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Si l'histoire des beaux-arts nous montre parfois de riches intelligences ayant perdu, comme l'ange déchu de Milton, l’accès aux voies supérieures de la bèauté morale, faisant presque regretter l'apanage de dons précieux que ne guide plus une âme sereine, en rappelant Thorvaldsen le penseur est heureux de constater que, dans cette longue carrière, la fécondité du talent s’unissait aux plus solides qualités du cœur. En parcourant son œuvre, dans le musée dont tout Danois esc fier, on relit la noble vie que retracent tant de superbes créations, car, comme le dit le biographe de Canova, MUe Albrizzi, « c'est l'artiste lui-même qui renaît en ses immortels travaux. « Jamais statuaire ne dirigea ses efforts vers un idéal plus élevé; jamais homme ne justifia ses succès par des sentiments plus purs; jamais travailleur ne conquit sa gloire par un labeur plus opiniâtre. Albert Thorvaldsen naquit à Copenhague le 19 no­ vembre 1770, dans une condition bien modeste et voisine de l'indigence. Son père,, Gotskalk, venait de quitter l'Islande pour demander la confirnlation à l'évêque de Copenhague. Simple et honnête artisan, celui-ci, qu'on dit plus tard descendre des anciens rois de la légendaire île de Thulé, exerçait la profession de charpentier. Sa facilité à débiter le bois à coups de hache, lui. permit, en Dane- inarck, de choisir un travail moins matériel : il façonnait, ces figurines qu'une coutume antique fait placer à l'avant des navires, comme les monstrueux dragons des hardis

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