Journal C'est à Dire 110 - Avril 2006

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V A L D E M O R T E A U - P L A T E A U D E M A Î C H E

Campagnols : état d’urgence sur tout le Haut-Doubs Agriculture La disparition du manteau neigeux n’a fait que confirmer les craintes pressenties à l’autom- ne au sujet d’un nouveau pic de pullulation. Ceux qui n’étaient pas engagés dans la lutte pré- ventive constatent des dégâts considérables. Inversement, l’impact semble beaucoup plus modéré là où des actions de régulation sont menées depuis quelques années. État des lieux.

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L a régularité de l’ennei- gement tout au long de l’hiver ne suffit pas à expliquer l’ampleur de l’infestation qui prend des pro- portions parfois catastrophiques comme on peut l’observer sur le secteur du Bas-de-la-Chaux. Le facteur climatique coïncide avec un cycle de pullulation amor- cé dès l’automne 2004 et qui par- vient à son “paroxysme” d’ex- pansion ce printemps. “Ce phé- nomène concerne les cantons de Morteau, du Russey, de Maîche et de Saint-Hippolyte sur les sec- teurs les plus élevés. Cette pul- lulation se retrouve dans toute la zone correspondant aux troisièmes plateaux du massif du Jura. Sur ce secteur, on était en basse den- sité (5 à 10 %) à partir de 2002-

terrogent encore sur la conduite à tenir. Pour le coordinateur tech- nique, la parade la plus effica- ce consistait à suivre et maîtri- ser l’évolution du cycle depuis

Que faire alors ? Deux solutions sont possibles. La première consiste à ressemer les prairies. Cette opération suppose au préa- lable l’accord de la D.D.A. L’autre alternative passe par un sur- semis des prairies avec des plantes à croissance rapide de type avoine ou ray-gras qui per- mettent de préserver un stock fourrager dès le printemps. “Cet- te méthode est généralement la plus pratiquée. Elle n’est pas sou- mise à des autorisations spéci- fiques car on ne modifie pas le statut de la parcelle.” D avid Roland exploite un domaine de 50 hectares au Bas-de-la-Chaux. “Je n’ai jamais vu des dégâts aussi impor- tants. Cette année, on est touché à 110 %. On en retrouve même dans les talus. Je suis dans l’im- possibilité de savoir si je vais mettre mes vaches dans les pâtures ou les prés de fauche. On a même vu des campagnols venir manger de la paille à l’écurie.” Peu intéressé par la bromadio- lone, cet agriculteur misait davan- tage sur la prédation naturelle. Après avoir acheté 17 tonnes de foin cet hiver, il vient d’en com-

2003. On a enregistré une recru- descence dès la fin 2004 suivie d’un réel démarrage du cycle à partir de 2005 avec une explosion durant l’hiver 2005-2006” , réca-

pitule Didier Perréal, coordinateur technique à la F.R.E.D.O.N. Franche-Comté (Fédé- ration Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles). Le fait que les parcelles

2002 en privilégiant des interventions col- lectives sur de vastes surfaces. “La préven- tion est indispensable. Aujourd’hui, il est trop tard pour engager quoi que ce soit sur les zones

Le facteur cli- matique coïn- cide avec un cycle de pul- lulation.

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aient été longtemps recouvertes de neige a donc favorisé cette dynamique. À l’abri des préda- teurs, les rongeurs ont bénéficié de la protection thermique du manteau neigeux pour se nour- rir et se reproduire en toute tran- quillité. Aujourd’hui, les agri- culteurs les plus touchés s’in-

infestées à plus de 50 %, soit une densité variant entre 150 et 250 campagnols à l’hectare. À partir de ce seuil, les traitements pour- raient contaminer la faune non- cible. Une réglementation inter- ministérielle stipule d’ailleurs l’interdiction d’utiliser la bro- madiolone à ce niveau-là.”

