086542463

PROMENADES

DANS

COPENHAGUE ET AUX ENVIRONS.

Malgré l'attention minutieuse apportée à la correction de ce petit

livre, il y est resté quelques fautes d’impression pour lesquelles

l'auteur sollicite humblement l'indulgence du lecteur.

P R O M E M D Ü 8

DANS

GUIDE DE L’ETRANGER

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(£1)3 llidjarïi.

(ft-vco (2a*le c|; ^Pujucile.

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CODPEKTHAGUE. DANS LES PRINCIPALES LIBRAIRIES. Iiniirimcric de liianco Lmio.

P A R I S .

H A V R E .

CIicz MAISON, quai des Augustin.

Chez J. MORLENT, rue de Paris.

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1848

Donner un résumé succint, mais fidèle, de tout ce que Copenhague renferme de curieux et de remarquable, tel a été le but que s’est proposé l’auteur de ces pages.

Promenades dans Copenhague,

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APERÇU. Copenhague, capitale du Danemark et la résidence du souverain, est sans contredit une des villes les plus belles cl les plus remarquables de l’Europe, tant par sa position agréable sur la rive du Sund, le nombre de ses superbes édifices et celui de ses pro­ menades que par la culture des sciences et des arts qu'on y professe. Située sur la côte orientale de Séeland à 55° 40' 53" de Jatitude Nord et à 30'* 14' 51" de longi­ tude Est du méridien de la pointe occidentale de l‘île de Fer, cette ville est formée 1° par une partie ancienne appelée la cité, 2 ’ par la nouvelle ville, bâtie dans des temps modernes et 3° par Chrislians- havn (le port de Christian). La division municipale est en douze quartiers. Sa population est d’environ 130,000 habitants. Elle est entourée de fossés larges et de rem­ parts fortifiés, plantés d’arbres qui offrent une pro- 1

— 2 — inenîule très agréable. Quatre portes1) , placées dans les remparts, servent de communication avec les faubourgs et la campagne. Les plus grandes et les plus passagères en sont celles du Nord et de l’Ouest. La porte de l’Est se trouve à l'extrémité de la ville, au côté du nord, et la porte d'Amac, an bout de Christiansham , établi sur l'îlcd’Amac et sé­ paré de la cité parle détroitdc Kallebodslrand, un des brasduSund, qui formeun port excellent, sûr et pro­ fond qui peut contenir un nombre d’environ 5000 na­ vires1). Des canaux, branches de ce détroit, s’éten­ dent dans plusieurs parties de la ville, et quelques uns sont navigables pour les plus grands bâtiments marchands. La communication entre Copenhague et Christiansham se fait au moyen de deux grands ponts-levis, Knippelsbro et le pont-long; et sur les canaux par 8 ponts, parmi lesquels, celui du llolm, d’une belle construction en pierre taillée avec des balustrades en fer; celui du château ou le pont eu marbre, et le haut-pont méritent d’être cités. Ce que l’œil de l’étranger a d'abord l’occasion d’admirer, en arrivant par mer, c’est la batterie des Trois Couronnes, construite solidement dans le Sund,1 2 1) Les portes Je la ville se ferment à minuit à l’exception de celle du Nord qui reste ouverte toute l’anncc. 2) La marine marchande attachée au port de Copenhague compte 300 navires jaugeant ensemble lü,0(’0 lests de commerce. Le chiffre des bâtiments expédiés annullcmcnt en douane s’élève à près de 10,000. Copenhague est le centre du commerce du royaume et sa navigation s’étend à presque toutes les parties de la terre.

— 3 - cl servant à dérendre l’entrée dit côté de la rade. Au côté gauche du port, on voit les bastions de la petite île de Nyholm, avec les chantiers de con­ struction, les ateliers et l’arsenal de la marine royale. La citadelle de Frédérikshavn, sur la côte, à droite, domine l’entrée du port. En face est la station des bâtiments de guerre, qui sont aujourdhui au nom­ bre de 7 vaisseaux de ligne dont deux de 66 et de 84 pièces de canon, les autres de 88, - • 9 frégattes de 40 à 48, — 4 corvettes de 20 à 24, — 5 bricks, — 3 schooners, —3 côtres, —85 chaloupes canon­ nières, 12 praincs à mortier et 6 pyroscaphcs. PREMIÈRE PROMENADE. La nouvel l e ville. Le premier édifice qui attire l’attention du voya­ geur, en mettant pied à terre, c’est la douane, dont la belle façade donnant sur le port mérite d’être remarquée. En sortant du quai, on entre dans Toldbodveien, le chemin de la douane, orné, seule­ ment d’un côté, de maisons, cl ayant de l’autre l'Esplanade, l’une des plus agréables promenades de Copenhague, tant par la superbe vue sur la mer qui la borne à l’Est que par l’ombrage de ses belles allées. Trois des principales rues conduisent de Toldbodveien dans l'intérieur de la ville et se diri­ gent en ligne presque droite à Konyens-JSylorv, le nouveau marché du roi. La première, sur la main gauche en venant de la douane, est celle d'Amélie qui traverse la belle place de Frédérik, de forme 1*

— 4 — octogone et bordée par les quatre palais d’Amalie- bourg. Ces palais, séparés par autant d’avenues, sont du style français du temps de Louis XV, et tous de la même grandeur; ils nous rappellent par­ faitement les palais qui bordent la grande et belle place de Nancy; ils ont de chaque côté deux pa­ villons, et leur façade est pareillement décorée. Ils sont à 3 étages, en outre des caves. Le corps avancé du milieu forme le balcon orné de six co­ lonnes d’ordre ionique, couronnées d’un attique. Deux de ces palais sont joints par une galerie sup­ portée par une colonnade d’une admirable architec­ ture. Elle est de Ilarsdorif. Depuis l’incendie du château de Christiansbourg en 1794, ils ont servi de résidence aux rois et à des membres de la fa­ mille royale1). L’intérieur, et particulièrement celui habité par le roi, est décoré de superbes peintures pour la plupart exécutées par les artistes contem­ porains les plus distingués; on y remarque aussi les statues en stuc de Therpsichore et cl’Eulerpe de Thor- valdsen, les premières que l’on se rappelle d’avoir été modelées par ce célèbre statuaire. Dans le palais du roi, on trouve encore une collection précieuse de vases grecs, une collection considérable de mon­ naies et de médailles, des objets antiques en mar­ bre et en terre cuite, des collections bien assorties de minéralogie et de coquilles, ainsi que des collcc-

1) C’était pour le compte de quatre seigneurs danois que furent élevés ces palais, de 1719 à 1764, sur les dessins d'Eigtvvcd.

