La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

BESANÇON

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

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EN BREF

RÉFORME Levée de boucliers C’est la fin du logement social ? À Besançon, l’union locale de la C.N.L. (confédération nationale du logement) monte au créneau pour dénoncer le projet de loi de Chris- tine Boutin. Présenté en conseil des ministres en juillet, il devrait être soumis au vote des parlementaires en octobre. D’où l’urgence.

Affaire Fouzy Fouzy Sid, ex-membre de la liste Rosselot aux dernières municipales à Besançon, injustement mis en cause juste pour une affaire de grivèlerie d’essence, a porté plainte le 28 juillet dernier contre le pompiste de la station-service de la rue de Vesoul pour dénonciation calomnieuse. Il agit ainsi pour, dit-il, laver son honneur. “La manipulation politique n’a plus sa place aujourd’hui” affirme le candidat évincé. Toxicomanie La députée bisontine Françoise Branget s’apprête à conduire une mission parlementaire sur la toxicomanie dans le but d’évaluer et de faire des propositions sur la politique de sevrage. Géorgie Le Secours Catholique fait un appel aux dons pour soutenir les populations du Caucase à l’occasion du conflit entre Russie et Géorgie. Renseignements au 03 81 81 41 91.

“C’ est une remise en cause de tout le logement social en profondeur” affir-

me Jacques Poly, le président de l’union locale. “Cette réforme a pour objectif d’en restreindre l’accès.” Il évoque la diminution

des aides type A.P.L. (- 20 %) et le contrôle des locataires afin qu’ils ne vivent plus seuls dans des appartements jugés trop grands. Jean-Claude Pierron, secrétaire de la C.N.L. Besan- çon s’inquiète de cette mesure. “Moi, j’ai des meubles. J’ai tra- vaillé toute ma vie et j’ai droit à un logement décent pour rece- voir ma famille. Comment je vais accueillir ma belle-fille et mon gamin si on me reloge dans un F 2 ? s’interroge-t-il.AlainGenot, autre membre du bureau bison- tin, mentionne les nouveaux barèmes. “Jusqu’à présent, les ¾ des salariés avaient accès aux H.L.M.Avec ce projet, on va pas- ser à 50% et se retrouver loin de la mixité sociale.” La réforme de Christine Bou- tin prévoit aussi un surloyer pour ceux qui dépasseront le plafond (1 350 euros pour un célibataire contre 1 500 euros actuellement) et un déménage- ment pur et simple dans les trois ans pour ceux qui gagnent deux fois le S.M.I.C. “On va payer plus pour les mêmes prestations. Ç a

Jacques Poly, président de l’union locale C.N.L.

va inciter les gens à partir” déplo- re Alain Génot. Jacques Poly estime même que la ghettoïsa- tion est en route dans certains quartiers. Et comme les caisses sont vides, les offices auront obligation de vendre chaque année 1 % de leur parc s’ils ne veulent pas voir leurs crédits pour construire diminuer. À Besançon, 34 logements ont été vendus rue du Luxembourg “mais achetés par qui, on ne sait pas” note le président. Néolia, lui, a dû renoncer à vendre ses logements du boulevard Blum, son projet ayant été refusé par la ville.“Les locataires n’ont pas forcément les moyens d’acheter car se pose ensuite le problème des charges et de l’entretien. Et

pour certains, l’achat n’est pas un but en soi. Qui va racheter ? les promoteurs, les banquiers, les propriétaires privés ? D’ici le vote d’octobre, la C.N.L. veut informer,mobiliser les habi- tants et interpeller les élus locaux sur cette réforme du loge- ment qui fait grincer les dents des Compagnons d’Emmaüs comme des occupants. “Nous n’avons pas les mêmes valeurs que Madame Boutin” conclut Jacques Poly. A.B. C.N.L. Besançon 06 16 60 38 85 lacnl.besancon@laposte.net

Grand Besançon Habitat possède 5 600 logements des 16 000 H.L.M. que compte la ville.

SOCIÉTÉ

Les stupéfiants Cocaïne : un phénomène difficile à appréhender à Besançon

La cocaïne n’est plus une drogue réservée à la jet-set. Son prix a été divisé par deux en dix ans. À Besançon comme dans les autres villes de cette taille, la cocaïne peut toucher tous les milieux.

