Quelle ville?

dans la matière et par la matière, grâce à l’exemple et à la conduite des uns et des autres.

De PC., j’apprenais la méticuleuse exactitude, la dédication à la perfection de l’ensemble comme de chacune de ses parts et chacun de ses détails, la persévérance dans le travail physique, la noblesse des matériaux respectés et appréciés pour leurs qualités propres, l’offrande soutenue de chaque étape d’une œuvre. Avant la découverte du béton et de ses propriétés, la construction d’une sphère de cette dimension était impossible : le béton, bien compris et bien traité, pouvait accomplir des merveilles, et celle du Matrimandir, abritant l’espace dodécagonal de sa Chambre intérieure, était d’une richesse et d’une plénitude de sens incomparables. De même, auprès des arbres, j’apprenais de N. à percevoir et discerner le caractère et l’élan propres à chaque arbre individuel, ses potentiels et ses vulnérabilités, sa force de croissance et son endurance et sa royauté : saisir l’équilibre essentiel, l’architecture innée d’un arbre et l’accompagner dans son développement et, ainsi, découvrir la culture d’une collaboration entre l’homme et la Nature pour la création d’un environnement idéal, cela aussi participait d’une évidence qu’il fallait simplement apprendre à écouter. S’orienter ainsi, tous ensemble, vers une complémentarité vivante de ce qui est bâti et de ce qui croît, de ce qui est conçu et de ce qui est reçu, comme un seul milieu continu de progrès et d’aventure consciente : voilà, le chemin de cette ville qui nous absorbait de plus en plus. Le seul privilège d’y participer, de quelque manière que ce soit, inspirait gratitude et humilité.

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