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tiens de zoologie et de géologie; le tout recueilli par S. M. le roi lorsqu’il était prince-royal. On cite, connue un des beaux morceaux d’ar­ chitecture de Copenhague, le salon et la volière si­ tués dans le jardin du feu roi Christian VII, et qui ont été construits dans le style antique par N.-1L Jardin. Le dôme est élevé sur un rang de colonnes ioniques. Il est difficile de visiter les palais d’Amalie- bottrg sans être muni de recommandations particu­ lières à la Cour. Au milieu de la place s’élève la statue équestre de Frédérik V, en bronze, posée sur un piédestal de marbre blanc. La hauteur en est de 15pieds 11 pou­ ces; celle du piédestal estdc 18 pieds 8 pouces. Les côtés portent des inscriptions qui font l’éloge du roi et indiquent que le monument a été érigé parla com­ pagnie des Indes en acte de reconnaissance. Ce chef- d’œuvre a été modelé par Jacq. Saly et coulé par Gorr en 1768. Parmi les édifices dont la rue d’Amélie est em­ bellie, on distingue encore: l’hôpital royal de Fré­ dérik, dont les deux façades s’étendent sur les rues d'Amélie et de Norvège. Le corps de logis d’une construction peu élevée peut contenir 350 malades. Il renferme une cour très-spacieuse, plantée d’arbres, et disposée en pro­ menades pour les convalescents. Les angles sont or­ nés de quatre grands bâtiments uniformes. Sur les entrées, l’on voit des basreliefs qui représentent la destination de l’édifice.

6 — L’inscription qui est à lire sur deux maisons, à côté de cet hôpital, indique qu’elles servent à as­ surer des secours à la maternité et à l’enfance. L’hôpital commun ou de St. Jean, situé vis à vis, occupe une maison très-spacieuse de style dori­ que; il est divisé en deux parties: l’une dans la­ quelle on reçoit les malades, jusqu’au nombre de 300 individus, et l’autre servant d’hospice pour des indigents, des vieillards et autres personnes infirmes. On en compte plus de 1200. Les personnes qui s’intéressent au soulage­ ment de l’humanité souffrante seront satisfaites des visites qu’elles feront dans les hôpitaux de Copen­ hague. L’arrangement intérieur, l’ordre parfait et la propreté qui y régnent, l’habileté des médecins qui président au traitement des maladies, le contrôle employé pour garantir une nourriture suffisante et saine, tout enfin contribue à leur donner une place distinguée parmi les meilleurs établissements de ce genre que l’on trouve ailleurs. Près de ce dernier hôpital, on voit la maison qui renferme la bibliothèque publique de Classcn. Son extérieur attire l’attention par le grand nombre de colonnes qui supportent Panique. La bibliothèque, qui contient environ 10,000 volumes, est surtout riche en matériaux scientifiques: les mathématiques, la physique et l’histoire naturelle y occupent le premier rang. Le buste du fondateur est placé dans le grand salon, dont le bon goût correspond par­ faitement avec l’extérieur élégant de l’édifice. Elle

— 7 - est ouverte au publie tous es mardi, mercredi, jeudi et vendredi, de midi à 2 heures. 11 reste encore à citer le Casino, élevé en 1846 par une société d’actionnaires sous la direction de Mr. G. Carstensen. L’établissement se compose d’une grande salle de concert et de théâtre, en style de la renaissance, et qui peut contenir plus de 2000 personnes; d'un salon de réunion ou de musique; d’un pergola on jardin d’hiver, passage, restaurant, cales-estaminets, etc. etc. Les décors élégants sont pour la plupart dus au talent de Mr. Carstensen. L’édifice est de l’architecte Stilling. La façade vers la rue d’Amélie est de fort belle apparence. Des bains russes, parfaitement entretenus, se trouvent au no. 158. Lorsqu’on a traversé cette rue, on entre imnié- diatemcntsurlaplace St. Anne. La formeen est celle d’un carré long, ouvert vers le port, et du côté op­ posé, aboutissant à la rue de Norvège. Tout l’intérêt qu’elle fait naître lui vient de sa situation et de sa régularité. Au nord, des maisons particulières; au midi, l’église de la garnison ayant la forme d’une croix latine. Un petit clocher, avec une horloge, est le seul point remarquable de l’extérieur de cet édifice. L’intérieur renferme un bel autel en mar­ bre d’un bleu foncé, veiné en blanc, ayant les cha­ piteaux, les bases et les autres ornements en mar­ bre blanc. Cette église a été élevée en 1704, et destinée principalement aux troupes de la garnison. On trouve, en longeant le quai, entrelcporlctla

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rue d'Amélie, do vastes magasins de commerce et des chantiers de construction. La rue de Norvège, Norgesgadc, qui a égale­ ment sa sortie sur le chemin de la douane n’est pas moins belle que la précédente; on peut même lui donner la préférence à cause d'un plus grand nom­ bre de très beaux édifices. Mais ce qui y attriste l’œil c’est l’état non achevé d’un bel édifice conçu sur un plan magnifique mais n’offrant aujourd’hui qu’nn tas de ruines. Le Roi Frédérik V, qui a beaucoup contribué à l'embellissement de cette partie de la ville, avait fait venir l’architecte français N.-H. Jardin pour construire une église en marbre qui devait avoir 122 pieds de longueur sur autant de largeur, une coupole dans le genre de celle du Panthéon de Rome (l’église délia Maria rotunda), être décorée extérieurement de grandes statues isolées, enfin de­ venir un des plus beaux morceaux d’architecture de Copenhague, et sont ornement. D’après le calcul de Jardin, il fallait 27 ans pour bâtir seulement le corps de l’église, et cent ans de travail pour la décorer entièrement '. L’église a été élevée en dixhuit annéesjusqu’aux chapiteaux du premier rang des colonnes d’ordre corinthien. Depuis 1778, on a cessé d’y travailler, par manque de fonds.1

1) Voir coupes et élévation de l’église de Frédérik par N.-II. Jardin, et essai sur l'histoire des arts en Danemark par Ilcnnings.

