Quelle ville?

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Aujourd’hui, vers la fin de l’an 2017, nous avons un rond-point, le premier rond-point de la ville, et nous sommes incapables de décider, depuis plus d’une année, comment l’habiller, le border, l’aménager, l’agrémenter : cela demeure terne et vilain, un cercle couvert de pierre concassée, planté en son milieu d’un mât métallique en haut duquel s’allume, le soir venu, une grosse lampe ; cet espace circulaire est entouré d’une bande pentue qui est à son tour cernée d’une série de petits fanaux signalisateurs verticaux, et nous sommes tous invités à circuler sagement sur la piste nivelée. Peut-être l’obligation de présenter un front d’efficiente maturité à l’occasion de ces commémorations qui nous guettent au détour du prochain nouvel an – fêter les cinquante années d’existence de la ville – réalisera ce que toutes les techniques de participation démocratique aimablement importées n’ont pu accomplir, et nous verrons … une solution habiter le rond-point ! Le concept de rond-point même est une solution que nous n’avons pas trouvée, une solution élégante et ouverte à une infinité d’expressions, qui a résolu en maints lieux publics dans plusieurs pays occidentaux le problème des embouteillages. Mais notre service des « ponts et chaussées », pour la construction de ce premier rond-point fatidique, avait cru judicieux de le border d’une pente un peu abrupte afin de décourager les motoristes et cyclistes de trop l’approcher et de les obliger à aborder cette expérience giratoire avec circonspection. C’est alors que notre Conseil des affaires intérieures a jugé cette pente trop dangereuse, surtout par temps pluvieux, et a ordonné la pose de ces fanaux indicateurs, à courts intervalles sur toute sa circonférence. Entre temps, la proposition artistique, l’ « installation » comme il faut dire de nos jours, qui s’était provisoirement faite sur cette place vierge, a été démontée et la population a été invitée à suggérer une expression plus permanente – matériaux, formes, gestion.

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