Quelle ville?

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Au milieu de ce vaste plateau encore presque vierge, s’élevait dans l’espace le vaisseau du Matrimandir, ses quatre arcs montant comme une prière dense et silencieuse et solide.

L’effervescence des premières années s’était dissipée.

Les gestes étaient plus sobres, les corps plus investis.

Des accidents s’étaient produits.

Des leçons d’humilité.

La Société avait coupé les fonds, mais les travaux s’étaient poursuivis : quelques disciples, qui Lui avaient fait la promesse de veiller au financement de Son temple, avaient persévéré dans leur tâche et trouvé ensemble les moyens de canaliser juste assez d’argent et de matériaux jusque sur le site pour que les volontaires puissent aller de l’avant ; il y avait, cependant, moins d’ouvriers venant des villages, les équipes étaient réduites et devaient tout apprendre, dans les jardins comme dans les ateliers et sur la structure.

R., lui, s’était retiré : dans cette atmosphère de conflits – et dans cette pénurie -, quel sens y avait-il à prétendre construire une ville ?

Et, quand au Matrimandir, que pouvait-il y ajouter ?

Comment aurait-il pu jouer son rôle d’architecte visionnaire dans cette paralysie ?

Où aurait-il pu exercer sa créativité ?

D’autres projets et possibilités l’avaient sollicité ; la chance et l’occasion de diriger cette réalisation se présenteraient-elles à nouveau dans les années à venir ? Il n’en savait rien.

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