La Presse Bisontine 93 - Novembre 2008

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

N° 93 Novembre 2008

2 €

Le troisième mercredi du mois

Mensuel d’information de Besançon et des cantons d’Audeux, Boussières, Marchaux, Quingey et Roulans.

Besançon doit-elle se payer un tramway ?

Le choix financier sera tranché fin novembre

Le renouveau des Clairs-Soleils Le quartier des Clairs-Soleils est en profonde mutation. La vie se réorganise, les barres lais- sent place aux résidences. Le renouveau est en marche. p. 13 Politique culturelle : la stratégie d’Yves-Michel Dahoui

Yves-Michel Dahoui, adjoint à la culture, revient sur son nouveau rôle et sur la volonté de la ville de trouver enfin un événement culturel à la hauteur de ses ambi- tions. Interview-vérité. p. 8 Travail le dimanche : le débat est ouvert Aux Galeries Lafayette et dans d’autres entreprises, la question du travail dominical resurgit à l’approche des fêtes. p. 34

Lire notre dossier p. 14 à 21

Dépenses : la Chambre des Comptes épingle la Région On ne se refuse rien au Conseil régional ! Lire l’événement en p. 6-7

Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 5 bis, Grande rue - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81

L’INTERVIEW DU MOIS

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La Presse Bisontine n° 93 — Novembre 2008

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 5 bis, Grande Rue B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : publipresse@wanadoo.fr Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Aline Bilinski, Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Besançon Médias Diffusion - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Octobre 2008 Commission paritaire : 1102I80130 Crédits photos : La Presse Bisontine, A.F.I.F., Aldebert, C.A.G.B., C.C.P.O., C.P.E., C.T.S., Yves Petit, Maurice Tschantré. Concertation À Besançon, on commence à en avoir lʼhabitude, quand on est sur le point de valider un grand projet, on lance une vaste consultation. Ce vocable aux consonances médicales rassure, il prend les traits du plus haut degré de la démo- cratie locale, où lorsque le citoyen veut exprimer une idée ou une opposition, celle-ci est immédiatement prise en compte par les décideurs. Hélas, la réa- lité est quelque peu différente. La loi, désormais, oblige les collectivités à lan- cer une phase de concertation préa- lable publique avant toute validation dʼun projet qui “par son importance ou sa nature modifie de façon substantielle le cadre de vie de la commune.” Cʼest aussi le cas pour les plans locaux dʼurbanisme (on lʼa vu lʼan dernier) ou pour la préparation dʼune Z.A.C. (aux Marnières par exemple). A donc débu- té récemment la phase de concertation préalable à la création dʼun transport en commun en site propre (T.C.S.P.) sur lʼagglomération bisontine. Son pré- sident Jean-Louis Fousseret a démar- ré cette campagne dʼinformation par une grande réunion publique à Micro- polis le 13 octobre. Schémas à lʼappui et crayon laser à disposition, le profes- seur Fousseret a décliné les principales orientations des élus et des techniciens du Grand Besançon devant un parter- re de citoyens. On pourrait affirmer que ce genre de grand-messe est mieux que rien, un progrès par rapport à lʼépoque où nos édiles décidaient de tout sans en référer à quiconque. Mais cette appa- rence de démocratie participative nʼest- elle pas au final quʼun vaste jeu de dupes ? La question mérite dʼêtre posée. Quelque chose nous dit quʼen coulisses, cʼest-à-dire dans lʼesprit du maire de Besançon ou en tout cas de ses férus collaborateurs, tout est déjà décidé, pesé, calculé et programmé. Car un détail a son importance : lʼappel à pro- jets lancé par le gouvernement pour les futurs T.C.S.P. expire le 1 er décembre 2008. Besançon a donc à peine plus dʼun mois pour lever toutes les incerti- tudes, décider du moyen de transport adéquat et du mode de financement de ce projet toujours estimé “entre 180 et 300millions d’euros” , quelques semaines seulement avant le bouclage du projet ! De toute manière, Jean-Louis Fousse- ret lʼa glissé dans un sourire : “C’est une concertation, pas un référendum.” Rai- son de plus pour ne pas tenir compte de lʼavis des habitants ! Jean-François Hauser Éditorial Jean-François Hauser. Régie publicitaire :

T OUSSAINT Association d’information funéraire

“La mort est un business”

L a Presse Bisontine : Michel Kawnick, pourquoi avoir créé l’A.F.I.F. ? N’est-ce pas un peu lugubre ? Michel Kawnick : Nous sommes six, en aucun cas des professionnels du funéraire et en 1992, nous avons décidé de nous lancer pour dénoncer certains scan- dales dont personne ne parle et permettre à tout Depuis 16 ans, l’Association Française d’Information Funérai- re (A.F.I.F.) lutte contre les abus de certains professionnels du funéraire et informe gratuite- ment les familles sur les pièges à éviter et les démarches à effectuer. Les abus existent jusque dans la tombe.

un chacun d’avoir connaissance de la législation, des pratiques et tarifs. Nous sommes totalement indé- pendants. Concrètement, on pro- pose une permanence téléphonique 24 heures sur 24 et toutes les infos (jusqu’aux formulaires-types à envoyer aux différents organismes suite à un décès) sont disponibles gratuitement sur notre site Inter- net. Nous enregistrons 4 000 connexions par jour dont 50 % de France. Ce n’est pas par goût du morbide que nous existons mais

“On dénonce et on sensibilise.”

d’une crémation, celui du cercueil et le coût du corbillard et des por- teurs. Si on refuse de vous répondre, raccrochez. Il est pré- férable d’opter pour une société qui accepte la transparence de ses prix. Avant qu’une famille se déplace, elle doit avoir en poche au moins deux devis écrits. Nous pouvons contrôler s’ils sont conformes et ne contiennent pas de prestations abusives. Nous examinons les documents et ne voulons jamais connaître le nom de l’entreprise. L.P.B. :Vous êtes également très atten- tifs aux éventuelles ententes entre les

pour permettre aux familles d’obtenir aide et infor- mation. Après chacun fait comme il veut ! L.P.B. : De vrais pièges existent-ils dans le domaine du funé- raire et des obsèques ? M.K. : Absolument. Les prix peuvent varier de 1 à 3. Il est essentiel de demander des devis aux entre- prises de pompes funèbres. Il y a trois questions très simples à poser : le prix d’une inhumation ou