“Au Bas-de-la-Chaux, on est touché à 110 %”

mander 50 tonnes supplémen- taires et prévoit qu’il lui en faudra 40 tonnes à l’automne. “Ce foin qui provient de la plaine est moins bon que le nôtre. Cela se réper- cute sur la quantité et la qualité du lait produit.” Le manque d’herbe est compen- sé par une ration fourragère com- plétée par de l’aliment en tour- teaux ou en céréales, ce qui signi- fie une dépense supplémentaire.

de l’avoine. “Comme les prix des graines augmentent, on va dimi- nuer les doses. Ce semis ne garantit rien en première coupe. Par contre, on devrait avoir de bons rendements en secon- de coupe.” Il se fixe pour objec- tif de tenir ses quotas en inves- tissant davantage dans les compléments, ce que se tra- duira forcément par une bais- se des revenus.

En temps normal, on dénombre une trentaine campagnols à l’hectare. En cas de pullulation, le nombre d’individus atteint les 1 000 à l’hectare. David Roland n’a pu que constater les dégâts.

“Pour limiter la casse, je vends tous les petits veaux.” Au niveau cul- tural, il prévoit de sur- semer du ray-grass et

É chaudés par des pullulations dévastatrices, plusieurs agricul- teurs du secteur de Charquemont, pas forcément portés sur le “tout bro- madiolone”, cherchaient d’autres alter- natives de lutte. L’association “Char- quemont Lutte Anti Campagnols” (C.L.A.C.) est née dans ces circonstances en juillet 2004. Elle regroupe 37 agri- culteurs et emploie une personne char- gée de mettre en œuvre plusieurs méthodes de lutte sur une surface de 1 100 hectares. Le dispositif combine le piégeage, le gazage, l’utilisation de bromadiolone quand la pullulation devient trop impor- tante. À cela s’ajou- tent la pose de per- choirs, un projet d’im- plantation de haies, des modifications des pratiques culturales avec l’alternance fauche-pâture et des essais de mélan- ge fourragers. L’opération est financée par la commune de Charquemont, le Conseil général, la F.R.E.D.O.N., la D.R.A.F. et les agri- culteurs qui versent chacun 11 euros par hectare engagé dans la C.L.A.C. L’idée de combiner toutes les techniques existantes sur des surfaces gérées col- lectivement semble porter ses fruits. “Ce printemps, on constate beaucoup moins de problèmes d’infestation que sur les communes voisines” , commen- te un des agriculteurs concernés. Une C.L.A.C. raisonnée contre les campagnols Charquemont Combiner toutes les techniques existantes.

L’expérience concluante du gazage Grand’Combe-des-Bois L’expérience menée depuis plusieurs années par des exploitants du Plateau de Maîche semble por- ter ses fruits. Elle est basée sur le gazage des taupes au phosphure d’hydrogène.

D epuis l’automne 2002, trois agriculteurs de Grand’Combe-des-Bois et un autre du Russey ont choisi de traiter en com- mun une surface de 270 hectares d’un tel tenant. “Au préalable, trois d’entre nous ont effectué un stage gazage à Valdahon encadré par le S.R.P.V. (Service Régional de Protection des Végétaux), explique Pascal Maillot. La technique consiste à déposer à l’aide d’une canne distributrice des cap- sules de PH3 (phosphure d’hydrogène) dans les galeries creusées par les taupes. C’est une autre façon de neutraliser la progression des campa- gnols car ils empruntent ces galeries.” En 2002, l’opération a mobilisé les quatre agri- culteurs pendant 10 jours. Un temps réduit à trois jours en 2003, puis deux jours en 2004. “L’an dernier, avec la reprise du cycle, on a passé un

peu plus de temps.” Résultats des courses : ce printemps, la densité ne dépasse pas 10 % sur les parcelles concernées. Pour efficace qu’elle soit, cet- te technique suppose pas mal

La densité ne dépasse pas 10 %.

de vigilance et des changements de pratiques culturales. “On fait passer plus souvent les bêtes sur les parcelles. En piétinant les galeries, elles limitent l’infestation. À l’automne, il faut broyer les refus. On a également posé des perchoirs pour les rapaces.”

Le gazage des taupes diminue la propagation des campagnols.

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