Journal C'est à dire 217 - Janvier 2016

P O L I T I Q U E

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Une nouvelle Région pour “permettre plus d’échanges avec la Suisse” Les élus de la nouvelle Région sont installés à Dijon depuis le 4 janvier. Deux élus du Haut-Doubs siè- gent : Liliane Lucchesi dans la majorité, Patrick Genre dans l’opposition. Que faut-il attendre ? Politique

Bien qu’aux confins de cette nou- velle entité géographique, le Haut-Doubs semble au cœur des attentions de la nouvelle pré- sidente qui l’a rappelé dans son discours : “Former, c’est le nerf de la guerre pour le développe- ment économique : former tout au long de la vie, former en récon- ciliant théorie et pratique - ce que nos voisins suisses savent faire à merveille, eux qui sont classés, à l’échelle du monde, comme les meilleurs pourvoyeurs de compétences pour l’industrie. Aussi la relation avec les can- tons suisses frontaliers de la Franche-Comté doit-elle, à mon sens, permettre, plus que nous ne l’avons fait jusqu’à mainte- nant, des échanges d’expériences dans ce domaine fondamental de la formation et notamment de la formation universitaire” déclare la nouvelle présidente qui fait de l’emploi sa première bataille. Elle a ouvert à l’opposition de droite une présidence de com- mission (finances, évaluation des politiques publiques, citoyen- neté), façon de jouer la trans- parence et d’associer tout le mon- de au défi de “construire une nouvelle gouvernance régiona- le” insiste-t-elle. Ou de se mettre ses opposants dans la poche disent certaines voix à droite. Alain Joyandet (Union de la droi- te) la présidera. François Sau- vadet y voit là “un moyen de mieux contrôler l’action” que conduira la majorité de gauche. Pour autant, le chef de file de l’opposition de droite ne veut pas engager son équipe “dans une forme de cogestion.” Marie-

Guite Dufay aura face à elle “une opposition au travail. Dans l’opposition, je serai un opposant constructif. Le respect, ce sera défendre les personnes qui ont voté pour notre programme. Il faut rappeler que deux tiers des électeurs n’ont pas voté pour la présidente” indique de son côté Patrick Genre, maire de Pon- tarlier et élu régional d’opposition. Marie-Guite Dufay s’est fixé trois priorités : “Construire ensemble la nouvelle région, batailler pour l’emploi et faire émerger un nou- veau modèle de développement plus durable.” Ni Francs-Com- tois ni Bourguignons ne devraient perdre leur identité. Le nom de la nouvelle région, il devra être choisi avant juillet prochain… E.Ch. Indemnités en hausse Les indemnités des élus vont (en moyenne) augmenter de 380 euros par mois parce que la Région est plus grande en nombre dʼhabitants. Cʼest une loi qui prévoit cette hausse. En revanche, cʼest à lʼexécutif de voter le barème des indemnités pour les 15 vice-présidents. Les 15 vice-présidents toucheront au maximum 3 725 euros bruts par mois. La présidente : 5 512 euros. Nos élus demeu- reront cependant les moins bien rémunérés de France (avec ceux du Centre et de Corse) du fait de la petite taille de la Région.

L es retraités de la politique comme Joseph Parrenin, ex-maire de Maîche et conseiller régional, ou Paulette Guinchard, ex-secrétaire d’État sous Jospin, n’ont pas manqué le rendez-vous, historique selon cer- tains. Lundi 4 janvier, à Dijon, les 100 élus de la nouvelle région Bour- gogne-Franche-Comté se sont installés dans la nouvelle assem- blée à Dijon. L’ancien élu régio- nal Joseph Parrenin ne siégera

pas mais avait tenu à être pré- sent pour féliciter Marie-Gui- te Dufay, nouvelle présidente de Bourgogne-Franche-Comté, élue à la tête de l’exécutif après deux tours de scrutin, preuve que la majorité de gauche n’est pas aus- si unie qu’elle veut bien le lais- ser le croire. Deux élus du Par- ti radical de gauche ont voté blanc ou nul conduisant les 100 nouveaux élus à revoter une pré- sidente. Deux candidats s’étaient au préalable positionnés : Sophie Montel pour le F.N. et Marie- Guite Dufay pour l’Union de la Gauche. Après négociation dans sa majo- rité, Marie-Guite Dufay est fina- lement élue. Elle dirigera cette nouvelle grande région de 2,8 millions d’habitants durant 6 ans. Sa marge de manœuvre est serrée. 51 conseillers dans la majorité, 25 pour l’Union de la Droite et 24 pour le F.N. Deux élus du Haut-Doubs repré- sentent notre territoire, trois si l’on compte Sophie Fonquer- nie qui demeure à Solemont (entre Lomont et vallée de la Barbèche). Liliane Lucchesi, conseillère municipale à Pon- tarlier intègre la majorité de gauche. Sophie Fonquernie (Union de la Gauche) obtient l’une des 15 vice-présidences : l’agriculture. Patrick Genre, maire de Pon- tarlier, fait partie de l’opposition.

Marie-Guite Dufay félicitée par son groupe pour son élection (dans la douleur) à la présidence de la région Bour- gogne-Franche- Comté à Dijon.

La nouvelle présidente et sa main tendue au chef de file de l’opposition François Sauvadet (Union de la Droite).