Michel Kawnick

préside une association

indépendante, pas vraiment appréciée des sociétés de pompes funèbres.

centres de soins et les sociétés de pompes funèbres ? M.K. : Elles sont en effet très courantes. On joue la carte de l’urgence alors qu’il n’y en a pas. La loi pré- voit la gratuité de l’hébergement du corps dans un centre de soins pendant trois jours, qu’il ait ou non une chambre mortuaire. Or, dans beaucoup d’établissements, on appelle la famille pour qu’elle effectue le transfert au plus vite. Résultat, le centre de soins fait des économies de locaux, de salariés et de matériel, la société de pompes funèbres s’enrichit tandis que la famille doit faire face à un surcoût. Des condamnations font aujourd’hui jurisprudence. L.P.B. : Comment êtes-vous perçu ? M.K. : On est très apprécié des familles et orga- nismes de défense des consommateurs. Beaucoup de S.M.U.R. et de S.A.M.U. donnent aujourd’hui nos coordonnées aux familles. La dépense funéraire est le troisième poste budgétaire d’une famille après l’habitat et la voiture. Si on peut éviter des pres- tations inutiles et permettre des économies, tant mieux. Les professionnels en revanche nous détes- tent. Sur le site, on peut voir que beaucoup ne com- muniquent pas leurs tarifs. L.P.B. : Vous affichez clairement votre volonté de taper du poing sur la table enmatière d’économie mais aussi d’écologie ? M.K. : On dénonce et on sensibilise. Ainsi, alors que depuis 1998 le cercueil en carton (moins cher et plus écologique) est agréé et fabriqué en Suisse et enAllemagne, il est introuvable en France. On vous dit qu’il est inconnu ou indisponible tout simple- ment parce que les pompes funèbres se sont enten- dues pour ne pas qu’on en parle ! L’autre grand dos- sier concerne la pollution engendrée par les crématoriums. En France, aucune législation n’existe. Sans filtre à dioxine, métaux lourds ou mercure, les crématoriums sont responsables d’un empoi- sonnement légal. Aujourd’hui, grâce à la mobilisa- tion des habitants et associations, les nouveaux cré- matoriums sont équipés. C’est important de respecter la planète et les vivants. Propos recueillis par A.B.

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RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 93 — Novembre 2008

L’actualité bouge, les dossiers évoluent.

P.L.U. : les riverains des Montboucons n’auront pas gain de cause L e Tour de France 2009 fera étape à Besançon le 18 juillet pour repartir le lendemain de Pontarlier. Lʼinformation est confirmée offi- ciellement ce 22 octobre lors de la présentation du parcours de la grande Boucle. Pour la 17 ème fois (1905 pour la premiè- re), lʼépreuve cycliste sʼarrêtera dans la capitale régionale. Le tra- jet que les coureurs emprunte- ront en ville nʼest pas encore défi- ni. La collectivité va y travailler en collaboration avec les orga- nisateurs de lʼépreuve. Une chose est sûre, la municipa- lité souhaite que la course “pas- se au moins en cœur de ville, en tout cas le plus près possible de la Boucle” notent les services de la mairie. Le Tour est un vec- teur de communication. Lʼintérêt évidemment est de profiter de son passage pour vanter les charmes de la cité de Vauban. On ne sait pas non plus par où les cyclistes qui arriveront de Colmar, entreront dans la capitale comtoise. Par contre, il y a de fortes chances pour que lʼarrivée soit jugée à hau- teur de Micropolis comme en 2004, lors du contre-la-montre. “Techniquement” , cʼest lʼendroit le plus adapté. La mairie réflé- chit également à un ensemble dʼanimations qui auront lieu ce jour-là “autour du Tour.” Que le Tour passe au plus près de la Boucle

La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Le nouveau laboratoire d’anatomie est opérationnel

L es étudiants en médeci- ne viennent de découvrir le nouveau laboratoire dʼanatomie de la faculté qui les accueille sur le pôle san- té des Hauts-de-Chazal à Besançon. Ce nouvel outil, essentiel à lʼenseignement de cette discipline, fait aujour- dʼhui référence en France. Il sʼétend sur une surface de 1 700 m 2 et se décompose en trois espaces fonctionnels : locaux de préparation des corps, locaux techniques destinés aux professeurs et chercheurs, locaux dʼenseignement. Le Conseil régional de Franche- Comté a assuré la maîtrise dʼouvrage du projet qui a coû- té 2,357 millions dʼeuros. La collectivité a financé le projet à hauteur de 1,427 million dʼeuros en partenariat avec la Ville de Besançon qui a abondé dans cette opération à hauteur de 930 000 euros. Ce nouveau laboratoire nʼest pas un luxe pour la faculté de médecine de Besançon.

Lʼancienne structure située dans le sous-sol du bâtiment Bichat au centre-ville, était vétuste et peu engageante. Ces locaux de lʼancien arsenal devraient être transformés maintenant en une maison des sciences de lʼhomme. “Le laboratoire actuel est plus fonctionnel et plus digne pour les personnes qui font don de leur corps à la médecine” observent les services de la Région. 1 000 étudiants de pre- mière année suivent, par grou- pe, des cours dans ce labora- toire, et 160 étudiants de deuxième année.

L e tribunal administratif de Besançon a examiné le 9 octobre la requête d’un col- lectif d’habitants du quartier des Montboucons, emmené par le rive- rain Guy Leclerc. Ces Bisontins contestaient le nouveau Plan Local d’Urbanisme. Voté en juillet 2007, ce nouveau P.L.U. avait entraîné une dizaine de contentieux. Plu- sieurs d’entre eux ont donc été jugés le 9 octobre par la juridiction admi- nistrative et comme pour les autres, ce recours des Montboucons a peu de chances d’être suivi d’effets. Le collectif des Montboucons, notam- ment opposé à un projet immobi- lier mené sur un flanc de la colline par un promoteur bisontin, mettait l’accent sur plusieurs points : “ Les conditions préalables d’élaboration du P.L.U., à notre avis sans cohérence d’ensemble, l’absence de concerta- tion préalable dans le quartier quant aux modifications des densités d’urbanisation et aux projets de plans et de règlement, les insuffisances en matière d’analyse, diagnostic, enjeux et projets d’aménagement sans prise

