La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

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MERCUREAUX 161 millions d’euros Ouverture de la route fin 2010 Il ne resterait donc que deux petites années à attendre avant de pouvoir emprunter la voie des Mercureaux. Ouf !

I l y a deux chantiers : celui de la Ligne à GrandeVites- se qui avance au rythme d’un T.G.V. et celui de la voie des Mercureaux qui progresse à l’allure d’un tacot toussotant coûteux en entretien. C’est en tout cas l’impression qu’ils don- nent lorsque l’on passe de l’un à l’autre comme l’a fait le pré- fet Jacques Barthélémy le 21 août. Il s’est déplacé ce jour- là sur chacune de ces opéra- tions d’aménagement du ter- ritoire pour faire un point d’actualité. Le chantier duT.G.V. suit son cours comme celui des Mercureaux, à la différence près que pour ce dernier sub- sistent encore un certain nombre d’inconnues pour qu’il soit définitivement bouclé. Les habitants de l’agglo en ont pris leur parti depuis long- temps. Ils ne s’étonnent plus des mauvaises surprises, des reports de calendriers, des déra- pages financiers, qui finissent par les conforter dans l’idée que ce chantier est une cari- cature. La voie desMercureaux,

du quart du montant global du projet qui sur le terrain mobi- lise d’indiscutables moyens techniques et des compétences humaines. Ce bilan donne de l’eau aumou- lin de ceux qui ont toujours contesté la pertinence de ce tracé. Qu’importe, on ne refait pas l’histoire. La bonne nou- velle est l’échéance de fin 2010, date à laquelle la 2 x 2 voies sera ouverte à la circulation en La Vèze et Beure. Pour patien- ter, les services techniques invi- tent le public à visiter le chan- tier le 27 septembre.

c’est “6 km de route, 15 ans de travaux et 161 millions d’euros” a résumé simplement au pré- fet, Éric Sesboüé, directeur régional de l’Équipement. L’équivalent de 102 millions d’euros de travaux ont été réa- lisés et payés. Il en reste enco- re pour 59 millions d’euros. L’État et les collectivités locales participent conjointement au financement. Ici, le coût du kilo- mètre est quatre à cinq fois plus élevé que sur un chantier routier équivalent mais dans un environnement moins tour- menté. “Nous sommes sur un site très contraint sur le plan

Le préfet Jacques Barthélémy (à droite) et Éric Sesbouë, directeur régional de l’Équipement.

géographique et géologique” justi- fie le haut fonc- tionnaire. La mor- phologie de la zone impose des ouvrages d’art importants com- me le tunnel du bois de Peu ache- vé en 2007 qui a coûté 46 millions d’euros, soit près

“Nous sommes sur un site très contraint.”

IMPLANTATION

Une trentaine d’agents

La Vèze accueillera un centre névralgique de gestion de la voie C’est une station de contrôle digne des autoroutes que s’apprête à implanter la Direc- tion Interdépartementale des Routes de l’Est.

HISTORIQUE

Un cumul de promesses non tenues

Des années d’études, des promesses en l’air et un gouffre financier Il y a 30 ans, l’idée d’un contournement de la ville de Besan- çon était déjà évoquée. Plus de 15 ans après les premiers tra- vaux, rien n’a encore pu être mis en service. Problèmes tech- niques, problèmes financiers, comment les responsables expliquent-ils ces retards toujours plus importants ?

À terme, c’est à La Vèze que sera implanté le centre névralgique de gestion de la voie des Mercureaux. La Direction Interdépartementale des Routes de l’Est (DirEst) va construire ses bureaux sur cette commune, à proxi- mité de l’entrée du tunnel de Fontain. Cette structure accueillera “des agents qui s’occuperont de l’entretien et de l’exploitation de la voirie” explique Jean- Pierre Fleury, le chef de service à la DirEst et maître d’œuvre. Pour l’instant, cette unité est installée à Besançon. Ce centre technique abritera également une salle opérationnelle digne des sta- tions autoroutières. “Il y aura sur la voie des Mercureaux beaucoup d’équipements dynamiques comme des caméras et des panneaux à affichage variable. Tous ces équipements seront reliés à la salle opérationnelle” pour- suit Jean-Pierre Fleury. Pour commencer, ce pôle ne gérera que la voie des Mercureaux. Mais il est pré- vu qu’à terme, il surveille d’autres axes routiers de Franche-Comté et des Vosges. L’équipement de La Vèze est donc desti- né à devenir une base opérationnelle

