Quelle ville?

Entre S., né breton, et les responsables de l’ashram, nés dans l’Inde, il y avait-il aussi une incompréhension culturelle générant une hostilité mutuelle ? Après beaucoup d’années de vie commune dans Sa Présence, ce n’était plus un facteur de discorde, mais certaines tendances innées demeuraient actives, susceptibles de conduire à des jugements d’hypocrisie et de lâcheté, ou d’arrogance et de présomption. Les perceptions de la Grandeur et de l’Amour qu’Elle avait incarnés parmi eux tous et qu’Elle continuait de déverser inconditionnellement, bien que partagées, s’accompagnaient selon les natures d’orientations et de compréhensions différentes : ainsi, au sujet de la publication intégrale de Son Agenda, une césure apparut. De leur côté, Ses disciples responsables étaient convaincus qu’Elle n’aurait jamais approuvé une diffusion publique de tous Ses propos. De son côté, S. était convaincu que le travail de la grande Shakti transcende toute considération personnelle et que tous, sans exceptions, sont des spécimens et des représentants d’une humanité qui doit, soit disparaître, soit surgir à une condition entièrement autre. Cette approche de « tout ou rien » - et ses raccourcis percutants -, résonnait fortement avec l’idéalisme romantique de nombreux aspirants à une révolution radicale – qui seraient pourtant bientôt exposés aux rigueurs et aux exigences d’un réel changement de conscience.

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C’est ainsi que, dans l’expérience d’une grande partie des pionniers, la libération de Sa ville et la libération de Son Agenda semblèrent constituer une seule et même cause. Il y avait pourtant ceux qui éprouvaient une grande réticence à s’y joindre, non parce qu’ils s’y opposaient, mais parce qu’ils redoutaient tout

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