journal d'une transition

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conditions qui ne sont pas faciles. Ce qu’on peut dire, c’est qu’il y a un travail psychologique intense qui se fait là-dessus… Jusqu’à présent, cela n’a pas fonctionné ; la pratique s’est réduite à voir comment on réagissait à certains problèmes… il y a tout un problème de vocation, de confiance… Il faut arriver à une confiance fondée, enfin… C’est tout un équilibre… Il ne faut pas oublier que toutes les attitudes sont représentées, toutes les peurs aussi, toutes les craintes de retomber dans ce que chacun a connu ailleurs… FJ - … Mais cette Coopérative joue tout de même le rôle d’une référence commune ! D – C’est très récent, ça ! FJ – C’est-à-dire qu’il y a eu une période sans même ce minimum ? D – Oui ; du moment où on s’est séparés de cette Institution qui cherchait à administrer Auroville d’une manière extérieure et arbitraire… On a passé presque trois ans où le seul moyen qu’on avait de… rassembler nos énergies dans un sens de décision, de choix, c’était de se réunir tous ensemble physiquement… Tous ensemble, autant que possible, parce que les positions étaient très différentes et souvent divergentes, mais un nombre suffisamment représentatif pour qu’on puisse un peu s’orienter… … Maintenant on est très conscients qu’il faut cette concentration, pour marcher en avant ; donc on cherche les moyens de cette concentration, dans la transparence nécessaire… FJ - … Je vous entends souvent dire, quand il y a des difficultés, qu’il « faut demander à Mère »… Il faut en quelque sorte se mettre dans l’attitude voulue pour que Mère puisse vous aider… Comment faut-il comprendre cela ? Tu vas me dire que c’est une… D – Je ne dirai rien ! (rires) FJ - … Est-ce que vous estimez que la Mère est toujours, effectivement, en tant qu’elle-même, vivante, et en train de travailler pour vous, de vous aider… D – De faire Son Travail, oui. FJ - … Est-ce que cela ne prend pas la forme parfois, plus ou moins, de ces invocations à la Divinité, comme ces femmes espagnoles qui s’adressaient à la Madone pour que leurs amants puissent les rejoindre sans danger, enfin tu vois… (rires) … Est-ce qu’on n’est pas tentés un peu d’utiliser Mère pour qu’il pleuve, pour qu’il cesse de pleuvoir ? Enfin… D – Je n’espère pas ! Mais pour nous Mère n’est pas « morte », n’est-ce pas ! FJ – Par rapport à ça, quel sens peut-il y avoir d’aller se recueillir sur sa tombe ? D – Ca, il faut le demander à chacun… FJ – Oui, pour toi ? D – C’est un endroit extrêmement privilégié ; privilégié dans le sens d’une atmosphère qui est libre de toute influence, si tu veux ; où tu es sûr que rien ne peut intervenir dans ton contact, sinon ta propre épaisseur, si tu veux… FJ – Donc c’est vraiment une espèce de concentration… où le reste ne risque pas de faire écran… D – Oui, c’est un endroit où tu peux le faire… …

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