* - 9 - Elle est placée vis à vis de la rue de Frèdérik qui conduit à la place du même nom et fait face à dcijx superbes palais appartenant à S. A. II. le prince Ferdinand et au prince Frèdérik de Hesse. Les façades de ces palais sont composées de trois pavillons et de deux corps de logis sur une même ligne. Les pavillons du milieu sont surmontés des armes de leurs propriétaires. Ils sont de Jardin. Un peu plus loin, du même côté, ou distingue la chapelle catholique-romaine, située entre l’hô­ pital de Frédérik et l’académie de chirurgie. Elle a été bâtie en 1842 sur les dessins et sous la conduite de Mr.Hctsch. Sa façade qui porte l’inscription: Chri­ sto redemptori sacrum, est embellie par les sta­ tues en zinc de Moïse, d’Aaron, de David, d’Isaïe et d’Elic placées dans des niches. Le frontispice est surmonté d’une croix dorée, ayant sur les côtés deux anges agenouillés et d’une attitude priante. Sur l’entrée, un hasrelief représentant la Prière, le tout d’un fort bel effet. L’intérieur n’est pas moins remarquable par les jolis tableaux de la Vierge et l'enfant Jésus de Kuppelwicscr et de Ferdinand le catholique par Léopold Schultz, pré­ sent de l’empereur d’Autriche; dans le confcssio- nal, celui du Christ crucifié, par un artiste ro­ main, ce dernier a été donné par le pape. Les 8 magnifiques chandeliers en argent massif, dorés en plein, sont un cadeau d’Amélie reine des Français ; les fonts de baptême ont sur le couvercle St. Jean

- 10 - Baptiste, modelé d’après la figure du groupe de Tliorvaldsen sur le portail de Notre-Dame. La chapelle avec sou école est sous le patro­ nage de la légation autrichienne. Le nombre des catholiques demeurant actuellement à Copenhague est de 550. L’académie de chirurgie à côté de cette cha­ pelle possède une collection intéressante d’objets d’anatomie et de pathologie. Elle date de 173G, et l'ait partie de l’université depuis 1841. Le portail est composé de 2 colonnes ioniques cannelées et couronnées d’un fronton. Il est de Dlcyti. L’école militaire dont la dénomination est: Aca­ démie royale des cadets de Vannée, située vis à vis, et occupant un bâtiment considérable, est distin­ guée tant par la noble simplicité de son architecture que par scs belles proportions. Elle a été bâtie par Platen. Les élèves, dont le nombre est fixé à 120, forment un corps sous le commandement d’un chef, d’uncommandcurctde9 officiers. J.es,sciences y sont enseignées par 18 professeurs. Outre la langue ma­ ternelle on y cultive avec soin le français et l’allemand. L’acadcinic royale des aspirants de la marine se trouve également dans la même rue sous le no. 183. Ce corps n’est composé que de 42 élèves, sous la direction d’un chef et de 3 officiers. Une corvette de guerre est expédiée tous les ans pendant quel­ ques mois dans la mer du Nord ou dans la Baltique afin de procurer aux jeunes marins l’exercice néces­ saire â la pratique de la profession qu’ils embrassent.

11 — L’instruction y est confiée à 12 professeurs. Outre le danois on y étudie l’anglais,le français et l’allemand. La nouvelle caserne de la division de hussards de la garde est renfermée entre la rue de Norvège et le chemin de la douane; ses écuries occupent tout le long du côté de l’Esplanade vers la porte de l’Est. Le magnifique palais de la famille de Schimmcl- inann, l’hôtel du comte de IMoltke et celui de Phé­ nix se distinguent parmi les beaux édifices qui les avoisinent. Cette partie de Copenhague est aussi recherchée du beau monde, que l’est à Paris, le faubourg St. Germain. Devant ce dernier palais, s’ouvre Dronningens- Tvergade, rue traversière de la reine, qui coupe les quatre rues parallèles; grande rue du Koi et celles des Bourgeois, de la Noblesse et de la Princesse royale. Lemusée royol des arts s’y trouve sous le no. 274. 11 est divisé en trois parties. Les antiquités égyptiennes, grecques et romai­ nes occupent les appartements du rez-de-chaussée. Des objets d’art et des curiosités rares de toute espèce sont conservés au premier étage. Le second étage renferme une collection de différents objets de diverses nations hors d’Europe, et à l’aide desquels on peut se faire une idée de leur culte, de leurs mœurs, de leurs usages, de leur degré de civilisation, etc. Plus haut, dans la même rue, sous le no. 341, est l’hôpital d’Abel Catherine, fondé en 1675 par une dame de la cour pour servir de demeure à 23

femmes âgées, qui reçoivent en sus une petite somme par semaine pour leur entretien. Slore Kongensgade, la grande rue du roi, qui a la même direction que l’avant dernière, et abou­ tit comme elle au nouveau marché du roi, compte plu­ sieurs belles demeures particulières. On y voit sous le no. 269 une maison d’éducation pour des enfants pauvres ( Opfoslringshusct) fondée en 1763 dans le but de former des apprentis habiles dans différents métiers. 130 garçons reçoivent ici le logement, la nourriture, l’habillement et l’éducation. Près du nouveau marché du roi, est le palais de S. A. il. la princesse Julienne Sophie. Kongens Nylorv, le nouveau marché du roi, est une des plus grandes places de l’Europe, occupant un terrain d’environ 335,000 pieds carrés. Elle est ornée de la statue équestre de Chris'.ian V érigée en 1668 à la gloire de ce monarque, à l’occasion du code qu’il donna à ses états, et sous l’empire duquel leDanemark a été gouverné jusqu’à nos jours. Sous les pieds du cheval, on voit une figure d’homme, représentant l’envie, qui s’efforce en vain de le faire mordre par un serpent qu’il tient dans la main. Des statues colossales de Minerve, d'Ilercule, d’Alex­ andre et une figure s’appuyant contre un pyramide, offrant les emblèmes de la sagesse, de la bravoure, de la générosité et de l’honneur, sont assises sui­ des gradins aux côtés du piédestal. Le monument est entouré d’une balustrade en fer ayant autour d’elle un espace circulaire recouvert de bitume qui

- 13 — sert de trottoir, et sur les bords duquel il y a 8 candélabres en 1er. Cette statue équestre en plomb est faite par A. César Lamoureux de Lyon. Le château de Charlolttnbourg qui occupe la partie supérieure de la place est un bâtiment con­ sidérable élevé en 1672 par le comte de Gyldcn- lôve, mais qui porte le nom de la reine Charlotte, veuve de Christian V, qui l'acheta pour en faire sa résidence, après la mort de son auguste époux. En 1754, il eut la destination qu’il a aujour­ d’hui d’académie des Beaux Arts. Ce château con­ siste en un corps de logis en lace de la place, en deux ailes dont l’une vers le canal, le nouveau port, et en un bâtiment devant le jardin botanique, dont le rez-de-chaussée servait d’atelier au célèbre Thorvaldscn. La façade qui regarde la place a 80 pieds de longueur. Ses angles sont ornés d’avant-corps et le milieu est décoré de pilastres dont les chapiteaux représentent des têtes d’aigles et divers autres ani­ maux. L’intérieur est bien distribué, tant pour l’usage des cours qne font les professeurs que poul­ ies expositions, etc. Dans le salon des antiques, il y a une quantité de superbes copies eu plâtre de chefs-d’œuvre de l’art en relief et en ronde bosse. On remarque entre autres: le Gladiateur mourant, du Capitole; le groupe de Laocoon, du Vatican; le torse antique et l’Apollon du Belvédère. Plu­ sieurs ouvrages de Thorvaldscn sont la propriété de l’académie. Elle possède aussi une belle col­ lection composée des ouvrages de réception de 2

