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La République démocratique du Congo est un pays très soucieux
des problèmes environnementaux et des problèmes de conservation.
Dieu nous a comblés de ses bienfaits en matière de biodiversité ;
nous sommes le premier pays africain en termes de diversité bi-
ologique, nous sommes l’un des cinq principaux pays du monde en
terme de biodiversité. Nous avons des gorilles de plaine et de mon-
tagne – dans l’est et dans l’ouest du pays – ce qui est extraordinaire
pour un si grand pays. La RDC est fière d’abriter trois des quatre
espèces de grands singes et ensemble nous voulons être capables
de préserver cette richesse, de préserver cette bénédiction qui rend
notre pays si divers, si riche en écosystèmes de toutes sortes ; des
montagnes, des plaines, des sources. Le Congo possède la moitié des
ressources en eau d’Afrique. C’est le deuxième poumon du monde
et tout ce qui permet de valoriser cette richesse nous intéresse au
plus haut point.
Il y a cinq semaines, j’ai pris cinq ambassadeurs européens avec
moi pour visiter les gorilles dans le Kahusi-Biega. C’était merveil-
leux de voir ces espèces rares, ces animaux si proches de nous. Ils
ont une force et une présence colossales mais en même temps ils
montrent ce besoin de partager cette richesse, cette forêt avec nous.
C’était fascinant. Chaque fois que je vois des gorilles, je vois la
puissance concentrée en eux mais aussi leur fragilité en relation
avec l’environnement.
Dans l’est du pays, nous avons quelques problèmes parce que la
pacification est encore en cours. Nous avons encore des poches
d’insécurité et nous sommes donc confrontés au problème de sau-
vegarder à la fois la paix et les gorilles, de préserver notre richesse
naturelle qui est notre patrimoine le plus apprécié. Cette lourde
responsabilité m’incombe, mais aussi aux plus hauts niveaux
de l’Etat – le chef de l’Etat est très préoccupé par ce problème,
de même que toute mon équipe – l’ICCN, toute l’administration
qui a besoin que ce patrimoine, qui aujourd’hui n’est pas seule-
ment un patrimoine congolais mais un patrimoine mondial soit
préservé, protégé, enrichi. C’est notre défi ; c’est le défi de la RDC
et de ceux qui sont responsables d’elle aujourd’hui et qui le se-
ront dans le futur. Comment nous assurons-nous que le progrès
de l’humanité aille main dans la main avec la conservation de
la nature, avec la préservation de ce qui est si intimement lié aux
processus vitaux ? C’est le défi auquel nous faisons face.
Je peux vous dire que notre action aujourd’hui est centrée sur le
très important problème des changements climatiques. Les forêts
sont liées aux changements climatiques et sans les gorilles et les
autres espèces, il n’y a plus de forêts. Ces espèces ne peuvent pas
survivre sans forêts, ainsi tout est lié et noue des liens avec le fu-
tur des humains aussi. Il n’y a aucun avenir pour les humains
sans forêts, sans eau, sans ces grands singes, sans toutes les choses
qui font la grandeur et le caractère unique de notre vie. La vie
humaine est aussi liée à la vie des grands singes et à la vie des
autres espèces qui vivent dans ce pays. C’est pourquoi la question
des changements climatiques, des forêts, de l’eau – sans eau il n’y
a pas de forêts, surtout pas de forêts tropicales comme les nôtres
– tout cela forme un tout et nous avons aujourd’hui l’obligation
historique de les défendre pour toute l’humanité.
José Endundo Bononge
Ministre de l’environnement, de la conservation de
la nature et du tourisme, RDC
INTERVIEW
«Notre action est ciblée
sur les changements climatiques »