Le Département taxé de “bel endormi” La gauche critique ouvertement “l’immobilisme” de la nouvelle majorité. Les orientations budgétaires sont repoussées, le soutien aux associations éga- lement. Réponse de l’exécutif. Politique

l’ancien président directement visé. Je conseille à M. Gonon de n’être plus dans le commentai- re mais dans l’action. Chaque année, la loi de finances est votée au même moment.” D’ordinaire si tranquille, l’ambiance s’est donc tendue au fil des minutes. Apothéose lorsque Frédéric Barbier (P.S. - canton de Pont-de-Roide) récla- me “qu’un prince charmant vien- ne pour réveiller la belle endor- mie qu’est Philippe Gonon.” Ces mêmes élus qui la veille min de l’assemblée (U.D.I. - can- ton de Pontarlier) : “Je n’avais pas prévu d’intervenir sur ce sujet. Nous travaillons tous. Et chacun sait le temps qu’il faut pour passer une D.M. 3.” Outre son manque de perspec- tives - que la majorité promet de présenter d’ici peu - l’opposition regrette que les demandes de subventions pour les associations ne sont toujours pas accessibles depuis le por- tail Internet du Département. Inquiétude également sur l’avenir de la conférence sur les rivières (Doubs-Loue-Dessoubre) ou encore que l’audit de gestion (coût d’environ 50 000 euros) ne soit pas encore communiqué. disaient avoir compris le message du peuple s’accusent de tous les maux. Un spectacle qui n’a pas laissé de marbre Pierre Simon, le benja-

V oilà dix mois qu’elle dirige le Doubs. Et jamais l’Union de la Droite et du Centre dut répondre à une attaque aussi soudaine qu’inattendue. Le coup arriva lundi 14 décembre, au len- demain des élections régionales. Si la présidente Christine Bou- quin souhaitait dans son pro- pos liminaire que cette assem- blée ne soit pas “une foire d’empoigne” mais un lieu où “les divergences devaient se mettre au service de l’action départe- mentale” , l’opposition décida que la neutralité n’avait que trop duré. Première à tirer : Martine Voi- dey, chef du groupe socialiste et conseillère du canton de Valen- tigney. “Vous disiez nous pré- senter votre projet avant la fin de l’année, on l’attend toujours ! Comme votre budget qui devait arriver en février… puis on l’apprend qu’il n’arrivera qu’en mars. Le paquebot que vous diri- gez n’a pas de carte de navi- gation ! 2015 sera une année blanche” dit-elle au nom de son groupe. “Ce n’est pas aimable pour les salariés qui travaillent ici” coupe Ludovic Fagaut (L.R.

- canton de Besançon 5). Pour sa défense, la majorité tra- vaille avec un budget dont elle hérite. “Peut-être, admet Mar- tine Voidey. Mais vous faites une décision modificative du bud- get (D.M. 3) avec des séances très limitées. Il n’y a même aucun

La majorité départementale dirigée par Christine Bouquin accusée par la gauche de remettre à demain ce qui pourrait être fait aujourd’hui.

rapport en commission ! Beaucoup de monde s’interroge.” Le coup est rude. Philippe Gonon, vice- président en charge des

“Vous pro- crastinez” dit l’ancien président.

Claude Jeannerot, en person- ne, enfonce le clou accusant Christine Bouquin et ses vice- présidents de “procrastiner.” “Nous n’avons pas de lisibilité sur votre projet culturel. Ne voyez pas de procès d’intention, s’empresse-t-il de corriger, mais je suis inquiet pour le musée Courbet et m’interroge sur le recrutement du nouveau conser- vateur.” Osé, d’autant que le départ de l’ancienne conser- vatrice est intervenu sous sa présidence. Après cette salve, Christine Bou- quin se défend. Les tableaux de Courbet, elle ne se contente pas de les contempler. Un rempla- çant sera nommé. Le partena- riat avec le Musée d’Orsay est confirmé pour l’été. “J’ai le dos- sier en main” rassure la prési-

dente. Taxée d’immobilisme, elle répond : “Avouons que nous sommes dans une situation inédite (redécoupage des can- tons, E.P.C.I., grande Région). Je ne pense que nous rencon- trions les mêmes personnes lorsque vous dites qu’elles sont inquiètes ! Concernant les sub- ventions, nous avons versé des acomptes pour ne pas mettre en difficulté certaines associations (Comité de Tourisme, Agence fon- cière).” La présidente fait amende hono- rable sur le dossier “Saline roya- le d’Arc-et-Senans” où 100 000 euros seront versés pour la résidence d’artiste de Jordi Savall, le célèbre musicien espa- gnol. La gauche demande des comptes sur la politique cul- turelle et l’abandon de

l’opération. “Peut-être est-ce une maladresse. Le rapport doit être plus explicite” admet la prési- dente. L’abandon des “Jardins musicaux” s’explique selon Ludo- vic Fagaut par une disparition des fonds Interreg. Accusée de n’avoir pas diligen- té de réunion sur l’état de nos rivières, Christine Bouquin rap- pelle que ce dossier est géré avec la préfecture. Le rapport de la chambre régionale des comptes sur la gestion du Département sous l’ère Jeannerot sera quant à lui communiqué en février. Après cette date, l’ancien pré- sident démissionnera de son pos- te de conseiller. Surpris par cette sortie, l’exécutif se sait attendu au tournant en 2016. Aux nouveaux élus d’associer la parole aux actes.

finances, encaisse et répond le premier : “Nous déplaçons les orientations budgétaires et le budget prévisionnel parce que le décret de la loi de finances 2016 n’est pas encore voté mais aussi du fait des inquiétudes quant au financement des poli- tiques sociales (R.S.A.). Ne croyez pas que l’on soit resté les bras ballants” dit-il tout en accusant la précédente équipe de n’avoir pas renégocié les taux d’intérêt sur son endettement de 240 mil- lions d’euros lorsque la période s’y prêtait. “Le Département aurait pu économiser plusieurs millions d’euros par an.” “Ce calcul n’est pas démontré, rétorque Claude Jeannerot,

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