— 14 - chacun do ses membres; une riche quantité de dessins à la main et de gravures, une bibliothèque choisie et les portraits de tous ses directeurs et de scs professeurs. Son activité embrasse trois classes, savoir: la peinture, la sculpture et l’architecture. La séance annuelle a lieu le 31 mars, et l’exposition se fait pendant le mois d'avril. Ceux qui remportent le grand prix sont envoyés à Home aux frais de l’état. Depuis quelques années, cet édifice a été également employé à l’exposition des produits de l'industrie nationale. Sur le même côté de la place, se trouve l’école supérieure des sciences militaires, fondée en 1830 pour renseignement des officiers qui se destinent à l'état major de l'armée, et pour former des élèves à l’ar­ tillerie, au génie militaire et aux ponts et chaussées. Au bout de cette école militaire, s’avance le théâtre royal, bâtiment isolé d’assez belle appa­ rence. Il date de 1748. Représentations en tous genres du Ier sept, au 1er juin. 1500placcs. L’exécu­ tion de la comédie, du vaudeville et du ballet jouit d’une renommée méritée. L’orchestre est excellent. Sur le côté opposé, une suite de grands et beaux édifices. Le corps de garde principal et l’hôtel d’Angleterre vis à vis de ChavloUcnbourg, et l’hôtel du Nord eu face du théâtre. Au bout de la place, vers ce côté, on distingue, par sa belle architecture, une maison particulière, dite communément le palais d’Erichsen, d’aprèsle nomdeson premier propriétaire. Parmi les bâtiments qui forment le quatrième

- 15 — côte (le cette place, on trouve l’ancien hôtel des Tholt, au coin de la rue de Norvège, facile à re­ connaître par les ornements bizarres du toit qui est en outre décoré d’une quantité de statues allégori­ ques, et par d’autres enjolivements. On y voit la galerie de peinture du comte de Moltkc, qui ren­ ferme outre plusieurs ouvrages classiques des pein­ tres hollandais et flamands les plus éminents, une tète superbe de Ilnbcns et lin chef-d’œuvre de Ni­ colas Poussin, le testament d’Eudamidas. Pour plus de détails, voir le cataloque raisonné de Mr. Hôyen que l’on ne peut se dispenser de se procurer. Cette galerie est ouverte au public du 1« mai au 1er dé­ cembre le mercredi de midi à 2 heures. Les étran­ gers qui voyagent sont admis pendant la semaine quand ils s’adressent à Mr.Môllcr, professeur de l’aca­ démie des beaux arts, demeurant à Charlollcnbourcj. A côté de l’hôtel des Thott la librairie française a établi son dépôt central pour le Nord chez 51r. llôcst, libraire de 1Université, dont on ne regrettera pas de visiter le grand ctbeau magasin qui est fourni de tout ce que la littérature européenne public de plus nou­ veau en tout genre. Parmi les douze rues qui aboutissent au nou­ veau marché du roi, il faut remarquer celle des Goths que l’on voit s’ouvricr à l’Ouest; cette rue s’étendjusqu’au rempart, prèsde laporlcduNord, et, se prolongeant à l’Est par l’un des quais du canal jus­ qu’au nouveau port, elle traverse la ville en droite ligne dans une longueur d’environ 4,400 pieds. 2*

— 16 — En suivant le quai de ce canal, du côte de Charlottenbourg, on trouvera bientôt le jardin bo­ tanique. 11 appartenait à Charlottenbourg jusqu’à 1778, lorsqu’on commença a y cultiver les plantes étrangères pour l’étude de la botanique. On y trouve des arbres, des arbustes et des végétaux de tous les pays de la terre. Le jardin possède une bonne bi­ bliothèque, et l’on y conserve les manuscrits et les herbiers de Wahl et de Kamphôvcner, botanistes danois fort estimés. Nous rapportons ici comme une rareté que le palmier sagou (Cycas circinalis) qui se trouve dans la grande serre chaude, a porté fruit en 1845 et 1847. Chose remarquable, car il n’y a qu’un seul arbre de cette espèce (dans le jardin botanique d’Edimbourg) que l’on a vu fleurir en Europe. Le jardin est ouvertaupubliclcsjeudisde8hcu- rcsàmidictde2à7heures. Les voyageurssontadmis dans la semaine quand ils s’adressent au jardinier en chef. • En avançant toujours dans la même direction, on verra l’hôtel de la Monnaie, au fond de la ruelle du même nom, et si l’on se dirige vers la pointe du quai, l’on aura l’occasion de jeter un coup d’œil sur le mouvement du port. On embrasse ici son en­ ceinte depuis l’entrée jusqu’au pont de Knippcls- bro, bordé sur le côté opposé par Christianshavn, avec ses vastes chantiers de construction et des magasins le long des quais, dominé de plus dans le lointain par la tour majestueuse de Noire-Sauveur,

— 17 — tout cela présente un point do vue admirable. A gauche, sur le même plan, Nijliolm avec les Ilots qui y sont joints et sur lesquels on aperçoit l’ar­ senal de la marine, les parcs aux boulets, les ma­ chines à mater les vaisseaux, etc. En retournant sur la place d’où l'on était parti, passons par la rue des Goths qui conduit an château et au jardin de Jiosenbourf/. Ce château a été construit en 1604 sous la direction de l’architecte anglais Inigo Ioncs, pour servir de résidence d’été au roi Christian IV. Etant alors situé hors de l'en­ ceinte de la ville, il fut selon la coutume de ce temps, entouré de fossés et de fortifications qui existent encore aujourd’hui. Le style est moitié gothique «fcmoitié hollandais. Le milieu de la fa­ çade, vers la place d’exercice, est orné d’une grande tour; celle qui donne sur la cour, de deux plus petites d’une grandeur égale. Entre ces dernières, il y en a une quatrième dans la­ quelle on a placé l’escalier principal, mais elle est sans flèche et ne va qu’à la hauteur de l’édi­ fice. Le château comprend 3 étages, outre les sou­ terrains. La hauteur en est de70 pieds, etla longueur de 152. La grande tour a 148 pieds de hauteur. N’étant pas habité, il sert à garder les joyaux de la couronne, et une quantité nombreuse d’objets curieux qui ont rapport aux princes de la dynastie régnante et à d’autres personnages historiques, tels que des objets d’art et des raretés de toute espèce,