importante. Une trentaine d’agents devraient y être affectés. Deux autres chantiers vont prochaine- ment débuter à La Vèze, puis à Beure. “En octobre, à La Vèze, nous allons réa- liser les travaux de raccordement de la voie des Mercureaux à la R.D. 104 qui vient du Trou-au-Loup.” Pour les besoins du chantier, deux giratoires vont être créés. Le chantier devrait se dérouler sans perturber la circulation sur la rou- te départementale.

Une opération équivalente aura lieu plus tard, à Beure, pour raccorder également la voie des Mercureaux à la rou- te Nationale 83. Un giratoi- re sera construit ainsi qu’un ouvrage de décharge (sorte de bassin) conformément à la loi sur l’eau qui aura pour fonction de limiter l’effet des crues du Doubs à Beure. Ces travaux risque d’occasionner davantage de gène à la cir- culation. C’est la raison pour laquelle ils sont programmés à l’été 2009.

“Caméras et des panneaux à affichage variable.”

C’ est dans les années soixante-dix que les premières réflexions autour d’une voie de contournement voient le jour. Ainsi, en 1974, le schéma direc- teur d’urbanisme prévoit à long terme la nécessité d’une déviation routière. Cet- te idée s’accompagne alors de tout un ensemble de réflexions, à savoir s’il est préférable d’aménager un petit ou un grand contournement. En 1980, un avant- projet sommaire de la voie des Mercu- reaux propose l’installation d’un viaduc au-dessus de la commune de Beure.Autant dire que le projet est rapidement aban- donné. Le problème majeur rencontré par les équipes chargées du dossier est le franchissement des deux crêtes : cel- le de la Chapelle-des-Buis et celle de Fon- tain. Un tunnel apparaît vite comme la solution la plus appropriée. Ce qui sup- pose de longues études pour connaître la nature géologique des terrains. De plus, la volonté d’optimiser les coûts implique l’étude de plusieurs variantes. En 1988, l’avant-projet est approuvé par le biais d’une première enquête publique, et déclaré d’intérêt public le 20 décembre 1988. Mais en 1989, les riverains de Beu- re mettent un terme à ce projet en invo- quant des vices de procédure. La pre- mière phase des travaux est alors repoussée au début des années quatre-

vingt-dix, avec les premières acquisitions foncières. La voie de contournement a alors été "tronçonnée" en plusieurs petits morceaux. En 1993, la déviation de la R.D. 104 devant La Vèze est réalisée. En 1995 et 1996, une galerie de recon- naissance est creusée pour se rendre compte de la géologie du terrain. Le Bois de Peu, dans le vallon des Mercureaux, s’avère alors tout de suite plus complexe que le domaine de Fontain. De 1997 à 1999, c’est donc le tunnel de Fontain qui est construit. Du côté du Bois de Peu, on continue les études pour ôter les doutes géologiques qui subsistent. Ces études ne seront terminées qu’en 2002. Les experts nationaux dépêchés sur place pour définir la géotechnique des têtes du tunnel, rendent compte d’un terrain peu stable. S’ensuit alors toute une série de démarches administratives, de passages devant des commissions nationales, de présentation de dossier et d’études de risques… En termes de financement, les dernières estimations ne sont guère réjouissantes. En février 2003, il y a 5 ans et demi, le préfet de Région d’alors confirmait que les travaux des Mercureaux se termine- raient en… 2008. En même temps, il s’engageait à commencer la tranchée cou- verte de Micropolis avant 2006.

Jean-Pierre Fleury, chef de service de la DirEst et maître d’œuvre.

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