journal d'une transition

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FJ – Il reste le cas où la personne ne comprend pas et veut rester… D – Oui. Ca nous est arrivé d’avoir à expulser quelqu’un… En général, si la personne insiste, c’est à ses propres dépens ; elle devient très négative et l’image qui lui est renvoyée devient aussi très négative; alors il faut vraiment une rupture, pour qu’elle ait l’occasion et le champ nécessaire pour se reprendre… Cela devient quelquefois comme une sorte d’hypnotisme : la personne se sent hypnotisée par le fait d’être ici et la volonté de rester n’est pas claire quant à ce qui la fonde ; et s’il y a une possibilité de déséquilibre, elle s’intensifie beaucoup ; alors ce n’est pas bon du tout ! FJ - … Je vais faire un rapprochement u peu burlesque : on imagine des citoyens dans un pays occidental qui à un moment donné diraient : « Non, on refuse de voter, on n’est pas encore dans l’attitude voulue pour se prononcer, et donc même pour fixer la date des élections… » ! D – Oui, ce serait intéressant, ce serait certainement un grand progrès ! FJ – Justement, Auroville a l’air de fonctionner sans organisation, en tous les cas sans que l’existence d’une relative organisation s’accompagne de phénomènes de Pouvoir… Est-ce que je me trompe ? D – C’est un exercice… Il y a la petite phrase de Mère : « Ce qu’il faudrait pour Auroville, c’est une anarchie divine… »… On est passés à travers toutes sortes de négations de l’organisation en tant que système et on apprend quelque chose qui ne peut pas encore se formuler… FJ - … Mais à un moment quelconque il doit bien y avoir une espèce de choix de décision… Il n’y a pas d’instance qui soit là pour prendre ces décisions, pour faire ces choix ? D – Non, pas encore. Mais tout de même les choix se font… On n’a pas encore, justement, cette Transparence, elle n’est pas encore suffisante, pour que chacun trouve sa juste place, sa fonction, sa responsabilité… En fait, on ne sait pas ! FJ – Enfin, il y aune chose troublante, c’est qu’Auroville existe, depuis quand même un bon nombre d’années et que, pratiquement, il n’y a pas de gouvernement d’Auroville ; il n’y a pas d’Instance qui soit là pour trancher en cas de besoin… D - … Ce à quoi on voudrait arriver, je crois, c’est au point où peuvent se former des canaux, des organes qui canalisent, dans les deux sens – recevoir les informations et garder ou donner l’orientation et faire les pas en avant… On est, je crois, dans un processus qui tend vers ça… FJ - … Une espèce d’organe qui prenne conscience de l’ensemble de façon à pouvoir l’exprimer… D – Oui… FJ – Sous forme d’une Orientation, en gardant le contact et l’Orientation… D – Oui… FJ - … Quand on touche à une dimension pour résoudre tel ou tel problème, ça retentit sur les autres. Il y a intérêt à avoir une saisie d’ensemble des différentes dimensions en présence… Est-ce que ce ne serait pas un peu le rôle que vous signaliez, que vous appelez la Coopérative ? D – Oui, on voudrait que ceux qui en sont membres soient suffisamment conscients de tout ce qui se joue à Auroville, de tous ses éléments, et soient capables en même temps, dans le contact avec l’extérieur, de porter l’Orientation… Ce sont des … …

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