en compte des niveaux de gêne environnementale des nouvelles zones à urbaniser, incluant qui plus est des zones naturelles” résumait la requête. Et selon Guy Leclerc, les nouvelles zones à urbaniser ont été “prévues sans approche urbai- ne, sans projet d’ensemble, sans lien avec l’existant. Le P.L.U. a vali- dé la suppression de la zone ver- te des Montboucons qui fait par- tie du corridor vert de Besançon qui relie Planoise à Chailluz via les Montboucons et les Tilleroyes.” Malgré tous les arguments avan- cés par les riverains, le commis- saire du gouvernement ne les a pas suivis dans leur requête. Si le jugement défavorable est confir- mé, les riverains des Montbou- cons baisseront certainement les bras et ne feront pas appel, fau- te de mobilisation suffisante. David aura une fois de plus plié sous le poids de Goliath. Lors de la même audience publique du 9 octobre, deux autres recours contre le P.L.U. ont été jugés irrecevables.

A

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L’ÉVÉNEMENT

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ON DÉPENSE PARFOIS SANS COMPTER AU CONSEIL RÉGIONAL !

La Chambre des Comptes a épinglé dans un récent rapport le Conseil régional de Franche- Comté. L’examen porte sur la période qui va de 2002 à 2007 durant laquelle se sont succédé à la présidence de la collectivité Jean-François Humbert (U.M.P.) et Raymond Forni (P.S.). Ce rap- port relève un certain nombre de dérives constatées surtout sous la présidence du second. L’opposition n’a pas manqué de le rappeler à la majorité actuelle lors du débat agité qui a accom- pagné la présentation de ce document en assemblée pléniè- re le 17 octobre. Cependant, pour Marie-Marguerite Dufay, présidente de la Région, ce document est pour elle un “satisfecit.” On n’y trouve pour- tant rien de très élogieux à l’intérieur. En revanche, cette enquête est satisfaisante, dans le sens où elle met en exergue les dérapages possibles de la collectivité. À gauche comme à droite, chacun semble prêt à faire amende honorable pour que l’assemblée régionale puis- se avancer, sans rancune, sur des bases saines.

DÉRIVES

Un café et l’addition pour la Région

Un rapport qui secoue l’assemblée du Conseil régional

Les élus U.M.P. n’ont pas ménagé la majorité régionale suite à la révélation du rapport de la Chambre des Comptes qui pointe du doigt les écarts dans la gestion de la collectivité.

C e n’est qu’en fin d’après-midi que le rap- port de la Chambre Régionale des Comptes a été examiné en assemblée plénière le 17 octobre. Après de longs échanges le matin sur les orientations budgétaires pour 2009, puis la présentation fastidieuse par le préfet Jacques Barthélémy de “l’action de l’État en Franche- Comté” , les élus ont eu à débattre de ce brûlot. Ceux du groupe U.M.P. trépignaient d’impatience à l’idée d’aborder le rapport de la C.R.C. qui por- te sur la gestion de la Région de 2002 à 2007. Une période marquée d’une césure en 2004, date du changement de majorité. Jean-François Hum- bert alors président U.M.P., a cédé son fauteuil au socialiste Raymond Forni. L’opposition ne pouvait pas passer outre ce docu- ment rédigé par les magistrats de l’autorité de contrôle dont les critiques négatives portent sur-

té” a fait l’objet d’un compromis de vente signé par la présidente le 26 mars 2008 avec “une moins-value de 350 000 euros, signale la C.R.C., alors que par ailleurs, les prix de l’immobilier en centre-ville de Besançon ont augmenté sensible- ment au cours des quatre années qui séparent la date d’achat et la date de vente.” La transaction ne satisfait pas l’U.M.P. Les points développés dans le rapport donnent du poids et du crédit à l’opposition qui semble souffrir d’avoir été traitée par le dédain sous l’ère Forni. “On a méprisé mon travail, le com- parant à la fouille de poubelles” lance Sylvie Ver- millet à la majorité socialiste qui n’a jamais tenu compte de ses “alertes répétées. J’aimerais savoir comment vous qualifiez le travail des magistrats de la Chambre ?” Le socialiste Loïc Niepceron a apporté un peu plus tôt un début de réponse à la question posée en préambule du débat. “Je cite la Chambre des Comptes” précise-t-il, mettant en exergue, pour la défense de la majorité P.S., les quelques rares points positifs soulignés dans le rapport. Le docu- ment abonde en effet dans ce sens en introduc- tion du chapitre 5 par exemple, réservé au fonc- tionnement de l’institution et des services. On peut lire à la page 30 (il y en a 135) que “le fonc- tionnement, tant institutionnel qu’administratif, de la Région Franche-Comté est globalement satisfaisant. Sur ce plan, le contrôle n’a pas révé- lé de dysfonctionnements majeurs.” Marie-Mar- guerite Dufay se félicite même “de la teneur posi- tive du rapport.” Les arguments sont un peu maigres pour que

tout sur la conduite des affaires régionales par la majorité actuel- le. Jean-François Humbert ne s’y est pas trompé. Le sénateur tient là une revanche sur l’équipe socia- liste animée désormais parMarie- Marguerite Dufay. Il ne digère pas la manière dont est négocié aujourd’hui l’ensemble immobilier de la rue de Pontar- lier que la Région a acquis 2,3mil- lions d’euros en 2003 lorsqu’il en était président. Cette ancienne propriété du diocèse, “qui est en état de déshérence depuis 2004 , dit-il, et c’est votre responsabili-

L’U.M.P. Yves-Marie Lehmann a lancé une attaque en règle contre la majorité.

Il dénonce “manipulation et dissimula- tion.”

lui inspirent “manipulation et dissimulation.” Il poursuit : “La Chambre relève que le matra- quage fiscal auquel la majorité nouvelle s’est livrée dès 2005 a été décidé sans réelle justifica- tion, la décentralisation étant bien compensée.” Ressources humaines, cadeaux de fin d’année, analyse budgétaire et financière, investissements immobiliers, gratuité des boissons chaudes, poli- tique culturelle, etc., la Chambre Régionale des Comptes s’est penchée dans le détail sur une collectivité qui s’est visiblement laissée aller à quelques coûteuses dérives. T.C.

