PRO BTP - Batir n°195

LE GROUPE 9

Depuis plusieurs mois, les résidences médico-sociales accueillent des formations destinées à sensibiliser les personnels aux conditions de vie et au quotidien des personnes âgées. Reportage chez l’une d’entre elles. BTP RMS : vis ma vie de résident

«S i j’avais imaginé à quel point c’est contraignant ! » Il règne une certaine stupéfaction, dans cette chambre de la résidence Les Floralies, à Bagnolet, en cette après-midi de novembre. Transformée pour l’occasion en salle de formation, elle accueille six salariées de l’établissement : une infirmière, deux aides-soignantes, deux agents de service et une assistante sociale. Comme d’autres avant elles et d’autres après elles, elles se livrent aujourd’hui à un étonnant exercice : semettre dans la peau des résidents auprès desquels elles travaillent tout au long de l’année. Pour cela, elles ont enfilé de surprenants acces- soires : un gilet, des genouillères, un collier cervical, des lunettes… « Rien que de se baisser est épuisant » Chacun de ces accessoires est censé simu- ler le vieillissement et certains handicaps. À en juger par la réaction des participantes, le résultat est carrément concluant. Aïssatou, qui vient de gravir une volée de marches

équipée d’accessoires simulant l’hémiplégie, n’en revient pas : « Le simple fait de se baisser est épuisant » . Victoria, qui porte un casque auditif qui simule la baisse d’audition, la fait répéter. Quant à Marie-Louise, elle ne sup- porte plus cette ceinture qu’elle a sur le corps : « Ce poids à porter, c’est insupportable. On comprend mieux pourquoi les résidents pré- fèrent rester allongés » . Puis vient le moment d’enfiler des lunettes reproduisant le vieillis- sement oculaire : cataracte, dégénérescence maculaire, glaucome, etc. Nos six partici- pantes n’en croient pas leurs yeux. Alors que l’atelier touche à sa fin, Catherine Marce-

nac, la formatrice, invite l’équipe à remplir un petit questionnaire où il est demandé à chacune d’évaluer le degré de gêne ressenti pour effectuer des actions du quotidien. Une heure auparavant, elles avaient rempli le même questionnaire. Inutile de préciser que les résultats diffèrent du tout au tout… Ceux- ci seront attentivement analysés pour amélio- rer davantage la prise en soin des personnes âgées. Marie-Laure brise la glace : « Je prends conscience à quel point ces personnes sont dans une difficulté permanente. Ça renforce mon engagement pour elles » .

C’EST DIT

‘‘ Même si j’avais entendu parler de ce dispositif, je n’en mesurais pas l’ampleur avant de l’expérimenter. Ça va au-delà de ce que j’imaginais. C’est extrêmement parlant. Je l’aurais bien testé une journée entière, pour vraiment ressentir ce que vivent les personnes âgées très dépendantes. On peut avoir de l’empathie naturellement, mais vivre un handicap est bien plus fort. ’’

FLORENCE EBONGUE Assistante sociale

| 4 e TRIMESTRE 2018

| N°195

BÂTIR

Made with FlippingBook - Online magazine maker