- 18 - tableaux et portraits, armes') et meubles, clfcts d'habillement, de couronnement, etc. etc. Une collection de verreries vénitiennes est très estimée des amateurs, d'autant plus que le procédé employé pour la fabrication de ces beaux ouvrages s’est perdu aujorud’hui. Si ce n’est aux (Jobelins de Paris, ou dans la manufacture royale de Bruxelles, on trouvera difficilement des tapisseries dont la beauté de l’ouvrage et la ressemblance des person­ nages surpassent les douze excellentes pièces qui décorent les côtés du salon des Chevaliers, et qui ont été fabriquées par le nommé van Eichen dans la petite ville de Kjflgc. La description des curiosités conservées au château de Koscnbourg donne de plus amples ren­ seignements sur chaque objet en particulier. Cet ouvrage a paru dernièrement en français par .Air. Stoucnberg, demeurant près du château, dans la maison entre les deux cours, et auquel on doit s’adresser pour le voir. Le prix d’entrée est de 3 risdales, mais des sociétés peuvent y être admis­ ses pour le même paiement. La collection royale de monnaies et de mé­ dailles conservées à ltosenbourg comprend:

Le cabinet romain, le cabinet grec,* IV

1) On y conserve le sabre que portait Gustave Adolphe à la bataille de Liitzcn, envoyé par la reine Christine à Christian IV comme un souvenir de son illustre père. L’épée de Charles XII, offert par lui au brave colonel norvégien Krusc s'y trouve également.

19 — le cabinet danois et celui des copies.

La collection de monnaies romaines est riche de plus de 20,000 pièces, tant des plus anciennes cpie de celles qui ont etc frappées au temps de la répu­ blique, sous les consuls, et les monnaies de l’empire. La collection grecque, ornée d’après le système d’Eckel, contient environ 10,000 monnaies. Ce ca­ binet est encore remarquable par une quantité de monnaies eufiques, peisannes et japonnaiscs en or et en argent, et par des pièces antiques fort rares de l’Asie et de l’Afrique. Dans le troisième, on trouve des monnaies et des médailles danoises depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours; des monnaies et des mé­ dailles anciennes et modernes des pays étrangers. Le cabinet des copies est composé d’environ 8,000 pièces en soufre ou eu plâtre. Cette partie de la collection sera successivement augmentée de copies des monnaies les plus rares et les plus esti­ mées des musées européens. Les monnaies antiques forment la collection la plus complète parmi celles de tout le Nord. Il existe à cet égard: Calalogus nummorum vclerum tnusei regis danias, par Ilamus. On trouve dans les salles des livrets d’explication sur toutes les monnaies exposées à la vue des visiteurs. Ouverte au publie depuis le 1er mai jusqu’au 1 er novembre 'c lundi de midi à 2 heures. Pendant l’hiver on n’y admet quo ceux qui souhaitent d’y faire des études.

20 — Le spacieux jardin de Roscnbourg, embelli de statues et de belles allées, offre une très agréable promenade aux habitants. Au bout de l’allée des Cavaliers, on voit la loge d'ilcrculc, bâtie dans le style antique sur le plan de IlarsdorfT. Entre les colonnes du milieu de la façade, on trouve la statue d'ilcrculc, de grandeur naturelle, déchirant la gueule d’un lion. Cette belle pièce, formée d’un seul bloc de marbre blanc, a été faite à Florence en 1709 par Jean llaratta. Deux statuettes d’Apol­ lon et de Flore, également de Rarattn , et en mar­ bre, sont placées dans les niches des côtés de la fa­ çade. Les basreliefs représentant Hercule ctOmphalc, appliqués sur les murailles, au-dessus des niches, ont été modelés par Dajon. Le groupe en fonte représentant un combat entre un lion et un cheval posé sur un piédestal vis à vis du pont qui conduit du château au jardin, fut fait en 1618 d’après l’an­ tique du Capitole. Il y a au centre du jardin un jet d’eau formé d’un bassin circulaire, au milieu duquel s’élève un groupe fort joli, qui représente l’Amour monté sur un cygne lançant de l’eau par le bec. Coulé eu bronze par Chrislenscn sur un modèle de Freund. Le jardin de Ilosenbourg présente, avec scs dépendances, un parallélogramme presque carré, séparé de la rue de la princesse royale, Kronprind- sessegade, par une grille en fer, divisée de distance en distance par des pavillons uniformes qui servent

21 - de boutiques. Le côté opposé, vers le rempart, est borné par le château et la caserne de l’infanterie de la garde. Le rez-de-chaussée servait autrefois aux orangeries du château. Entre cette caserne et le jardin, se trouve la place d’exercice qui donne sur la rue des Gotlis. L’infanterie y fait tous les Jours la parade à 11 heures avant de monter la garde. Le hangar pour l’exercice des troupes en hiver qui ouvre sur la place et l’établissement des eaux minérales artificielles sont élevés sur le terrain du jardin du côté de cette rue. Cet établis­ sement fournit presque toutes les eaux minérales connues, parfaitement imitées et aux mêmes degrés de température que les sources les donnent aux bu­ veurs. Le jardin est séparé par un mur do $ôlvgadc, la rue d’argent. Une partie du terrain qu’il occupe vers ce côté forme un jardin clos avec un grand nombre de serres chaudes, parfaitement entretenues, dans lesquelles l’on cultive des fruits du midi pour l’usage de la cour. Avant que le caprice de la mode eût aban­ donné ce charmant lieu de promenade, il y avait pendant labcllesaison des concerts fréquents donnés parla musique des divers régiments de la garnison. On venait alors pendant les soirées d’été, dans la loge d’IIcrculc, mise â la disposition du public, prendre des rafraîchissements aux sons d’un bon or­ chestre. Avant de quitter cette partie de la ville, l’on a encore à visiter entre ce jardin et la porte de l’Est:

dabord la fabrique de toile à voile de la marine qui occupe un nombre d’environ 500 ouvriers, Sôlvgadc, 478, et l’hôpital de la garnison sis à l’entrée de Ili- gensgade qui touche à Sôlvgadc et contenant 514 lits. Ensuite la grande caserne de l’infanterie de ligne formée de quatre bâtiments considérables et isolés au coin delà dernière rue et du rempart; au dessus de l’entrée on voit des attributs de guerre en fer fondu. Puis l’école militaire de gymnastique, située au bout de cette caserne du côté du rempart. A quelque pas do là est la prison Stokhusct pour les hommes condamnés aux travaux forcés. — Les marins du service actif et les ouvriers de la flotte, 2,500 hommes, ont leurs habitations dans cette longue suite de petites maisons, Nybàdcr, qui s’étendent dans le nord de la ville et forment comme un quartier à part, où l’on a établi des écoles gra­ tuites et un hôpital pour 200 malades. La citadelle de Frédcrikshavn qui forme le point nord de la ville a été construite sous Frédérik III par l’ingénieur hollandais L. v. Haven, et domine, par sa position, l’entrée du port. Scs remparts, ombragés d’arbres, offrent une promenade char­ mante tant par l’air embaumé de la mer que l’on y respire que par le spectacle animé que présentent le passage du Sund et l’entrée et la sortie du port. .Mu­ sique tous les jeudi de 5 à 7 heures pendant la belle saison. C’cstle cantonnement d’un bataillon de chas­ seurs et d’une compagnie du corps de génie. Elle renferme une église au servisc des troupes. Les pou-