Loïc Niepceron soit crédible dans le rôle de rap- porteur, surtout aux yeux des élus U.M.P. qui ont épluché le travail de la C.R.C. “Il justifie l’injustifiable” lance hors micro Jean-François Humbert. L’attaque vise le vice-président qui a eu toutes les peines du monde à poursuivre son exposé dans une agitation grandissante. “Il lit entre les lignes s’emporte le banc de l’opposition. Il a cherché les quelques points qui n’égratignaient pas la Région.” Yves-Marie Lehmann porte même une attaque virulente dans son intervention. Les pratiques décrites par la Chambre régionale des Comptes

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ENQUÊTE

De 2002 à 2007 Les morceaux choisis du rapport de la Chambre

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À la lecture du rapport rendu par la Chambre

3 - Des primes d’habillement pour certains agents

la forme du libre accès auxmachines à boissons chaudes installées dans les locaux de l’institution.” Cette initiative aurait été prise sous la présidence de Monsieur Chante- lat. Mais alors comment prévenir les abus et tout simplement contrô- ler le système ? La société qui a décroché le marché en 2003 “avait proposé un système basé sur des clés personnelles électroniques attribuées à chaque e mployé, à charge pour la Région d’alimenter ces clés d’un crédit social bonus mensuel” précise la C.R.C.Or, aucun mécanisme de ce type n’a été mis en place. “Ainsi il n’est pas possible pour l’institution de décompter le nombre de boissons prises par chaque agent” qui bénéficie de bois- sons chaudes gratuites en nombre potentiellement illimité.

La Chambre Régionale des Comptes remarque que pour “certaines dépenses, de montants au demeurant limités, le contrôle a montré que l’institution ne recherchait pas systématiquement les moyens les plus économiques.” Par exemple, conformément à la réglementation, le Conseil régional a choisi de verser “des primes indivi- duelles d’habillement afin qu’une partie de ses agents (ceux dont la collectivité estime qu’ils occu- pent une fonction d’accueil ou sont vecteur d’image pour la région) puisse acheter des vêtements et des chaussures.” Ces achats constituent pour le petit nombre d’agents qui en bénéficient “un avantage en nature.” 39 personnes étaient concernées en 2006. “Le montant de ces primes a quasiment doublé au cours des dernières années passant de 15 910,27 euros en 2000 à 29 201,28 euros en 2006, alors que dans le même temps les effectifs de la région ont augmenté de 35,8 %.” La C.R.C. qualifie ces primes d’habillement de “généreuses.” En 2006, elle était en effet de 748,75 euros. Une coquette somme qui autorisait lesdits agents à “acheter deux tailleurs par an.” La Chambre s’est d’ailleurs étonné que “le montant des tailleurs achetés correspondait quasiment toujours au montant maximum susceptible d’être dépensé par l’agent.” D’ailleurs, il semblerait que la prime n’ait pas toujours servi à investir dans un vêtement de service mais plus à acheter pulls, tee-shirts, ou autres vêtements de sport. Chaque année, la Région finance sur son bud- get les cadeaux de fin d’année que les élus offrent au personnel. Le coût moyen par agent est pas- sé de 33,50 euros par agent en 2002 soit une enveloppe globale de 11 390 euros, à 81,60 euros en 2006, ce qui correspond à un montant global de 64 228,91 euros. “Les coûts totaux et moyens des cadeaux offerts aux agents de la Région ont augmenté au cours de la période beaucoup plus vite que les effectifs (qui ont crû de 36 %).” 4 - Une somme rondelette pour les cadeaux de fin d’année 5 - Boissons chaudes à volonté pour le per- sonnel Les élus du Conseil régional sont sensibles au confort de leurs collaborateurs. Ils ont “décidé d’accorder un “avantage social” au personnel sous

régionale des Comptes, on se dit que l’économie n’est pas le fort du Conseil régional. 1 - Hausse des dépenses de fonctionnement Le rapport de la Chambre régionale des Comptes indique que “les dépenses réelles de fonctionne- ment ont augmenté de 57,8 % sur la période, pas- sant de 150,5millions d’euros en 2002 à 237,4mil- lions d’euros en 2006. Le montant des dépenses de fonctionnement est de 135 euros par habitant en 2002 (contre 123 euros pour la métropole), 191 euros en 2005 (164 euros pour la métropole)” pour atteindre les 207 euros en 2006. Ce décrochage par rapport à la moyenne métro- politaine indique le document “est significatif, mais il s’explique partiellement par la taille de la région (la Corse, le Limousin et la Picardie sont les trois régions dont les dépenses réelles de fonc- tionnement sont plus élevées que celle de la Franche- Comté en 2005) qui se traduit par un effet “coûts fixe” s’expliquant principalement par la faible den- sité de population de la région.” Sans être exhaustif “et à titre d’exemple, l’enseignement, la formation professionnelle, les transports et la culture ont vu leurs dépenses de fonctionnement progresser globalement de 50,1 % entre 2002 et 2006.” Les dépenses de fonctionnement représentaient “la moitié des dépenses totales de la collectivité en 2002, contre plus de 60 % à la fin de la période.” Ce constat résulte principalement selon laChambre “des transferts de compétences intervenus depuis 2004.” La tendance vaut pour toutes les régions. Alors que l’endettement moyen des régions aug- mente selon la C.R.C., “la tendance franc-com- toise est à la baisse depuis 2003. En 2006, le dif- férentiel en faveur de la région est de 51,10 euros par habitant. Les marges de manœuvre déga- gées par les choix fiscaux de la région permet- tent à la collectivité d’appréhender sereinement le financement de la ligne à grande vitesse.” 2 - L’endettement de la région : le bon point pour l’équipe en place !

