La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

30

MÉDECINE Innovation Quand le froid fait du bien Christian Cluzeau travaille sur le froid et ses bienfaits depuis 20 ans. Après des années de recherches et d’inventions, il veut aujourd’hui faire profiter le plus grand nombre de ses découvertes, patients comme soignants.

“C ulturellement, on pré- fère le chaud. On ne sait fabriquer du froid que depuis le XIX ème siècle” souligne d’emblée ce kinésithérapeute de formation qui a exercé en cabinet pendant 28 ans. Chris- tian Cluzeau croit aux vertus du froid et au développement de la cryothérapie, nom de cet- te médecine qui traite grâce au froid. Drôle de hasard, l’homme est fils de frigoriste mais ne fait pas de lien catégorique entre cette réalité généalogique et ses recherches débutées il y a 20

ans. Le froid à basse tempéra- ture n’a pour lui plus aucun secret ou presque. “La cryothérapie com- porte deux volets : la technique loca- le, où l’on pulvé- rise du froid à - 80 °C sur une zone douloureu- se pendant une minute et le trai-

a aussi d’autres vertus, esthé- tiques cette fois. Christian Clu- zeau évoque les traitements contre la cellulite et les suites d’opérations chirurgicales. “Le froid rend une cicatrice plus bel- le et plus fine, à condition de la traiter rapidement après l’intervention.” Ce même froid peut aussi soulager une fatigue oculaire ou une migraine (à condition qu’elle ne soit pas hor- monale). En résumé, et Chris- tian Cluzeau le sait, “la méde- cine du froid a de l’avenir.” Si à 59 ans et après 20 ans de recherche et de publications, Christian Cluzeau ouvre enfin son centre de traitement du froid à Besançon, c’est avec un objectif précis. “Je veux finir ma carrière sur du concret. Laméde- cine, c’est mettre notre savoir au service des autres. Moi, je dési- re faire profiter de mes patients comme mes confrères cette tech- nique.” Son centre de soins est aussi lieu de formation pour les kinés, rhumatologues et tout autre praticien intéressé. Habitué à convaincre depuis des années, il a vu les avis sur sa technique évoluer favora- blement. Aujourd’hui, on recen- se en France 5 000 équipements pour traiter par le froid.ÀBesan- çon, les clubs de basket et de hand comme certains services du C.H.U. s’en sont dotés depuis plusieurs années. Celui qui reconnaît vouer une véritable passion à la médecine du froid souhaitait que Besançon, sa vil- le natale soit “la première ville de France dotée d’une telle struc- ture.” C’est désormais chose fai- te. A.B.

Le froid pour

soulager sans faire mal dans la clinique ouverte à Besançon par Christian Clu- zeau.

“La médecine du froid a de l’avenir.”

tement pour tout le corps, dans un caisson à - 110 °C pendant deux minutes.” Le Centre euro- péen de rééducation du sportif de Capbreton est le seul éta- blissement français doté tel équi- pement à ce jour. La Pologne, l’Allemagne ou les États-Unis ont quelques longueurs d’avance. “On traite avant tout la douleur, qu’elle soit traumatique, rhu- matismale ou circulatoire. Cet- te douleur chute quasi instan- tanément au contact du froid” explique l’inventeur du fameux pistolet apparu sur les terrains de foot en 1998 et utilisé sur les cuisses douloureuses de nos champions du monde d’alors. Pour une tendinite comme pour des jambes lourdes, le froid peut se révéler un précieux allié et, surprise, la chose est même agréable. “Il n’y a que très peu de contre-indication. C’est éco- lo, naturel, non toxique et non- invasif. Quant à l’allergie au froid, elle ne concerne qu’un cas sur unmillion.” Autant dire que tout le monde, de la femme enceinte au sportif de haut niveau, peut bénéficier de cet- te médecine naturelle. Si elle soulage, la cryothérapie

ANNIVERSAIRE Intégré au groupe I.M.I. Cheval Frères :

160 ans d’aventure industrielle L’entreprise fondée dans le Haut-Doubs en 1848 est devenue un des principaux fournisseurs de composants pour l’horlogerie. Basée sur plusieurs sites du Grand Besançon, l’entreprise s’est récemment diversifiée dans le biomédical. Q uand en 1848, François-Xavier Cheval, à l’image de nombreux paysans du Haut-Doubs, met-

Cheval est présent loca- lement avec deux socié- tés : Cheval Frères à Éco- le-Valentin et Laser Cheval à Pirey.

tait à profit les longs mois d’hiver dans son village des Fontenelles pour fabri- quer des roues de cylindre à destina- tion de l’activité horlogère suisse, il ne se doutait certainement pas que 160 ans plus tard, la société qui por- tait son nom fêterait à École-Valentin cet anniversaire, avec 450 salariés à son actif. En 1869, c’est le fils de François-Xavier Cheval qui déposait son premier bre- vet : l’ébaucheur à scies circulaires qui permet d’ébaucher les dents de la roue de cylindre au moyen de scies circu- laires alors qu’auparavant l’opération nécessitait l’intervention manuelle d’un véritable artiste. Marc-Constant et Anatole-Xavier, les deux descen- dants, développeront l’affaire fami- liale en diversifiant la production avec la fabrication pour les frères Peugeot de Montbéliard, de vis pour fixer les carrosseries de voitures, faites en bois à l’époque. Après la première guerre mondiale, Hubert le gestionnaire, puis

Gabriel le spécialiste technique pren- dront le relais. Ils spécialiseront l’entreprise Cheval Frères après 1945 sur les couronnes et les pierres. Les enfants, Guy et Christian donnent eux aussi un nouveau développement à l’entreprise dans les années soixan- te-dix en construisant une nouvelle unité à École-Valentin. Dans les années quatre-vingt, ils lancent la fabrication des lasers et pur le géant I.B.M., la fabrication de têtes de lecture des pre- miers ordinateurs. C’est dans les années

quatre-vingt-dix que Cheval Frères réunit à entrer sur le marché du très haut de gamme suisse. L’arrivée il y a quelques années du groupe I.M.I. dans l’entreprise a permis de placer Cheval Frères sur de solides bases, sans perdre de vue l’esprit maison d’entreprise familiale qui vaut à Che- val Frères de fêter dignement ses 160 ans, avec notamment à sa tête Didier Cheval, l’actuel directeur général délé- gué et représentant de la sixième géné- ration.

Le froid pour soigner.

Comment ça marche ? “Le froid provoque un choc thermique. En 30 secondes, on pas- se de 32°C, température normale à la surface de la peau (plus élevée en cas d’inflammation) à 0°C. C’est indolore et agréable. Le cerveau apporte une réponse locale en ouvrant les vaisseaux et une réponse globale en libérant enzymes et hormones. C’est une technique reflex sur tout le corps” explique lʼinventeur.

Les 160 ans ont été dignement fêtés le 4 juillet dernier.

Made with FlippingBook Annual report