LA CRISE DE LA CRIMINALITÉ ENVIRONNEMENTALE - page 4

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Préface
Compte tenu de la complexité et du rythme alarmant du commerce illégal international
d’espèces sauvages, le PNUE a lancé une « Évaluation pour une intervention rapide »
afin de présenter et analyser les données les plus récentes afin de mieux comprendre ce
phénomène. Il convient, pour en venir à bout, d’analyser les relations entre les ressources
environnementales en jeu, leur exploitation légale et illégale, les vides juridiques qui
aggravent la situation, l’ampleur et la nature des infractions commises et l’évolution de la
demande qui permet à ce commerce de prospérer.
La
communauté
internationale
reconnaît
désormais
largement l’ampleur considérable prise par le commerce illégal
d’espèces sauvages au niveau mondial. Le trafic d’animaux et de
produits forestiers, d’une valeur estimée entre 70 et 213 milliards
de dollars US par an, affecte une grande partie de la faune et de
la flore à travers le monde. À titre de comparaison, l’enveloppe
mondiale de l’aide publique au développement s’élève à environ
135 milliards de dollars US par an. Le commerce illégal des
ressources naturelles prive les pays en développement demilliards
de dollars de revenus et d’opportunités de développement
tout en bénéficiant à des réseaux criminels relativement restreints.
Ce rapport étudie les graves répercussions du phénomène auquel
nous sommes confrontés aujourd’hui. La situation s’est aggravée
à tel point que ce commerce affecte désormais non seulement
l’environnement, mais également l’économie, les moyens de
subsistance, la bonne gouvernance et l’État de droit. Aujourd’hui,
c’est la sécurité même des pays et des communautés qui est en
jeu : ce rapport montre en effet comment les infractions liées aux
espèces sauvages et à la forêt (commerce illégal de charbon de
bois par exemple) permettent de financer différentes milices et
groupes terroristes. Leur ampleur et le rôle qu’elles jouent dans le
financement de la criminalité et du terrorisme est déjà reconnu par le
Conseil de sécurité des Nations Unies comme un problème grave en
République démocratique du Congo et en Somalie, mais nécessitent
une attention politique accrue, et pas seulement dans ces pays.
Les conséquences de ces actes sont de plus en plus évidentes :
le trafic illégal d’espèces sauvages met un frein au développement
durable et à la viabilité environnementale. Les nombreuses
décisions émanant de la Convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore sauvage menacées
d’extinction, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le
crime, de la Commission des Nations Unies pour la prévention
du crime et la justice pénale, d’INTERPOL et du Conseil de
sécurité des Nations Unies, entre autres, montrent l’importance
accordée à la lutte contre le commerce illégal des espèces
sauvages et les crimes portant atteinte à l’environnement,
reconnus comme des menaces graves par la communauté
internationale. Les interventions actuellement menées sur le
terrain restent toutefois très modestes et inadaptées à l’ampleur
et à la croissance de la menace pour les espèces sauvages et
l’environnement.
La conception, le renforcement et la mise en place rapide d’une
stratégie efficace de lutte (à tous les niveaux et par tous les
moyens possibles) contre ce phénomène passent nécessairement
par une meilleure compréhension du problème. La communauté
internationale doit mettre en œuvre une réponse globale pour
soutenir la lutte nationale, régionale et internationale contre ces
pratiques, en renforçant et en synchronisant les actions visant la
mise en place et l’application d’une législation environnementale
cohérente, la lutte contre la pauvreté et la réduction de la
demande.
Achim Steiner
Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif
du PNUE
Le commerce illégal des
ressources naturelles prive
les pays en développement
de milliards de dollars
de revenus.
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