20,Rue Gambetta • 25000 Besançon

De 2002 à 2006, le Conseil régional a financé “près de 120 000 euros de frais de boissons de son personnel.” Et on s’étonne que ça bouchon- ne à la machine à café… 6 - De bons vœux coûteux La C.R.C. a mis en exergue que le coût moyen par agent des dépenses de vœux a été multiplié “par douze entre 2002 (11,15 euros soit un mon- tant global de 2 552 euros) et 2006 (138,20 euros soit un montant global de 42 980,96 euros).” En 2007, l’augmentation fait un bond de 14 % par rapport à l’année précédente pour atteindre les 48 950,24 euros. Ces dépenses “intègrent notam- ment le coût de la location de la Saline d’Arc-et- Senans (31 379 euros) et les coûts d’impression de 12 000 enveloppes de vœux, 15 080 feuillets de vœux, 15 000 cartes de vœux élus, 11 300 cartes de vœux à double volet pour un montant total de 14 910,53 euros.” 7 - Un château pour les formations La Chambre régionale des Comptes a relevé qu’en 2004, “le coût de l’inscription et de la par- ticipation de six agents de la région à un sémi- naire s’est élevé à 6 219,35 euros dont 1 827,50 euros de frais d’hébergement.” L’autorité de contrôle des collectivités précise encore qu’en “choisis- sant d’organiser un séminaire de formation pour quelques agents dans un château plutôt qu’au siège de la Région et, par suite, en prenant en charge sur son budget les frais de déplacement

et d’hébergement du formateur, la Région n’a pas été guidée par une logique d’économie de ses moyens dans l’achat de cette prestation : le coût de revient par agent s’est en effet élevé à 1 036,56 euros.” 8 - Du mobilier pour un trône En 2002, le bureau du président de Région a été réaménagé avec des investissements pour “un montant cumulé de 24 129,13 euros.” Cette même année, du mobilier de bureau sera acheté éga- lement pour un peu plus de 13 000 euros. En 2003, l’achat du mobilier “en cerisier pour le bureau d’un directeur s’est élevé à 8 630,28 euros T.T.C.” En 2004, “des travaux de rénovation de meubles et l’achat de mobilier pour l’hôtel de Grammont, le bureau du directeur général des services et les logements de fonction ont été réa- lisés pour un montant total de 133 208,13 euros.” Qui a dit que la Région ne souciait pas du confort de son personnel ? C’était une ambition de Raymond Forni : créer un festival de cinéma à Besançon autour du film musical “à la résonance internationale immé- diate.” L’opération “le Cinéma de la musique” est née… pour mourir après une seule édition dont la réussite était loin des objectifs affichés. Coût de l’opération hors taxes : 327 988 euros (subventionnés à hauteur de 278 000 euros par la Région.) La manifestation a attiré seulement 7 200 spectateurs dont 4 411 payantes. “Les pro- duits de la billetterie ont représenté moins de 5 % des subventions publiques lesquelles sont issues à plus de 90 % de la région Franche-Comté” pré- cise la C.R.C. La deuxième édition ne sera pas programmée au regard du budget prévisionnel en hausse de plus de 30 %. En conclusion, la Chambre Régionale des Comptes rappelle qu’il y a en Franche-Comté d’autres festivals ciné- matographiques de dimension importante com- me les rencontres internationales de cinéma de Pontarlier (65 ème édition en 2007) qui mérite- raient peut-être d’être davantage soutenus. 9 - Le flop de l’opération “le Cinéma de la musique” 10 - La Région s’est fait son cinéma avec “Indigènes” La C.R.C. rappelle que “le Conseil régional a choisi de soutenir le film “Indigènes” par le biais d’une subvention de 100 000 euros.” Finalement, compte tenu de différents frais imprévus com- me une communication autour du film, la sub- vention initiale s’est transformée en une enve- loppe de 140 523,05 euros. Les retombées de cet investissement censé ser- vir l’image de la Franche-Comté sont discutables selon la Chambre régionale des Comptes. “L’image de la collectivité n’est pas en jeu dans ce film dont l’histoire ne se déroule pas en Franche-Comté et il y a fort à parier que la grande majorité des spectateurs ignorent que certaines scènes ont été tournées en Haute-Saône.”

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RENCONTRE

Municipalité et culture “Il ne faut pas fantasmer sur un éventuel pouvoir autoritaire” Yves-Michel Dahoui, l’adjoint bisontin à la culture, nourrit les plus grandes ambitions pour le nouvel événement qui remplacera Musiques de Rues. Un choix parfois contesté.

L a Presse Bisontine : Pourquoi ne pas avoir reconduit Musiques de Rues ? Yves-Michel Dahoui : C’est une procédure de mar- ché public. Trois projets étaient en concurren- ce. Nous en avons écarté un qui était inconsis- tant. Il en restait deux. Le projet présenté par Troisième Pôle, qui a été retenu, nous semblait plus en adéquation avec la ville. Il est porteur d’un potentiel plus fort pour Besançon. Cepen- dant, je ne dénigre pas ce qui a été fait avec Musiques de Rues pendant trois ans, mais je pense que cette formule aurait fini par trouver ses limites. L.P.B. : Vous avez déclaré que la manifestation qui rem- placera Musique de Rues pourrait s’appeler “Bes’en sons”. Le confirmez-vous ? Y.-M.D. : Il faut rester prudent quant à cette appel- lation. C’est en effet le nom qui a été proposé par Troisième Pôle, mais pour l’instant, ce n’est pas encore tranché. L.P.B. : En quoi “Bes’en sons” sera-t-il si différent de Musiques de Rues ? Y.-M.D. : On passe des fanfares musique du mon- de à une matière sonore qui n’exclut aucune musique, et à laquelle viennent se greffer d’autres formes d’art comme la vidéo, les arts plastiques ou la lumière. Le projet de Troisième Pôle est un tout plus diversifié qui habille la ville pendant toute la durée de l’événement. L.P.B. : Un tout plus diversifié, peut-on en savoir davan- tage sur le contenu ? Y.-M.D. : Le contenu n’est pas encore totalement établi. Les directeurs artistiques travaillent sur le projet et à sa mise en œuvre. Ils sont venus, ils ont regardé cette ville, ils ont relevé tout ce qui en faisait l’identité. Leur objectif est de don- ner un sens artistique aux aspects les plus mar- quants de Besançon. Ils ont intégré par exemple l’excellence de la capitale régionale dans les microtechniques. Il y aura donc une création de machinerie autour de ce thème. Ils ont évidem- ment intégré le patrimoine reconnu par l’Unesco, car un événement comme celui-ci devait en tenir compte. L’architecture de la ville sera mise en lumière. Les directeurs artistiques ont aussi insisté sur la convivialité de la future manifes- tation, sur son caractère tout public, et sur l’idée de fête. L.P.B. : La nouvelle formule devrait donc permettre à Besan- çon d’accéder - enfin - à la notoriété recherchée ? Y.-M.D. : La notoriété ne se décrète pas d’un coup de baguette magique. On peut atteindre une notoriété plus large s’il y a d’abord une exigen- ce artistique et que la population adhère au pro- jet. On peut atteindre dans le temps un certain rayonnement si ces deux conditions sont réunies. Mais il y a toujours une part de risque. Elle aurait été moins grande si avec nos partenaires, qui sont la Communauté d’agglomération et le Casi- no Barrière, nous avions choisi de reconduire Musiques de Rues dont on connaissait le prin- cipe. Il s’est avéré, je le rappelle, que nous avons été plus séduits par le projet de Troisième Pôle qui correspond mieux aux ambitions de la ville. Nous avons pris nos responsabilités. Cette fois- ci, il faudra attendre 2009, l’année de la pre- mière édition, pour juger. L.P.B. : La Ville donne l’impression de toujours tâtonner pour trouver son “grand événement. Si dans trois ans le constat devait être le même pour Troisième Pôle que celui que vous dressez aujourd’hui pour Musiques de Rues, est-ce que la collectivité cessera alors d’investir dans ce genre de projet ? Y.-M.D. : Peut-être que jusqu’ici, il y a eu un tâton- nement car nous n’avions pas encore trouvé l’événement qui correspondait à Besançon. Mais

