Quelle ville?

Durant l’absence prolongée de R., nombre de constructions s’étaient réalisées – résidences, lieux communautaires, ateliers -, dont il n’était certes pas responsable : il pouvait en approuver ou en déplorer l’existence, mais il lui faudrait en tenir compte.

Quelle serait son attitude ?

De cela dépendrait la dynamique collective.

*

Près de neuf années s’étaient écoulées ; toutes sortes d’expériences avaient été vécues, éprouvées et, dans cette quête collective et individuelle à la fois, chaque « réussite » comme chaque « échec » livrait son enseignement ; d’autres architectes, d’autres créateurs aussi s’étaient essayé à matérialiser un peu du rêve, un peu de cet avenir à découvrir ; les rapports avec le terrain même, avec ses saisons et ses miracles, tout comme les relations avec les habitants des environs, s’étaient développés, affinés, et parfois compliqués de facteurs inattendus ou imprévus. R. saurait-il accueillir, écouter, observer, inclure, intégrer, proposer et adapter, pourrait-il recevoir de nouvelles inspirations dans le présent et ouvrir un espace de recherche et de travail qui soit libre de tout exclusivisme et sache prendre avantage de toutes les avances et de toutes les perceptions et les découvertes ? Sur le territoire même de Sa ville, seule l’apparence extérieure du Matrimandir – les disques dorés et les douze pétales - porterait sa signature ; les quelques constructions qu’il avait pu réaliser dans les toutes premières années, œuvres d’art posées au bord du plateau devant l’océan – deux ou trois petites « écoles » et plusieurs résidences – étaient des compositions dans l’espace qui demandaient un constant et onéreux entretien : des exemples d’inspiration créative rarement égalés, qui n’étaient guère applicables à une échelle plus importante.

Saurait-il, s’ouvrant à une inspiration comparable, proposer des formes réalisables qui correspondent aux conditions prévalentes ?

253

Made with FlippingBook HTML5