À 50 euros le gramme, la cocaï- ne se banalise. Sachant qu’un seul gramme permet de faire jusqu’à quatre doses et que chacune donnera lieu à deux voire trois rails, ce stupé- fiant se banalise. Autrefois drogue des happy few , la cocaïne n’est plus réservée à une certaine éli- te. “Depuis quelques années, on voit des possesseurs de cocaïne qui ne font pas des gens réputés appartenir à des catégories sociales supérieures” confirme le com- missaire de policeVincent Probst, directeur de la sûreté départe- mentale à Besançon. Conséquence

cès face à l’héroïne par exemple.” Cette drogue aux effets stimu- lants est prisée (une ligne de cocaï- ne se “sniffe”), parfois fumé, plus rarement injecté. Le revers de cette baisse de tarif - le gramme de cocaïne était enco- re à plus de 100 euros il y a moins de dix ans -, c’est sa banalisation dans tous les milieux et toutes les catégories d’âge. Et la pure- té du produit est rare. “Souvent, on trouve de la cocaïne coupée avec d’autres produits : bicarbo- nate de soude, sucre glace, sac- charose, farine…D’où également la baisse de son prix.” À Besançon, les grosses affaires de saisies de cocaïne ne sont pas fréquentes. Quelques centaines de grammes par an tout au plus. “Une saisie de 300 g il y a quelques semaines, dans un véhicule à Besançon. Mais ce qui nous inté- resse, ce n’est pas forcément de saisir telle quantité de drogue, c’est plutôt de révéler un trafic et matérialiser à la justice les quan- tités écoulées par les trafics et les réseaux” ajoute la police bisonti- ne. Du producteur au grossiste et au petit revendeur, la drogue suit le long cheminement du tra- fic international. “La cocaïne issue des feuilles de coca provient essen-

L’usage de cocaïne n’est plus réservé à l’élite. Son prix a énormément baissé en dix ans.

indirecte de la “banalisation” de ce s t u p é f i a n t : l’héroïne a quasi- ment disparu des statistiques. Les campagnes de pré- vention d’ordre sanitaire conju- guées à l’aspect “sanguinolent” de cette drogue ont fait chuter sa consom- mation au bénéfice de la cocaïne. “La cocaïne a toujours un profil plus propre, d’où son suc-

de Dijon ou de Mulhouse) est en partie alimenté par des “gros- sistes” basés dans la région de Dole. Ces grossistes revendent à des semi-grossistes à coup de 500 g ou 1 kg, qui écoulent à leur tour la marchandise à des reven- deurs qui achètent 30 à 50 g qu’ils vont ensuite dealer au consom- mateur final. “Les utilisateurs deviennent parfois petits reven- deurs. Au départ, leurs bénéfices servent à payer leur consomma- tion personnelle puis ils arrivent à leur tour à faire des petits béné- fices.” Des bénéfices naturelle- ment non imposables… Pour révéler l’existence de tra-

fics, la police de Besançon mène parfois des enquêtes de “non-jus- tification de ressources quand le train de vie d’un individu est bien supérieur à ses ressources décla- rées” note le commissaire Probst. Besançon a la chance de ne pas être sur un “couloir de la drogue”. La consommation de cocaïne serait, selon la police, légèrement inférieure à la moyenne natio- nale, contrairement à l’usage de cannabis, supérieure aux chiffres nationaux. Ce dernier chiffre s’expliquerait par la forte densi- té d’étudiants qu’abrite la capi- tale régionale. J.-F.H.

tiellement d’Amérique du Sud, dans les Andes et également de la région de l’Afghanistan et du Pakistan.” À Besançon, cinq policiers com- posent la brigade des stupéfiants. L’antenne de la police judiciaire est également concernée par les enquêtes en matière de stupé- fiants. La brigade anti-crimina- lité, chargée de patrouiller en vil- le jour et nuit, est aussi susceptible de faire des interpellations en matière de détention de drogue. Sur une année classique à Besan- çon, la police parvient à saisir “entre 1 kg et 1,5 kg de cocaïne.” Le marché bisontin (comme celui

La filière doloise pour les grossistes.

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