vers la mise en place de réunions thématiques prendre le temps de débattre avec les principaux acteurs, de leur place dans le paysage culturel local. Je crois au bienfait d’une confrontation intellectuelle et à une contractualisation avec nos principaux partenaires culturels pour défi- nir des objectifs. La culture est un ensemble vivant dans lequel chacun fait preuve de créa- tivité. Mais il faut que chaque acteur sache dans quel ensemble il se trouve et que la ville aide à promouvoir ce qui se fait de bien. L.P.B. : Le Cirque Plume est probablement le meilleur ambassadeur de Besançon. Or, on sait qu’il a eu du mal à obtenir de la Ville la reconnaissance. Est-ce toujours le cas ? Y.-M.D. : Le Cirque Plume présente une garantie de créativité. Il faut reconnaître qu’il porte l’image de Besançon. Il n’y a pas d’ambiguïté sur ce point. Ce cirque est précurseur dans bon nombre de domaines, il est très inventif. Il doit sa notorié- té à ce parcours. C’est la raison pour laquelle je veux que l’action culturelle intègre qu’un effort supplémentaire soit fait de la part de la muni- cipalité à l’égard du Cirque Plume. J’ai reçu le responsable Bernard Kudlak pour faire le point sur ce dossier. L.P.B. : N’était-il pas possible d’envisager de s’appuyer sur le talent et la notoriété du Cirque Plume pour créer le “grand événement” autour du cirque, que la municipali- té attend pour sa ville ? Y.-M.D. : Quand j’étais conseiller délégué aux quar- tiers, j’avais été à l’initiative de la manifesta- tion Cirque à Besac. La difficulté avec le cirque est que c’est un univers assez concurrentiel et compliqué. C’est vrai qu’il n’y a jamais eu l’idée d’un festival. Mais je pense qu’il vaut mieux sou- tenir davantage le Cirque Plume, qu’il continue à se produire ailleurs en France et dans le mon- de, car c’est ainsi qu’il contribue au rayonne- ment de la ville. L.P.B. : Quid de la friche des Prés-de-Vaux, qui est cen- sée être un lieu reconnu d’expression artistique ? Y.-M.D. : J’ai empoigné beaucoup de dossiers depuis que je suis adjoint. La friche en est un.À l’origine, c’est un lieu qui était occupé de façon sauvage par des acteurs culturels. Nous voulons rester dans cet esprit. Une réflexion est en cours qui intègre l’existence d’une friche dans un des bâti- ments désaffectés des Prés-de-Vaux pas loin de la future S.M.A.C. Ce serait soit une friche, soit une fabrique de spectacles qui est un lieu où tous les arts peu- vent se rencontrer. C’est une sorte de laboratoi- re. L’idée est de placer la culture dans un envi- ronnement urbain comme cela s’est fait à Planoise avec le théâtre de l’Espace. L.P.B. : Enfin, la Ville de Besançon va-t-elle devoir épon- ger le déficit de plusieurs centaines de milliers d’euros du Théâtre musical (ex-Opéra-Théâtre) laissé par son ancien directeur Didier Brunel ? Comment se fait-il que la municipalité qui subventionnait l’établissement n’ait pas tiré la sonnette d’alarme ? Y.-M.D. : Ce déficit est supporté par la société de Didier Brunel. Nous fonctionnions avec lui dans le cadre d’une délégation de service public à une entreprise privée. Il n’y avait pas dans ce mode de fonctionnement de contrôle accru de la part de la collectivité. Pour autant, nous ne sommes pas redevables des déficits. Désormais, nous avons revu le mode de gestion puisque nous sommes passés d’une délégation de service public à une régie autonome personnalisée qui permet à la collectivité d’effectuer un contrôle plus mar- qué. C’est un compromis entre un regard sur la gestion de la structure et la liberté de création du directeur du théâtre. Propos recueillis par T.C.

Yves-Michel Dahoui : “Il faut un appétit pour la culture.”

je suis convaincu que cette fois-ci, nous avons un opérateur qui propose une manifestation qui répond à tous les objectifs. Je crois à son succès futur. Cependant, la culture, c’est accepter d’être déçu. C’est une quête permanente. On peut tout envisager. Si on se rend compte dans trois ans que ça ne correspond pas à nos attentes, alors il faudra réexaminer la situation. Mais je reste convaincu qu’avec ce projet, on ne tâtonne plus. L.P.B. : Pourtant, de l’extérieur, ce nouveau départ à zéro donne quand même le sentiment que les partenaires ont dépensé 750 000 euros par an pendant trois ans dans un événement auquel on n’a peut-être pas donné le temps nécessaire pour qu’il s’implante ? Y.-M.D. : Une fois de plus, nous n’avons jamais dénigré Musiques de Rues, et les gens ont été heureux de cette manifestation. Changer de for- mule ne signifie pas que pendant trois ans on a jeté 750 000 euros à la poubelle ! Si nous avons changé de projet, c’est parce que nous avons jugé qu’il pouvait s’inscrire dans la durée. L.P.B. : L’enveloppe financière et le calendrier sont les mêmes que pour Musiques de Rues ? Y.-M.D. : Nous sommes partis sur les mêmes bases. L.P.B. : Certains disent que vous auriez pesé de tout votre poids pour que Musiques de Rues soit écarté au profit de Troisième Pôle et servir ainsi des ambitions personnelles ? Y.-M.D. : C’est tout de même assez curieux. Dire ceci revient à considérer que nos partenaires du groupement de commande, à savoir, je le répè- te, la C.A.G.B. et le Casino Barrière, sont à la botte de la Ville. Je crois qu’il faut regarder la réalité en face. Quand on connaît le fonctionne- ment des appels d’offres, la procédure, les gar- de-fous, qui peut imaginer qu’Yves-Michel Dahoui, adjoint à la culture, ait désigné seul Troisième

