journal d'une transition

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choses sont venues en avant, qui doivent être comprises, disons, sans le secours de cette Aide très tangible, et… il faut trouver cette Aide autrement…

FJ - … N’est-il pas vrai que pendant cette première période vous avez aussi bénéficié d’apports, de soutiens, d’aides extérieurs ? D - … Tant que l’idéal n’est pas empiété par les contradictions de l’expérience, il y a une grande impulsion ; les gens y répondent, ils donnent et participent et puis, à la moindre… disons, déformation de cet idéal dans les faits… c’est-à-dire que leur engagement est plutôt un engagement d’intention, pas un engagement entier…

FJ - … mais tu m’as dit je crois, pendant une première période il y a eu malgré tout un recours à une main d’œuvre extérieure, à des ouvriers… Comment cela a-t-il cessé ? Pour quelles raisons ? D – Tu parles de Matrimandir ? Il y a eu une main d’œuvre très importante quand il a fallu faire l’excavation ; au début, les Aurovilliens voulaient le faire eux-mêmes et puis Mère a vu le temps que cela prenait et Elle a dit : « Ca, ça ne marchera pas, il faut faire plus vite, il faut commencer la construction plus tôt… ». Ca a continué pendant la première phase de la construction… mais la nécessité n’était plus la même et c’était plutôt une grande confusion qu’une efficacité… Puis il y a eu des jeux de forces et les choses se sont passées de telle manière qu’ils ont commencé à revendiquer, à se dire qu’ils pouvaient peut-être tirer plus de la situation. Et à propos de ça, Mère avait bien dit que c’était préférable de ne pas en dépendre, parce qu’ainsi le travail continuerait toujours…

D - … En général il y a eu des projets qui n’ont jamais été achevés, qui ne correspondaient plus aux nécessités ou aux priorités du moment, qui devenaient

trop superficiels par rapport à ce qui devait se faire d’abord… FJ – Comment est-ce que tu situes le problème de l’école ?

D – Non, l’école, c’était toujours clair que c’était la « dernière école »… On finissait la boucle d’une éducation traditionnelle et on devait trouver ce qui venait après. C’était davantage dirigé vers un environnement, quelque chose de beaucoup plus réparti dans la vie, de beaucoup plus entier…

FJ - … On dirait que l’essentiel s’est déplacé dans deux directions opposées : à un extrême vers des tâches concrètes presque de survie quotidienne et ; à l’autre, une tâche hautement symbolique qui est la construction du Matrimandir… Le mot « symbolique » te gêne ? … Je vois bien que le béton est une réalité mais je veux dire que le produit de cette tâche est un grand symbole ; il ne s’agit pas de produire une habitation ou de quoi se nourrir ou se vêtir, il s’agit vraiment de produire un symbole qui est peut-être quelque chose de plus, mais quoi ? D – Non, mais tu peux quand même parler d’habitation, c’est… c’est notre maison vraiment, je ne sais pas… FJ – Oui, comme on dit dans d’autres contextes « la maison de Dieu », comme on le dit d’une cathédrale par exemple…

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