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Ces réseaux criminels, qui opèrent par le biais de chaînes com-
plexes d’intermédiaires, pillent le patrimoine et les ressources
naturelles de pays et de communautés favorisant le développement
durable. Leurs actions compromettent ainsi les progrès accomplis
vers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développe-
ment, et la transition vers des économies vertes, économes en res-
sources.
En collaboration avec ses partenaires, au rang desquels INTERPOL,
et œuvrant dans le cadre d’accords tels que la Convention sur le com-
merce international des espèces de faune et de flore sauvage me-
nacées d’extinction (CITES) – dont le Secrétariat est hébergé par le
PNUE – et le Partenariat PNUE/UNESCO pour la survie des grands
singes (GRASP), le PNUE s’efforce d’attirer l’attention sur ce pro-
blème, de sensibiliser l’opinion publique et les dirigeants politiques,
pour parvenir à une solution.
Le présent rapport est axé sur le commerce des grands singes, à
savoir les bonobos, les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans.
Le trafic de grands singes vient s’ajouter aux pressions néfastes
exercées sur des espèces déjà menacées d’extinction – espèces qui
contribuent au développement du tourisme et de l’économie locale
dans de nombreux États de leurs aires de répartition.
Ce phénomène n’est pas nouveau et perdure depuis plus d’un siècle.
Cependant, l’ampleur actuelle du trafic qui est décrit dans le présent
rapport démontre combien il est important que la communauté inter-
nationale et les organisations dédiées à la protection des espèces mena-
cées d’extinction restent vigilantes et gardent une longueur d’avance
sur les individus cherchant à tirer profit de ces activités illicites.
On peut dresser un parallèle entre l’évolution du commerce illégal
de grands singes et la récente hausse des activités de braconnage de
rhinocéros et d’éléphants, ainsi que des activités illicites d’exploita-
tion forestière. Le PNUE et INTERPOL ont récemment publié un
rapport indiquant qu’entre 50 et 90 % des activités d’exploitation
forestières au sein des principaux pays tropicaux du bassin amazo-
nien, d’Afrique centrale et d’Asie du Sud-Est sont le fruit du crime
organisé. Ces activités menacent non seulement les espèces pré-
sentes localement, parmi lesquelles de nombreux grands singes,
mais elles mettent également en péril les efforts de lutte contre les
changements climatiques, menés par le biais d’initiatives telles que
le Programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction
des émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts
dans les pays en développement (ONU-REDD).
Dans un monde où les ressources naturelles se raréfient, il devient
de plus en plus difficile de lutter contre les activités illégales sur le
terrain et dans l’ensemble des chaînes d’approvisionnement. Tou-
tefois, cette initiative offre également la possibilité de renforcer la
coopération entre les pays et d’œuvrer pour la viabilité de la planète.
Achim Steiner
Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif
du PNUE
AVANT-PROPOS
Le commerce illicite d’espèces sauvages ne représente qu’une facette des échanges commer-
ciaux portant atteinte à l’environnement, dont les bénéfices s’élèvent à plusieurs milliards
de dollars. Ce commerce est également de plus en plus exercé au détriment des populations
pauvres et vulnérables.
Le trafic de grands singes accroît
les pressions néfastes sur une faune
charismatique qui contribue au
développement du tourisme et à
la hausse des recettes pour l’économie.