Quelle ville?

puits ; ils étaient les premiers à vivre et respirer jour et nuit le grand silence vibrant du plateau. C’était un plateau légèrement bombé, dont le point le plus élevé se situait non loin du banyan central, où presque rien ne poussait, sauf les quelques récoltes saisonnières de cacahuètes et de millets que les paysans voisins plantaient entre les deux périodes de pluie, l’une assez courte vers la mi- juin, et l’autre, plus abondante, celle de la mousson, de mi-octobre jusqu’à la fin novembre. Alors les eaux dévalaient les pentes en y creusant des ravines et emportant le sol de surface, soit vers l’océan à l’Est, soit vers les terres intérieures et les villages voisins.

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Les premiers fermiers s’étaient mis à l’œuvre.

Et les premiers forestiers : ceux qui, écoutant, observant, éprouvant les rythmes et les vies de la terre, de l’eau, du vent, du soleil et des saisons, se dévoueraient à la régénération des sols et au retour des forces naturelles de la flore et la faune, s’efforçant d’instaurer un équilibre vivant et harmonieux avec elles. Car la plupart de ces pionniers du physique avaient souffert de l’aliénation des grandes cités, et souhaitaient se donner à une aventure collective qui, libre des patrons, des polices, des pauvres, des bourgeois et de toute exploitation, trouverait peu à peu son chemin en collaboration avec la Nature, sans la défier ni la contraindre ni la piller, dans une fraternité universelle et concrète.

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