— 23 - - drièrcs servent de prisons aux forçats les plus dan­ gereux. Ce que nous avons dit des remparts de la citadelle est encore applicable à Langelinie qui l’entoure du côté de la mer et en fait partie. C’est la promenade de prédilection et le rendez-vous du beau monde. II faut être pourvu d’un billet délivré par le commandant de la citadelle pour se promener sur ses remparts et sur scs fortifications extérieures, Langelinie et Smedelinien. Le prix de ce billet, valable pour un an et qui se vend au profit des pauvres est de 3 fisdales. 11 se trouve dans tous les hôtels garnis à la disposition des voyageurs. SECONDE PROMENADE. La c i t é. Avant d’entrer dans la partie ancienne de Co­ penhague, il faut indiquer à l’étranger la direction de quelques rues, afin qu’il soit plus facilement en étal de se guider dans les courses qu’il se propo­ sera de faire. Il suffit d’un regard jeté sur le plan ci-joint pour retenir une ligne qui traverse la ville du nou­ veau marché du roi à la porte de l’Ouest. La rue de l’Est, Ostergade, sort de cette plaee et mène au marché d’Amac, Amagerlorv, continué par la rue Vimmclskaftcl au vieux marché, Gam- mellorv, d’où la rue de Frederiksberg conduit au marché aux foins, Halmtorvet, à l’entrée de la porte de l’Ouest. Du marché d’Amac, dont la situation est à

— 24 peu près au centre de la ville, la rue de Kjôbmagcr- gade mène vers la porte du Nord cl la place du Haut-pont, celle du château et le quai de la bourse vers Christianshavn. Oslen/nc/eestla rue de prédilec­ tion, aussi la circulation yest elle toujours très grande Toutes les maisons sont disposées en beaux maga-- sins. La placedullaut-pont, Hôibroplads, est remar­ quable par sa régularité et son entourage de mai­ sons bien bâties. Au fond de lille Kirkeslrœde , une des huit rues qui y aboutissent et à peu de distance de la place, se présente le beffroi de Copenhague, la tour de St. Nicolas, qui faisait autrefois partie de l’église de ce nom, consumée dans le terrible in­ cendie de 1795, qui mit la moitié de la ville en cendres. Au sommet de la tour on jouit d’un point de vue admirable. L’oeil plonge à plusieurs lieues en mer; on distingue parfaitement les ports suédois Malniii et Landscrona et l’on aperçoit les tours de la cathédrale de Rotschi|d. Les gardiens chargés de faire des signaux en cas d’incendie, ont de bonnes longuevues à offrir aux visiteurs. Sur les côtés et derrière la tour s’étendent en ligne parallèle les nouvelles halles aux viandes qui ont été reconstrui­ tes en 1846 dans le style gothique par Ilagemann. La place du Haut-pont est jointe à celle du Château par le haut-pont, l’un des sept qui com­ muniquent entre la ville et Slolsholmen , l'île du château, sur laquelle se trouvent plusieurs monu­ ments des plus remarquables de Copenhague, tels

— 25 — que: Le château de Christiansbourg avec son église, le muscc de Thorvaldscn, la bourse, la banque na­ tionale, la chancellerie royale, l’arsenal militaire, la bibliothèque royale, etc. Le château de Christiansbourg est élevé sur le même emplacement où le célèbre évoque Absa- lon fit construire en 1167 un château fort pour la défense de la ville et de la côte contre les pirates Vandales, et où, dans les siècles suivants, plusieurs maisons royales se sont succédé. Ce susperbe édifice est bâti dans un style grandiose et dans des proportions parfaites. La grande façade du coté de la place a .360 pieds de longueur. Le milieu, où la porte principale est placée, a un avant-corps peu saillant portant 6 colonnes corinthiennes cou­ ronnées d’un fronton triangulaire dont le tympan est orné d’un vaste basrelief, emblème de la force gou • vernemcntale; exécuté en terre cuite par Borup d’après la composition de Thorvaldscn. Quatre basreliefs en marbre, sculptés par Thor­ valdscn, représentant Minerve et Prométhée, Her­ cule et llebé, Jupiter et Némésis, Esculapc et llygic, sont appliqués sur la muraille, au dessus d’autant de niches, aux côtés de la porte; ces niches atten­ dent les statues colossales d’Hcrculc, Minerve, Né­ mésis et Esculapc. La première est de Thorvald­ scn d’après les esquisses duquel les trois autres ont été modelées par Bisscn et coulées en bronze par Dahlhoir. Au-dessus de la porte, est une inscription en latin faite en lettres d’or sur une plaque de mar- 3

— 26 — Inc blanc, <[iii annonce «pic le château élevé par Christian VI et détruit par l’incendie sous le régne de Christian VII a été réédifié par I'rédérik VI en 1828. Les angles de celle façade ont aussi des avan­ ces mais d’une saillie presque insensible à l'oeil, surmontés de pareils frontons, ayant les croisées du 1er étage entourées de petites colonnes engagées, supportant des frontons circulaires et bordées de balustrades. La cour du château présente un carré parfait entouré de ce corps de bâtiment, et de deux ailes jointes par une colonnade, en dehors de laquelle il y a une grande place entre les bâtiments du manège royal et le théâtre de la cour, sur la ligue desquels deux ailes qui ont chacune la forme d'un quart de cercle sont occupées par les écuries du Roi, et se prolongent vers l’entrée devant lo pont de marbre. Au rèz-de-chauSSée une galerie voûtée percée de 86 arcades. Cette place, qui forme l’avant cour, à 460 pieds de long sur 380 pieds de large. Le milieu est disposé en manège découvert. La décoration delà façade occidentale consiste en un rang de pilastres corinthiens et en quatre colonnes doriques engagées, surmontées d’un fronton trian­ gulaire formant portail. Les fenêtres du premier étage sont couronnées de pareils frontons, à l’ex­ ception de celles dans les angles dis ailes qui sont décorées comme les croisées qui sont aux côtés de la façade orientale. L’intérieur est décoré de superbes morceaux île sculpture et de peinture exécutés par les nrtis-

