LA CRISE DE LA CRIMINALITÉ ENVIRONNEMENTALE - page 87

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Réponses
Le commerce illégal des produits forestiers et des espèces sauvages ainsi que l’exploitation illégale
des ressources naturelles sont désormais largement reconnus comme une menace importante,
aussi bien pour l’environnement, le bien-être des personnes et la sécurité alimentaire que pour le
développement durable, comme le montre le nombre de décisions de la CITES, la Commission
des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, INTERPOL et le Conseil de
sécurité des Nations Unies, notamment sur la Somalie et la République démocratique du Congo.
Les mesures d’application de la loi visant à réduire la criminalité
transnationale organisée liée à l’environnement ont été modestes
jusqu’à présent. Les capacités d’enquête sont insuffisantes ou
inadaptées et le financement alloué à la protection des ressources
est quant à lui limité. Les poursuites et les condamnations pour les
atteintes à l’environnement concernent généralement des délits
ou infractions mineurs et, trop souvent, ciblent des délinquants
démunis ne faisant pas partie des hautes sphères du réseau.
Pourtant, le commerce illégal des produits ligneux et des produits
provenant d’espèces sauvages constitue également souvent une
infraction au droit fiscal, aux lois contre le blanchiment d’argent et
peut mettre à contribution la criminalité organisée et donner lieu
à la violence, au trafic et même au financement de groupes armés
non étatiques. L’application de ces lois par les autorités chargées
de l’enquête et de l’instruction pourrait dans certains cas s’avérer
bien plus efficace, sérieuse et appropriée.
Sensibilisation des consommateurs
Les programmes de réduction de la demande des consomma-
teurs afin de lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages
sont particulièrement importants et efficaces. Malgré les succès
obtenus à cet égard, ce type d’intervention exige de modifier
les comportements, grâce à une meilleure sensibilisation des
consommateurs, notamment quant à la présence de produits
ligneux et de produits issus des espèces sauvages illégaux dans
les chaînes d’approvisionnement légales aux fins de blanchiment.
En effet, pour être efficaces, les mesures de lutte doivent couvrir
plusieurs fronts, de la réduction de la demande aux efforts socio-
économiques, en passant par la mise en place de systèmes de
certification, la sensibilisation des consommateurs et la promo-
tion d’une gestion plus efficace, de la bonne gouvernance et
d’autres moyens de subsistance. Elles doivent s’accompagner de
mesures d’application de la loi, concernant notamment la protec-
tion sur le terrain, le contrôle douanier le renforcement de la loi
et des initiatives des services policiers et judiciaires.
La sensibilisation des consommateurs et la réduction de la demande
constituent un élément critique à long terme qui doit faire l’objet
d’une attention accrue. En 2007, une enquête menée auprès de
1 880 personnes vivant dans six villes chinoises
159
 a révélé que 43 %
d’entre elles avaient déjà consommé des produits supposés contenir
des sous-produits du tigre. 71 % de ces personnes ont déclaré
préférer les produits d’origine sauvage à ceux d’élevage, les princi-
paux produits utilisés étant les emplâtres (38 %) et le vin (6,4 %) à
base d’os de tigre. 88 % des personnes interrogées étaient informées
du caractère illégal de l’achat ou de la vente de sous-produits du
tigre et 93 % jugeaient l’interdiction de ce commerce nécessaire à la
protection des tigres sauvages. Toutes les catégories de revenus ont
déclaré utiliser des emplâtres à base d’os de tigre, dont la demande
est plus forte chez les consommateurs plus âgés et les femmes.
Or, aucune des sept marques d’emplâtre testées dans le cadre de
cette étude ne contenait des traces d’os de tigre
160
, confortant les
conclusions d’une enquête réalisée en 2005–2006 dans 518 points
de vente d’articles de médecine traditionnelle en Chine au cours
de laquelle il était apparu qu’aucun sous-produit du tigre ne figu-
rait dans les ingrédients des emplâtres
161
. À cet égard, 3 % seule-
ment des consommateurs jugeaient que les produits qu’ils ache-
taient n’étaient pas authentiques. 12 % estimaient que les produits
étaient authentiques, et 85 % ont déclaré de pas savoir si les
produits utilisés contenaient bien des ingrédients à base de tigre
162
.
Les programmes de sensibilisation des consommateurs sont par
conséquent extrêmement importants, non seulement pour les
sous-produits du tigre mais aussi pour l’ensemble des espèces
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