Background Image
Table of Contents Table of Contents
Previous Page  63 / 80 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 63 / 80 Next Page
Page Background

63

AsiE

Aujourd’hui, l’essentiel de l’ivoire est obtenu illégalement en

Afrique, pour être ensuite travaillé et vendu en Asie. Dans cette

région, le travail et la vente de l’ivoire sont légaux, avec cer-

taines restrictions. Le commerce de l’ivoire est illégal en Inde,

au Sri Lanka et au Népal, et les marchés de ces pays sont peu

importants, malgré l’existence d’une activité illégale (Menon

et

al.

1998 ; Martin et Stiles, 2002).

Des années 1970 au milieu des années 1990, la majorité de

l’ivoire travaillé dans le monde était destiné à l’exportation, sauf

au Japon, où les acheteurs locaux prédominaient. En 1989, lors

de l’interdiction du commerce de l’ivoire par la CITES, les plus

grands marchés locaux se trouvaient à Hong Kong, au Japon,

en Thaïlande et à Taïwan. Le travail de l’ivoire a considérable-

ment diminué en Chine et à Hong Kong. En 1985, on y dé-

nombrait 2 000 à 2 500 artisans spécialisés dans l’ivoire, alors

qu’en 2002 ce nombre était probablement inférieur à 200,

sans compter ceux qui travaillaient l’ivoire de mammouth. Sur

la même période, le nombre d’usines et d’ateliers d’ivoire en

Chine est passé de 20 structures importantes au minimum à

environ 10 de petite taille. Ces indicateurs suggèrent un net

recul de la demande sur le marché de l’ivoire transformé en

Chine immédiatement après l’interdiction du commerce par la

CITES, principalement à cause de la baisse de la demande des

marchés d’exportation et des acheteurs occidentaux.

Certains éléments indiquent toutefois une hausse de l’activité

sur le marché intérieur de l’ivoire aux alentours de 1996. Cette

thèse est corroborée par la hausse des saisies d’ivoire qui ont eu

lieu en Chine depuis 1997, par l’augmentation significative du

nombre de commerces de détail et d’objets proposés à la vente

entre 2002 et 2011 à Guangzhou, ainsi que par l’augmentation

du nombre d’usines d’ivoire enregistrées, de 20 en 2002 à 36

à la fin de l’année 2011 (Milliken

et al.

2002, 2007, 2012 ; Mar-

tin et Stiles, 2003 ; Martin et Vigne 2011b ; Gabriel

et al.

2012).

En outre, des informations concernant Hong Kong montrent

que la taille du marché de l’ivoire est restée stable depuis 1990,

soutenant l’idée que l’activité liée à l’ivoire d’éléphant y a chuté,

contrairement à la croissance rapide de l’utilisation d’ivoire de

mammouth (Martin et Stiles, 2003 ; Martin et Martin 2011). À

Taïwan, la sculpture de l’ivoire se raréfie également et les nou-

velles pièces sont désormais importées depuis la Chine conti-

nentale (Martin et Stiles, 2003).

Alors que le marché de l’ivoire semble progresser en Chine,

l’activité varie dans d’autres parties de l’Asie, comme au Japon,

en Thaïlande, au Viet Nam et au Myanmar (Vigne et Martin

2010 ; Stiles 2009 ; Stiles 2008 ; Berger et Nijman 2008).

Malgré les nombreuses lacunes dans les connaissances sur

la récente activité de l’ivoire en Asie du Sud et du Sud-Est de

depuis 2001 (Martin et Stiles, 2002), les données du Système

d’information sur le commerce des éléphants (ETIS) montrent

une augmentation significative du nombre d’expéditions à

grande échelle vers l’Asie. L’activité du marché de l’ivoire illégal

demeure faible dans les pays d’Asie du Sud et du Sud-Est (Mar-

tin et Stiles, 2002 ; Nijman et Shepherd 2012 ; Martin

et al.

2011). La Chine, la Thaïlande et le Viet Nam suscitent des pré-

occupations majeures en ce qui concerne les activités illégales

d’ivoire et le commerce d’autres produits de la faune (Milliken

et al.

2012 ; Martin et Vigne 2011b ; Stiles 2008, 2009).

Historiquement, les marchés de l’ivoire travaillé en Asie sont

principalement destinés à l’exportation et aux visiteurs étran-

gers. Cependant, en raison du développement économique

régional, les Asiatiques sont eux-mêmes devenus d’importants

consommateurs d’ivoire travaillé.

En Chine, le marché des contrefaçons en ivoire ancien est

florissant, ce qui facilite l’exportation vers les pays occidentaux.