— 27 — tes danois les plus habiles. Le premier étage du principal bâtiment est surtout décoré avec beau­ coup de goût et de richesse, et orné d'ouvrages d'un grand mérite. On y voit entre autres: L’en­ trée triomphale d’Alexandre à Babylonc, basrelief en marbre de Thorvaldscn, placé à l'entrée de la salle des Chevaliers. Cette magnifique salle, qui a 120 pieds de long sur 50 de large, et une hauteur de 44, a sur les côtés une galerie supportée par 16 colonnes corintiennes ; elle est enrichie d’un vaste basrelief de Bissen représentant l’expédition de Cé- rès et de Bacchus. La hauteur de ce basrelief est de 2 pieds 7 pouces; il contient plus de 300 ligures. La frise, dans un autre appartement, re­ présente dans un basrelief de 160 pieds, le dernier combat des anciens dieux dans Ragnarok , sujet pris de la mythologie du Nord, par Freund et Jlisscn. La salle du trône mérite également d’être visitée avec une attention particulière. Le baldaquin est supporté par deux belles cariatides en marbre car­ rare de Thorvaldscn. Les tableaux historiques de cet appartement sont d’Eckersberg; ceux du salon des Cavaliers de Lund. Les autres appartements possèdent des ouvrages de Môllcr et de Blunk La galerie royale de tableaux occupe 13 grands appartements du 2e étage, décorés à la pompéienne. La collection compte environ 600 tableaux. En outre de quelques excellents ouvrages italiens et de plusieurs autres très distingués de peintres fia— 3»

28 — niands, ccttc collection présente encore une plus grande richesse en ouvrages de l’école hollandaise. 11 y a ainsi de ces écoles plusieurs toiles de Salva- tor Rosa, Rubens, Rembrandt, T. Micris, G. Dau, J. Hackaert, Jh. v. Hagen, J.Both, Ruysdacl, Ewer- dingen, Dubbcls et v. Uuysuni. La collection étant beaucoup plus riche en paysages et en marines qu’en histoire, et par cela même n’étant pas régulièrement composée, olfrc au visiteur plus de sujets de contemplation à la vue de chaque tableau que n’en procure le développement cl l’expression de l’art dans scs diverses périodes. Dans l’aile gauche est le beau salon de la Cour suprême de justice où le roi préside à l’ouverture solcmnelles des audiences le premier jeudi demars. On remarquera devant la chaise de S. M., 3 lions d’argent de grandeur naturelle pesant ensemble 251 livres; les tribunes de la famille royale et celles du corps diplomatique sont élégantes et bien distri­ buées. Le rez-de-chaussée de l’aile opposée ren­ ferme le musée des antiquités du Nord. Ce superbe musée, auquel la nation porte beau­ coup d’intérêt, est très grand; il tient le premier rang parmi ceux du même genre en Europe. 1 est composé d’objets antiques qui ont été trouvés dans toute la Scandinavie, et particulièrement dans le Danemark, comme outils, ustensiles, armes, etc., en pierre, en bronze et en fer; des urnes, vases à conserver les cendres et les os des morts, en terre cuite, en bronze, en verre et en or; des bijoux pré-

— 29 — cicux; des parures en ambre, en or et en argent; des pierreries et des mosaïques d’une rare beauté, etc. 11 y a une collection comparative d’antiquités amé­ ricaines et autres, et une quantité d’objets dont se servent les insulaires dans l'Océan pacifique. On y a joint des meubles, des armures, des vitraux, des effets à usage plus ou moins précieux du moyen âge, des objets qui ont appartenu au culte catholi­ que dans le Nord, etc., le tout exposé dans un ordre admirable. La collection d’antiquités, riche de plus de 10,000 pièces, parmi lesquelles plus de 1000 sont en or et en argent, s’augmente considérablement par des fouilles continuelles dans les îles danoises. Ouvert le lundi de 5 heures à 7 et le jeudi de 11 heures à 1. Sur la ligne delà façade principale, s’étendent deux galeries égales et parfaitement proportionnées. Celle à droite joint l’église au château qui, par l’autre, est uni à l’édifice de la Chancellerie, il y a une porte dans le milieu de chacune de ces gale­ ries conduisant aux cours extérieures du château. Une de ces cours vers le Sud est renfermée par l'aile gauche du château, le bâtiment de la bi­ bliothèque royale et une des sus dites galeries, en face de laquelle s’en trouve une autre qui joint le château â la bibliothèque. La quatrième cour est entre l’aile droite, le musée de Thorvaldscn et l’église du château. Cette belle église qui a été bâtie eu 1820 sur

- 30 — le plan de Ilansen, a son portail élevé sur un en­ tablement de six marches; il est forme de quatre colonnes ioniques couronnées d’un fronton dont le tympan recevra bientôt un basrelief représentant la résurrection, exécuté en terre cuite par Borup sur une composition de Thorvaldscn. La nef, car­ rée, est bordée par quatre piliers sur lesquels il y a autant de voûtes demi circulaires qui soutiennent la coupole. Les murs sont en marbre poli. A re­ marquer: les quatre basreliefs de Bissen et les sta­ tues des évangélistes, dont celle de St. Luc a été modelé par Freund, les autres par Christensen. D’ici nous allons considérer le musée de Tlior- valdsen élevé par souscription en honneur de l’im­ mortel artiste, pour y conserver ses ouvrages, par lui offerts à son pays, avec des collections précieu­ ses de tableaux superbes, de monnaies antiques, de vases étrusques, d’antiques en marbre, en terre cuite et en bronze, copies de cliefs-d’œuvres de l’art, etc., recueillies pendant son long séjour en Italie. Ce monument qui peut passer pour l’un des plus beaux de la capitale a été commencé en 1837 sous la direction de l’architecte Bindesbôl, et se di­ stingue par une distribution des salons meilleure que celle que l’on est habitué à voir dans les mu­ sées de sculptures étrangers. Ce monument, de style grec, a la forme d’un carré long et renferme une cour pavée en asphalte, au milieu de laquelle re­ posent les cendres du grand artiste. 43 pièces ou­ tre le vest'bulc, et les corridors également destinés

