Journal C'est à Dire 116 - November 2006

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É C O N O M I E

“Nous ne vivons pas sur le dos de la misère” Le Crédit Municipal se distingue des autres banques par son activité de prêts sur gages. Le principe est simple : on y dépose un bien de valeur contre une somme d’argent. C’est parfois la seule solution pour joindre les deux bouts. La banque, basée à Besançon, reçoit des clients de tout le département. Banque

C’ est à dire : La raison d’être des Crédits Municipaux, c’est le prêt sur gages. Sur quoi repo- se ce principe ? Yvon Pouleau : Le service des prêts sur gages est un monopole des Crédits Municipaux, l’exemple même de notre voca- tion de banque solidaire. Ce ser- vice s’adresse à des gens dému- nis sur le plan des revenus, ou qui sont confrontés à un pro- blème ponctuel de ressource qui pourrait les conduire, à terme, à des situations d’exclusion socia- le ou de déchéance. Dès lors que ces personnes possèdent un bien, elles peuvent venir le déposer chez nous en échange d’une som- me d’argent.

Càd : Vous acceptez tous les biens ? Y.P. : Plus maintenant. Les voi- tures, manteaux de fourrure, tapis… on ne les accepte plus notamment pour des raisons de stockage. Il y a deux grandes catégories d’objets que nous acceptons : les bijoux d’une part (or et pierres précieuses) et les objets divers com- me tableaux, sculptures, objets d’art, à la rigueur ménagères en argent. Cela peut aller de la montre à 20 euros au tableau à plusieurs milliers d’eu- ros. L’estimation de ces biens est fai- te par mes collègues qui ont reçu une formation spécifique et qui ont une délégation de la part du

commissaire-priseur. Ensuite, on fait aux déposants une pro- position de prêt. La personne signe un contrat et on lui don- ne la contre-valeur en liquide. Il s’engage au paiement semes- triel des intérêts. L’objectif étant qu’au final, il récupère son bien après avoir remboursé son prêt.

Les bijoux en or comptent parmi les objets le plus souvent déposés.

en vente son bien aux enchères publiques. Il y a environ trois ventes par an. La dernière a eu lieu le 14 octobre à Besançon. Càd : Dans ce cas, qui empoche la somme de la ven- te ? Y.P. : Si le prix de vente couvre la somme du capital et des inté- rêts, il permet de rembourser le Crédit Municipal. Et si le mon- tant de la vente est supérieur à la somme prêtée au déposant, c’est un boni, c’est-à-dire que la différence revient au déposant. Ça fait partie de notre mission de solidarité. Contrairement à ce qu’on pense parfois, on ne fait pas de bénéfices sur le dos de la misère. Ce système est là pour éviter aux gens de s’enfoncer dans l’exclusion. Càd : Quel est le client-type des prêts sur gages ? Y.P. : Il y a de tout. La person- ne qui a un problème de loyer et que le propriétaire menace

d’expulser, la personne qui a des impôts en retard, ou encore cel- le qui hérite mais qui est inca- pable de payer ses droits de suc- cession en attendant que l’hé- ritage tombe. On a aussi affai- re à beaucoup de gens qui ne savent pas gérer leur budget. Exemple : ils ont un home ciné- ma flambant neuf et ne peuvent pas payer leur loyer. Le profil est vraiment varié. Il y a une catégorie particuliè- re qui représente près de 30 % des cas, c’est la clientèle magh- rébine. Les femmes, qui ont sou- vent des petits trésors en bijoux, jonglent avec ce patrimoine. Beaucoup de dépôts se font alors avant l’été. Pour elles, le systè- me présente un double avanta- ge : elles mettent leurs objets en sécurité au moment d’aller en vacances dans leur pays d’ori- gine et avec l’argent, elles achè- tent de l’électroménager qu’elles revendent là-bas. Le prêt sur gages fait partie de la culture de certains pays, comme les pays

du Maghreb.

Càd : Le prêt sur gages repré- sente combien d’actes par an ? Y.P. : Nous sommes à plus de 3 000 contrats par an, soit au moins 10 par jour. Jusqu’en 2004, l’activité augmentait de 25 à 30 % par an. Càd : L’évolution étonnante des prêts sur gage est révé- latrice d’une société qui perd pied ? Y.P. : Ce n’est pas forcément le signe d’une misère grandis- sante mais c’est révélateur du fait qu’il y a de plus en plus de gens qui ne savent pas gérer leur budget. Ils ont une sorte de gestion infantile, pour ce qui concerne notamment les crédits à la consommation proposés par les grandes surfaces. C’est une vraie dérive actuelle.

“Les bijoux, tableaux, sculptures, objets d’art.”

Càd : Les personnes récupèrent-ils sou- vent leur bien ? Y.P. : Dans 80 % des cas. C’est la premiè- re hypothèse : la per-

sonne peut payer ses intérêts et rembourser son capital, donc elle récupère son bien. Ou alors, deuxième hypothèse, la personne ne peut même pas payer ses inté- rêts et au bout d’un an, on met

Propos recueillis par J.-F.H.

Yvon Pouleau est à la tête d’une équipe de 5 personnes à l’agence bisontine du Crédit Municipal.

Commerce “Morteau Automobiles”, centre de véhicules d’occasion

L e centre de vente de véhi- cules d’occasion “Morteau Automobiles” a ouvert ses portes au 11, rue Saint-Michel à Morteau (face à Champion et à côté de la station de lavage Éléphant Bleu). Cet espace devient ainsi le seul hall cou- vert dédié à la voiture d’occa- sion, non affilié à une marque spécifique. “Nous vendons tous types de voitures d’occasion indique Damien Grenouillet, co-

fondateur de l’enseigne avec Jacques Henriet. Ce qui fait notre force, c’est que nous pou- vons répondre aux demandes vraiment spécifiques de nos clients. Quand on nous deman- de tel modèle de telle marque avec tel kilométrage, nous sommes capables de le trouver. Ce que les clients apprécient aus- si chez nous, c’est qu’ils ne sont pas obligés de se marier avec une marque, ils peuvent chan-

ger quand ils veulent.” Damien Grenouillet et Jacques Henriet avaient créé ensemble GH Auto Service, basé à Villers- le-Lac, en 1999. Au départ, l’en- seigne était plutôt spécialisée dans le lavage de voitures. Mais le marché de l’occasion a vite pris le pas sur cette première activité. “En 2005, nous avons vendu 313 véhicules d’occasion sur Villers. Ces bons résultats nous ont incités à créer un centre à Morteau.” Parallèlement, les deux asso- ciés renforcent aussi leur posi- tionnement sur le marché du lavage de véhicules. Outre une station de lavage à Villers-le- Lac et l’Éléphant Bleu à Mor- teau, ils possèdent depuis 2004 une autre station de lavage à Saint-Vit. Ils en ont racheté une quatrième à Arc-lès-Gray l’an dernier et en ont créé une autre à Houtaud en 2005 également. L’entreprise emploie aujourd’hui cinq salariés. À Morteau, les clients sont accueillis par Lae- titia Faivre.

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Renseignements au 03 81 67 16 39

Un centre de vente dédié aux véhicules d’occasion toutes marques.

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