un autre choix

Mais aussi : combien de lames de rasoir, d’emballages volumineux, d’objets inquiétants, de machines abîmées, de matériaux inassimilables, d’engins rouillés, de ruines fumantes ?

Là où l’animal n’aura laissé peut-être que les débris d’une ruche, les restes d’une carcasse déchiquetée, un tunnel creusé sous le sol ou un nid éparpillé par le vent d’hiver, c’est une cargaison formidable et incompréhensible que nous récoltons à grand peine.

Les produits que laisse l’animal sont tous organiques et peuvent être récupérés par d’autres activités de la matière terrestre.

Des âges durant, ceux de la vie humaine demeuraient assimilables : à terme, la Nature les absorbait.

Aujourd’hui nous nous querellons à propos de la signification historique d’un fragment de poterie déterré par une pioche mécanique et nous gaussons de pouvoir alors prouver la noblesse recommandable de notre lignée et, alors même que nous formulons nos arguments dans un courrier électronique, nous sommes responsables d’une débâcle matérielle sans précédent.

Ou complices.

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Enfants de l’univers, nous sommes bien fiers de nos accomplissements.

Et même alors que les méfaits de notre obscur égotisme semblent prêts à former la masse déferlante qui va nous annihiler, nous préférons encore tenter d’extorquer de la matière d’autres secrets qui assureront la perpétuation de notre jouissance. Enfants de l’univers, d’aucuns parmi nous, parfois et pourtant, se souviennent, et leur nombre aussi grandit : ils se souviennent d’un très ancien choix, d’un très ancien rêve, d’un très ancien serment, d’un très ancien engagement – servir le Vrai, le Juste et le Vaste dans son devenir infini, dans sa manifestation d’harmonie toujours neuve et toujours unique et vive de joie puissante et créatrice.

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