la Citadelle, on a remarqué que certains d’entre eux se sont déplacés juste pour faire une photo du site avant de repartir. Un phénomène nouveau. “Nous n’avons pas fait d’enquête de trottoir pour connaître la moti- vation des touristes de passage à Besançon. Nous avons toute- fois demandé aux hôteliers d’être plus vigilants sur l’origine de leur clientèle et les raisons de sa présence à Besançon” notent les services de la ville qui dres- seront un bilan précis de la sai- son estivale au mois de sep- tembre.

RÉACTION L’idée du téléphérique refait surface Jean-Louis Fousseret : “Nous sommes condamnés à l’excellence” Encore tout sourire après la décision du début de l’été, le maire de Besançon et président du réseau des sites majeurs Vauban veut désormais regarder vers l’avenir. Car avec cette inscription, tout commence. L a Presse Bisontine : Cette décision est l’aboutissement de quatre années de travail. Pour vous, c’est le soulagement ?

Jean-Louis Fousseret : Passée la satisfaction, j’estime que pour le réseau, ce n’est pas une fin, cette décision du 7 juillet marque au contraire le début d’une aventure. Car nous savons que l’Unesco est de plus en plus vigi- lante par rapport au respect des engagements pris par les villes inscrites. Cette reconnaissance est une grande chance pour nous, le label Unesco est le plus prestigieux qui existe, mais il nous condamne à l’excellence. Désor- mais, ce label est aussi un œil posé sur nous qui nous oblige à être très vigilants. L.P.B. : Comment va continuer à vivre ce fameux réseau que vous présidez ? J.-L.F. : Le réseau sera chargé de veiller à l’application du plan de gestion et d’animation que nous avons présenté à l’Unesco dans le dossier de 3 000 pages que nous avions remis. Dans un avenir proche, nous allons mettre en pla- ce un centre international de ressources consacré aux bonnes pratiques en matière de préservation du patri- moine. Plusieurs sites internationaux nous ont déjà deman- dé de les soutenir dans leur démarche de conservation du patrimoine : Madagascar, Essaouira au Maroc, Vera- cruz au Mexique… L.P.B. : Comment Besançon va gérer cette inscription ? J.-L.F. : Nous ne le ferons pas seuls dans notre coin. Il fau- dra qu’avec la région, le département, nous capitalisions tout cela. Mes collègues Claude Jeannerot et Marie-Gui- te Dufay (qui ont été les deux premiers à me féliciter) l’ont bien compris. Ce label peut profiter à toute la région, si en plus, l’œuvre de Le Corbusier est classée l’an pro- chain. Par exemple, nous réfléchissons déjà à une signa- létique commune dans le département, sur l’autoroute, pour mettre en relation Besançon et Arc-et-Senans, les deux sites Unesco du Doubs. Ce que je veux, c’est conti- nuer à travailler en réseau. Je l’ai fait avec 14 villes répar- ties dans toute la France, je peux bien le faire avec les instances départementales et régionales et l’office de tou- risme de Besançon. Je n’ai pas qu’une vision bisontine de ce classement. L.P.B. : Être classé à l’Unesco et ne pas disposer d’un hôtel 4 étoiles ou d’un restaurant étoilé Michelin à Besançon, ça paraît aberrant. Il va falloir améliorer l’offre ? J.-L.F. : Bien sûr que nous allons susciter les installations d’établissements, j’irai voir les grands groupes hôteliers mais pour qu’un hôtel 4 étoiles s’installe, il faudra d’abord la demande en face. Si tous les hôtels de Besançon sont remplis, alors là, les grandes chaînes hôtelières ne man-

Petite tape amicale à l’ami Vauban…

queront pas de se positionner.

L.P.B. : Le classement à l’Unesco relance inévitablement la question de l’accès à la Citadelle. Le fantôme du téléphérique va-t-il resurgir ? J.-L.F. : Naturellement, il faudra faire quelque chose mais tout le monde sait que rien n’est facile. Un téléphérique posera, outre un coût de 30 millions d’euros, le problème d’intégration au site. L’idée d’un funiculaire posera des questions de stationnement des voitures au pied de la Citadelle. Pour un accès amélioré en voiture, il y aura toujours le problème du passage sous la Porte Noire. Toutes les solutions ont leurs avantages mais aussi leurs contraintes. L’intérêt du classement à l’Unesco, c’est qu’il devrait répar- tir la fréquentation sur toute l’année, et non plus uni- quement sur les deux mois d’été. C’est pourquoi la solu- tion du parking, comme ce qui a été fait cet été à Chamars, mais avec des navettes non polluantes, éventuellement électriques, me paraît être une excellente solution en attendant éventuellement autre chose. Cet été, plus de 60 % des visiteurs de la Citadelle sont montés avec la navette depuis Chamars. Pour la suite, je n’évacue aucune solution mais il faut bien être conscient que la mise en place d’un moyen d’accès lourd prendra plusieurs années. En attendant, on a un moyen performant, j’invite tout le monde, y compris les Bisontins, à l’utiliser. Propos recueillis par J.-F.H.

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