Pôle pour assurer sa propre publicité ? Je suis d’accord que l’on puisse critiquer le choix de Troi- sième Pôle, mais pas la méthode avec laquelle le projet a été retenu. En tout cas, ce n’est pas avec ce genre de rumeur que nous allons récon- cilier les gens avec la culture. Il faut se garder de fantasmer sur un éventuel pouvoir autori- taire de la part de l’adjoint à la culture. Mal- heureusement, je ne peux rien contre les fan- tasmes. L.P.B. : Ces accusations sont gratuites à l’encontre d’un adjoint qui se sent bien dans son rôle ? Y.-M.D. : J’ai envie que les choses bougent. Un de mes premiers métiers a été de m’occuper d’un lieu de musique contemporaine. Il faut un appé- tit pour la culture. C’est très particulier. L.P.B. : Est-ce que les acteurs de Troisième Pôle seront présents à Besançon à partir de maintenant, comme l’étaient ceux de Musiques de Rues ? Y.-M.D. : Ils auront un représentant permanent à Besançon. Nous leur demandons de réussir l’événement. Mais les organisateurs n’y par- viendront pas s’il n’y a pas de leur part une volon- té d’impliquer tous les acteurs culturels locaux. Il est nécessaire qu’en échange ces acteurs soient également ouverts à recevoir les intentions de Troisième Pôle. En tout cas, tout le monde est enthousiasme par rapport au projet qui allie patrimoine et art contemporain. L.P.B. : Vous vous êtes donné comme objectif de renfor- cer le lien qui lie la municipalité aux acteurs culturels locaux. Qu’en est-il de cette démarche ? Y.-M.D. : Aujourd’hui, les associations occupent une place importante dans le domaine culturel et sollicitent l’aide de la collectivité pour avan- cer. Cela doit continuer. Mais je souhaite à tra-

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CULTURE Le der des ders Musiques de rues, un beau souvenir Le rideau est tombé. Musiques de rues est de l’histoire ancienne et l’équipe est sur le départ, fière du travail accompli mais déçue de s’arrêter là.

Zoom Et pourtant…

Q uand un rendez-vous culturel prend de lʼampleur, il est des signes qui ne trompent pas comme la création dʼun festival Off. Pour la pre- mière fois cette année, et à lʼinitiative de Marjorie Heinrich, Musiques de Rues a eu le sien. La Jurassienne y a présenté sa deuxième création, la performance “Autopsie, pièce de guerre pour une fanfare”. “On a eu des contacts intéressants” note lʼartiste qui ignore sʼils déboucheront sur quelque chose. Trop tôt. Mais le principal pour lʼheure était de le faire. “Un festival est un champ dʼexpérimentation où tout le monde est gagnant.” Autre participation surprise, celle de Imperial Kikiristan. Cette drôle de fanfare, venue au dernier moment en 2006, programmée en 2007 est revenue en 2008 quand elle a su que cʼétait la der des ders. Parmi les autres indicateurs marquant lʼancrage du rendez-vous, un nombre sans précédent de bénévoles, comme de fanfares candidates au Tremplin (3 000 euros à la clé). En 2007, année de sa création il fut remporté par la Fanfare en Pétard. “En 2008, on a reçu une tren- taine de dossiers” se félicite François-Xavier Ruan. “Avec ce tremplin, on voulait faire de Besançon une base dʼenvol de musiciens.” Les Fonkfaron, lauréats cet- te année, peuvent se targuer dʼêtre repartis avec lʼunique trophée Musiques de Rues, un cône de chantier désormais collector.

I nutile de refaire le film. Comme l’a souligné Pascal Esseau, co- directeur, au soir de la clôture du festival 2008, “la loi du marché a parlé, ici comme ailleurs.” C’est désor- mais à d’autres que revient la lour- de de tâche d’organiser un grand évé- nement culturel. L’aventure s’arrête et comme son acolyte François-Xavier Ruan, il regrette de devoir en rester là. “On est artistiquement satisfait de ce qu’il s’est passé. Les gens ont

artistes invités à Musiques de Rues, musiciens ou plasticiens avaient le temps d’échanger. De ces rencontres sont même nées de nouvelles his- toires. “Benoît Maubrey, créateur des Ballerines sonores, a été séduit par Les souliers d’Arno Fabre et l’a du coup invité à Berlin. Ils vont travailler sur un projet commun” raconte Fran- çois-Xavier Ruan. Il évoque aussi tou- te l’action engagée avec les établis- sements scolaires pour “apprendre à être spectateur” et permettre l’art à l’école, qui n’est jamais une mince affaire. “On s’est rendu compte à quel point les enseignants étaient en atten- te d’un événement culturel dans la ville allant au-delà du simple : on fait trois jours de nouba.” Les fon- dateurs sont également fiers d’avoir fait vivre la friche industrielle. “Plus personne ne remet en cause l’idée d’une friche culturelle. Les murs de Supé- rior ont certainement un bel avenir devant eux.” Les deux hommes évoquent la ren- contre d’une ville et d’une équipe et ignorent si le festival est transposable ailleurs. “On n’a pas démérité. On ne s’est pas planté, on s’est fait planter”

lâche François-Xavier Ruan. L’évaluation menée tout au long des trois éditions a toujours été satisfai- sante, y compris côté budget. “Un mil- lion d’euros, ce n’est pas beaucoup pour un festival de cette ambition et ce débat nous a pourris la vie dès le début” déplore Pascal Esseau. “Cha- lon dans la Rue, c’est 1,4million d’euros mais hors frais de fonctionnement puisque l’équipe est salariée de la mai- rie.” Et de poursuivre, espérant mettre définitivement un terme à des méchantes rumeurs dont il est aujour- d’hui plus que lassé : “Le budget Musiques de Rues, c’était 1/3 de fonc- tionnement, 1/3 d’artistique pour les cachets et les frais de déplacements des artistes, 20 % pour la technique et 10 % pour la communication.” Pas- cal et François Xavier estiment avoir vécu “une bonne expérience” mais notent comme d’autres, “l’absence de politique culturelle à Besançon, constante dans son inconstance en la matière.” Ils repartent à zéro. La vil- le aussi avec un Troisième Pôle dont on ne se sait toujours rien. Le silen- ce masquerait-il le vide ? A.B.

