Quelle ville?

H., la disciple peintre qui avait noté les premières descriptions qu’Elle avait faites de ce parc idéal, s’était alarmée, au cours des 8 années déjà écoulées, des écarts et des altérations d’abord, puis des changements radicaux que R. avait graduellement introduits et imposés, affirmant qu’il avait pour cela Son plein accord. Maintenant qu’Elle n’était plus là pour infirmer ou confirmer aucun dire, H. crut nécessaire de partager ces notes – qu’Elle avait revues et approuvées – publiquement, afin d’étayer et de légitimer sa position de critique et sa demande de fidélité à Sa vision et Sa Volonté. Cependant la conversation et les lettres auxquelles H. se référait dataient de plusieurs années avant qu’Elle n’ait l’expérience de Se trouver à l’intérieur du lieu consacré et puisse ainsi le décrire – or, une fois établie la configuration précise de l’espace intérieur de recueillement et de concentration, sa forme extérieure correspondante serait invoquée et définie, ainsi que son environnement immédiat : il y aurait naturellement une évolution. Mais il y a une différence essentielle entre l’évolution adaptative des formes afin d’exprimer de mieux en mieux et de plus en plus parfaitement, l’esprit et la force qu’elles servent, et l’imposition d’une perfection formelle au détriment de l’esprit qu’elle prétend représenter. Ainsi, la possibilité pour tous de lire ces notes permit d’éclaircir nombre de propos rapportés, de formations incertaines et d’interprétations approximatives : Ses mots à Elle permettaient de réfléchir à cet environnement de tranquille beauté naturelle qu’Elle avait clairement souhaité au cœur de Sa ville, et cela renforçait l’adhésion au travail de réalisation de ces jardins extérieurs, qui pouvait se faire en même temps que l’érection de la sphère. C’était comme si H. tentait de figer la grande Shakti là où il lui avait été donné de saisir Son mouvement. En cela, elle n’était pas la seule.

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