Quelle ville?

Ainsi, à plusieurs reprises, par un biais ou un autre, la Société tenta de reprendre le contrôle de la construction du temple en forçant un apport financier conséquent.

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Il n’y avait pas assez d’argent disponible pour organiser efficacement la suite des travaux, chaque petit pas en avant demandait un acte de foi. Et toujours la même question se présentait, sous un visage ou un autre : n’était-il pas plus important de construire au plus tôt ce réceptacle matériel de Sa Force dans le monde, et qui étions-nous pour refuser quelque contribution que ce soit ? Tous, de tous les bords, ne devaient-ils pas apprendre à s’unir dans un même acte d’offrande et de consécration ? Qui étions-nous donc pour dénier le droit de participer à ceux qui le demandaient si assidûment ? Arguments intellectuels, arguments émotionnels, la raison de la bonne volonté, la confiance en la Grâce, l’abandon des préférences : les pressions étaient intenses, se mêlant au désir de réalisation, d’accomplissement. Mais les petites tricheries, les arrière-pensées, les calculs, les manœuvres, les entourloupes, les froides visées, la soif de contrôle, au détour du chemin tout à coup étaient dévoilés. Alors une clarté d’orientation s’établissait plus fermement : l’élan de solidarité vers une autonomie effective et inconditionnelle était primordial. Cet élan seul unissait les habitants et travailleurs de Sa ville – car, une fois cette indépendance assurée, tous, à leur tour, pourraient participer librement – libres de toute ambition également. A quelle éthique fallait-il souscrire ?

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