Venu en 2006 et 2008, le Hot 8 Brass Band fait le show mais était aussi le vecteur d’une action de solidarité en faveur des victimes du cyclone Katrina (photo Yves Petit).

découvert une musique qu’ils n’écoutaient pas.” Quant aux profes- sionnels et aux artistes, “venus en masse voir l’expérience” précise François-Xavier, “beaucoup nous ont dit : vous tenez un truc qu’on ne trouve pas ailleurs.” Ce truc, c’est une transversalité des genres, la possibilité de passer d’une forme à l’autre. Se posant pour trois jours à Besançon, les

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QUARTIERS Concours La cité a des talents À l’instar du concours national “Talents des cités” créé en 2002 et inscrit dans le plan Espoir Banlieue, la ville de Besançon décli- ne une version locale pour elle aussi récompenser les jeunes entrepreneurs des quartiers dits sensibles.

Richard Gay, l’un des 13 lauréats du concours local talents après ouver- ture, sa bou- langerie ins- tallée à la Grette est “une entre- prise solide.” des Cités. Trois ans

“N ous distribuons 10 000 euros chaque année et nous limitons volontairement le nombre des lauréats pour leur remettre un chèque significatif” explique Gérard Nappez, chargé d’animation de la Z.F.U. (zone franche urbaine) de Planoise. Ain- si, depuis la première édition en 2006, 13 initiatives ont été primées.

Artisan boulanger ou boucher, coif- feuse, vendeur de vêtements, de disques ou d’aliments pour ani- maux, les créations, très diverses, ont toutes en commun “de répondre à un besoin sur le secteur, d’être un service de proximité” souligne l’employé municipal, en charge de ce dossier depuis sa création. Il cite ainsi Abdelkader Tami. Primé en 2007, ce fabricant et livreur de piz-

zas s’est installé à Planoise, quar- tier royalement ignoré de ses concur- rents et où il était impossible avant lui de se faire livrer la moindre piz- za. RichardGay,boulanger,fut lui récom- pensé en 2006 pour l’ouverture du “Fournil du pain chaud” à la Gret- te, zone répertoriée sensible. “Le prix de 4 000 euros a été pour moi la ceri- se sur le gâteau et m’a permis de fai-

VIE ASSOCIATIVE Anniversaire Tambour Battant, 10 ans de solidarité et de convivialité L’association bisontine a multiplié les rendez-vous festifs en 2008 pour fêter comme il se doit ses dix ans. Après le repas de quartier de sep- tembre et son rallye, les bénévoles planchent sur le marché des arts de décembre tout en poursuivant les actions au long cours.

re des investissements dits de confort comme la climatisation. J’ai égale- ment pu prendre quelques vacances dès la première année, même si je suis resté loin des 5 semaines” pré- cise le boulanger. Il admet de ne pas avoir eu “spécialement la volonté d’intégrer une Z.F.U. ou une zone sensible. Ce local était libre et près de chez moi.” Trois ans après, il n’a aucun regret et face aux difficultés “mais chacun a ses soucis” , il évoque son “naturel

optimiste. J’ai globalement fait ma place.” Il a embauché deux salariés et son entreprise est “solide.” Aujour- d’hui, comme lui, les autres lauréats (à l’exception d’un qui a quitté la région et un autre qui a fermé et rouvert une autre enseigne) se sont développés, embauches à la clé. De 16 emplois au départ, on est passé à 34 en 2008, “ce qui nous conforte dans notre décision” se féli- cite Gérard Nappez. A.B.

“T ambour Battant” fut d’abord, dans les années soixante-dix, un journal satirique alimenté par les com- merçants du secteur avant de devenir une association de quar- tier il y a 10 ans “pour créer du lien dans ce périmètre ou rien de tel n’existait” rappelle Janine

Gauthier,présidente deTambour Battant depuis trois ans mais bénévole depuis le début. “J’étais responsable de l’accompagnement scolaire” précise-t-elle. C’est en effet par là que tout a commencé. “On accueille aujour- d’hui une cinquantaine d’enfants par semaine, encadrés par des

bénévoles dont la plupart tra- vaillent. C’est une activité per- manente.” Refusant de se can- tonner à ce seul créneau, la structure propose aussi coin de l’amitié, atelier d’informatique ou d’art plastique, ou venue d’un écrivain public sur demande. “On veut balayer tous les âges de la vie” note la présidente. Mais si la renommée de l’association dépasse aujourd’hui largement les limites du quar- tier, c’est grâce à l’organisation d’événements : vide-grenier pla- ce Marulaz (toujours le dernier week-end avant le 1 er mai),mar- ché des arts, tournoi de pétanque ou repas de quartier, “on conti- nue ce qui marche et on recherche toujours d’autres choses.” Pour débuter cette nouvelle décennie,Tambour Battant veut créer une battucada qui annon- cerait ainsi en fanfare les “petites récréations qui visent à propo- ser chaque mois quelque chose en lien avec le calendrier.” Aujour- d’hui pilier de la vie associative bisontine, la structure est res- tée 100 % bénévole même si cet- te réalité fait régulièrement débat. “Notre travail représente un poste et demi mais on veut rester comme ça. On est là pour faire émerger les besoins. S’il y a un projet sur le quartier, on l’étudie. Le salariat, c’est autre chose.” Comme Janine Gauthier, ils sont une dizaine de bénévoles à “être là depuis un bon bout de temps.” Autour de ce noyau dur, il y a comme partout des allers et venues mais l’esprit est resté identique, s’appuyant sur deux valeurs essentielles : “solidari- té et convivialité.” A.B.

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