31 - à recevoir les plus grandes statues et les basreliefs des plus grandes dimensions. Le rez-de-chaussée est seulement occupé par les ouvrages de Thor- valdscn; les collections sont conservées an pre­ mier étage. L’édifice a 220 pieds de long sur 120 pieds de large et une hauteur de 44 pieds. On a incrusté à la manière étrusque sur les deux côtés et à la hau­ teur du rez-de-chaussée, au nord : l’arrivée et la ré­ ception de Thorvaldsen dans la rade de Copenhague; au sud: le transport de scs ouvrages. Une Victoire dans un char triomphal, attelé de quatre chevaux, coulée en bronze sur un modèle de Uisscn, est pla­ cée sur la façade occidentale, au-dessus de la porte du milieu. On monte sur un large perron à cinq portes qui donnent entrée dans le vestibule qui a une longueur de 110 pieds sur une largeur de 30 et une hauteur de 40 pieds. Tous les plafonds sont voûtés à la romaine et ornés de peintures à fresques qui font le plus grand honneur aux artistes qui en ont été chargés. A consulter: Thorvaldsen et ses ouvrages par J.-M. Tliielc édité en danois et en allemand, id. des­ cription du musée de Thorvaldsen par llôycn. La bibliothèque royale, dont nous avons déjà indiqué remplacement, est riche de plus de 400,000 volumes imprimés en ouvrages de littérature tant ancienne que moderne, et de 15,000 mamicrits parmi lesquels il y en a de très précieux en diverses lan­ gues européennes et orientales.

32 -

Les salles eu sont ornées de portraits etdc bustes de savants danois. Elle est ouverte tous les jours de 11 heures à 2, excepté les dimanches et les fêtes. Dans le même édifice, on trouve la collection royale de gravures, composée de plus de 80,000 feuilles. Une partie de cette belle collection est appelée Pinacolheca dano-norvegia; il exsiste à cet egard un catalogue imprimé. Ouverte les mardi et ven­ dredi de 11 heures à 2. La porte que l’on voit s’ouvrir à droite, nu bout de la bibliothèque, mène aux magasins de vi­ vres delà marine qui s’étendent jusqu’au bord de l’eau. Au sortir de la cour, devant la bibliothèque, et entrant dans la rue de l’arsenal, Tôihuusgade, on trouve d’abord l’entrée de l’arsenal militaire, eta­ blissement qui renferme toute espèce d’armes pour 80,000 hommes, une multitude de pièces de canon et des mortiers de divers calibres, ainsi qu’une col­ lection choisie d’armes d’inventions européennes qu’on ne peut voir qu’avec la permission du gou­ vernement. L’édifice qui touche à l’arsenal est l’hôlcl de l'écuyer, habité par le grand écuyer de la cour cl les écuyers du manège royal. En quittant la rue de l’arsenal, et prenant par la cour que vous venez de quitter, on se retrouve en peu de temps sur la place du château. La forme en est triangulaire, bordée sur le côté opposé duché-

— 33 tcau par le canal, et ayant sur le troisième côté la Bourse et la Chancellerie royale. La Chancellerie occupe unvaste édifice qui ren­ ferme les principaux bureaux d’administration du gouvernement et les archives du royaume. Elle se divise en deux parties distinctes: la chancellerie da­ noise et celle des duchés de SIcsvig, de llolstein et de Lauenbourg. La Bourse, située au coin sud-est de la place du château est un monument d’une admirable archi­ tecture qui a été élevé en 1624 par ordre de Chri­ stian IV sous la conduite de Stecnvinkcl. L’édifice à 406 pieds de longueur sur 66 pieds £ de largeur et comprend deux étages. La tour, élevée sur le milieu, se distingue par­ ticulièrement par sa construction et mérite d’être visitée attentivement. Quatre dragons monstrueux se reposant, et les tètes tournées vers les quatre points cardinaux, étendent leurs queues qui s’entre­ lacent en l’air et forment de cette manière la flèche. Sa hauteur est de 176 pieds. Les longues façades sont richement décorées de figures et autres ornements en pierre de taille. Aux deux bouts de l’édifice, sont les portails dont celui qui est vers la place, olTrc un fort bel aspect, orné en outre de quatre colonnes isolées, d’ordre toscan du plus beau marbre oriental, posées sui­ des piédestaux. A cette entrée qui se trouve de niveau avec le premier étage conduit une montée douce plantée d’arbres et soutenue de chaque côté

- 34 — par un mur.cn pierre de taille dont le bas est ter­ miné par les statues de Mercure et de Ncptun. En venant de la place, on entre d’abord dans la grande salle où s’assemblent les négociants de 2 à 3 Iis. 2 . Le tableau historique que l'on y voit représente la visite de Christian IV chez le célèbre astronome Tycho Crabe dans l’ilc de Ilvcen. Il est de F. Ilôyer. La salle en forme d’amphithéatre, dans laquelle se font les ventes publiques de marchan­ dises, et les bureaux des compagnies d’assurances maritimes y aboutissent. Le milieu de l’édifice est occupé par un bazar qui se développe de jour en jour. Vers l’entrée du côté de Christianshavn : les bureaux d’assurances contre l’incendie; la salle des réunions pour la société des négociants. Le rez - de-chaussée, dont le plan est à peu près au niveau du sol, est distribué en une ving­ taine de boutiques qui. à cause delà situation avan­ tageuse de la bourse, entre deux canaux, jouissent de la commodité que les navires peuvent sc ranger devant la porte de chacune d’elle pour charger et décharger. La Banque nationale sur le côté occidental et tout près de la bourse, est un bâtiment carré, con­ struit en pierre de taille et réuni a la bourse par une petite galerie qui mène à l’assemblée des né­ gociants. Dans la suite de maisons qui s'étendent de la chancellerie en ligne parrallèlc avec la bourse, se

— 35 - trouve le commissariat général de guerre, la caisse des veuves et le débit de papier timbré. Ajoutons qu’il y a un corps de garde derrière la Bourse, et que la maison qui forme le bout du quai de la Bourse appartient au commerce royal du Groenland. Il n’existe pas d’autres bâtiments publics dans l'île du château. Le mouvement qui règne sur le quai de la bourse, fréquenté par presque tout le monde qui se rend ou qui vient de Christianshavn, est toujours très grand. On y observe aussi une grande activité de commerce occasionné par une infinité de navi­ res, constamment en charge et en décharge le long du quai. C’est sur le pont de Knippelsbro qui conduit d’ici â Christianshavn, que l’on jouit du point de vue le plus favorable pour examiner le port. A l’autre extrémité du quai se présente, au fond: le Haut-pont et une partie de la place du même nom ; â gauche: les façades de l’église et du château de Christiansbourg, â droite, sur l’autre côté du canal: la rangée de belles maisons du vieux ({uni, parmi lesquelles l’hôtel royal, le pont et l’église du Holm avec sa chapelle sépulcrale. Cette dernière église fut bâtie l’an 1(317; agran­ die et changée en forme de croix en 1610. La chaire et l’autel en bois do chêne sont travaillés avec beaucoup d’art. On y remarque quelques bons tableaux. Dans la chapelle reposent les cé-

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