La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

CULTURE

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

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ÉVÉNEMENT CULTUREL Un nouveau ratage Musiques de Rues fauché en plein envol Le festival Musiques de Rues s’arrête. L’équipe n’a pas été reconduite par la ville qui lui a préféré Troisième pôle pour conduire l’événement culturel annuel. La 3ème édi- tion aura bien lieu du 2 au 5 octobre mais ça sera la der des ders… à Besançon.

“I njuste et injustifiée mais sans appel” , c’est ainsi que Pascal Esseau, co-directeur avec François-Xavier Ruan, du fes- tival Musiques de Rues qualifie la déci- sion municipale. Au plus grand éton- nement de tous, c’est le projet “Troisième pôle et Orphaz” qui a remporté la mise. Le premier est une agence de conseils et d’ingénierie, le second une agence

créatrice d’événements. Les porteurs du projet bisontin sont quatre : Jean- Marie Songy (directeur des festivals de Châlons-en-Champagne et d’Aurillac), Jérôme Delormas (direc- teur de la Gaîté lyrique, lieu parisien dédié aux arts numériques et aux musiques actuelles), Vincent Carry (fondateur des Nuits Sonores à Lyon) et Philippe Franck (fondateur deTrans-

numériques, festival des arts numé- riques à Bruxelles). Sur le papier, tous ont des C.V. à faire pâlir tout acteur culturel qui se respecte et sur le ter- rain, ils sont partout, du cimetière chi- nois de la Baie de Somme à la construc- tion de la médiathèque de Rouen, de Lyon 2013 au pavillon français de l’expo internationale de Saragosse 2008. On peut même se demander s’ils auront

Le Festival, malgré des couacs, aurait peut- être fini par trouver ses marques.

le temps de s’occuper de “l’événement cul- turel annuel” ! Le milieu artistique, on les qualifie de merce- naires, d’experts en marketing. Certes, l’arrivée du duo nantais en 2005 pour remplacer la Grosse Entreprise avait en son temps fait grincer des dents. Trois ans plus tard, la ville rejoue la même histoire et ne laisse aucune chance à Musiques de Rues de s’installer dans le temps, critère pourtant fondamental dans l’instauration de ce type de grand rendez- vous. “On ne veut pas changer le genre mais on veut progresser, l’enrichir avec des arts

visuels, sonores et de l’art contempo- rain” affirme Yves-Michel Dahoui, nouvel adjoint à la culture qui semble vouloir marquer nettement son arri- vée. “On a beaucoup discuté. On a esti- mé que Musiques de Rues n’avait pas le potentiel pour s’installer à long ter- me. On change d’opérateur mais pas d’événement, il ne faut pas confondre.” Les recalés en sont restés pantois. Depuis le début, la ville a clamé son attachement au festival et la satis- faction affichée de Jean-Louis Fous- seret à l’issue des deux précédentes éditions ne laissait nullement présa- ger d’un tel revirement. “C’est la bru- talité avec laquelle tout ceci s’est fait qui nous a le plus choqué” explique Pascal Esseau. “Une enquête de satis- faction menée par l’Université de Dijon présentait des excellents chiffres. Il y avait du monde. On nous a confirmé que tout allait bien.” Et le directeur déchu de poursuivre : “On nous affir- me que le projet concurrent est meilleur

sans nous dire en quoi et on nous reproche un budget qui n’offre pas de garanties suffisantes. Nous avions un équilibre à 5 ans.” Yves-Michel Dahoui évoque un budget de fonctionnement de 70 à 75 % ne laissant du coup que bien peu de place à l’artistique. “Faux” rétorque Pascal Esseau, “il est de 37,2% en 2007. L’action culturelle nécessite un personnel important.” L’équipe (7 personnes) va être licenciée sitôt l’édition 2008 terminée. La der de Musiques de Rues a été modifiée. “On passe de 60 à 55 spectacles mais on veut que ça soit une belle édition. On est fier de notre boulot.” Yves-Michel Dahoui reconnaît que dans son choix, “le facteur risque existe” et s’empresse d’ajouter : “Je ne suis pas élu pour ne rien changer.” Mais était-ce vraiment nécessaire ? A.B.

Pascal Esseau et François- Xavier Ruan, co- directeurs limogés du festival Musiques de Rues.

www.musiquesderues.com

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