Agricultrices d'ici

Évelyne Lohues Production laitière

Passionnée par son métier, Évelyne Lohues a tout fait pour aller au bout de son rêve : s’installer comme agricultrice en dépit des réserves de sa mère.

Sa mère la voyait coiffeuse. Évelyne Lohues, elle, n’imaginait pas sa place ailleurs que dans une ferme, là où elle avait grandi. « On a toujours été agriculteurs dans la famille, mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents… » Mais, après les réticences de sa mère, Évelyne s’est heurtée à celles de la société. « Au départ, mari et femme n’avaient pas le droit d’être tous les deux agriculteurs à leur compte. » Elle a dû être conjointe d’exploitant pendant dix ans, avant de pouvoir, enfin, s’installer seule. « C’est un métier passionnant, on ne fait jamais la même chose et, en plus, on vit dehors, c’est un luxe » , se félicite aujourd’hui la quinquagénaire au regard vif. Elle admet toutefois exercer un métier « complexe » avec des contraintes horaires importantes. Elle raconte, par exemple, avoir travaillé tout au long de ses trois grossesses : « Je m’arrêtais le jour ou la veille de l’accouchement et je reprenais le travail quatre jours après, en rentrant de la maternité. »

L’éleveuse au fort tempérament a toujours été « la seule femme » , que ce soit à l’école ou dans la coopérative où elle siège. « Être une femme, ça ne veut pas dire qu’on doit attendre que les hommes nous laissent la place » , insiste Évelyne, féministe à sa façon. Finalement, « ce qui est parfois dur, c’est le regard des autres sur notre métier qui est incompris et qui souffre de nombreux clichés » . Quoi qu’il en soit et malgré la retraite qui approche, elle n’envisage pas de totalement s’arrêter, soulignant les avantages d’un métier « dans lequel on peut vieillir » . « Tant que mon fils sera agriculteur, je lui donnerai un coup de main » , confie Évelyne, qui a également l’intention de s’impliquer activement dans son rôle de grand-mère lorsqu’elle ne sera plus en activité. « Quand on fait un métier de passion, de toute façon, c’est impossible de l’arrêter du jour au lendemain » , conclut cette agricultrice pleine de vie.

20

Angoumois et Nontronais

Made with FlippingBook flipbook maker