Quelle ville?

Une organisation collective, pour être viable et progressive, doit éliciter de la part de chacun de ses membres une libre adhésion à une discipline pratique en de nombreux domaines de la vie quotidienne. Elle doit être assez simple pour être saisie de tous et assez flexible pour intégrer toutes nouvelles situations sans compromettre ses principes directeurs.

La moindre imposition arbitraire engendre une aliénation : « eux » et « nous ».

Alors, d’une part l’égoïsme et l’inertie, avec leur cortège de plaintes, de démissions et de jalousies, se mettent à peser, enrayer, empêcher, ou déjouer, et de l’autre, l’ivresse du pouvoir de décider, d’instituer, de diriger, avec son cortège de rivalités, d’arrogance et d’inimitié, se met à falsifier, détourner, usurper. Cette difficulté évolutive élémentaire se compliquait à présent par l’entrée en jeu d’une énorme machinerie administrative qui allait exiger son content de comptes, de rapports et de définitions dans son propre langage – le spectre d’une puissante hiérarchie anonyme, intrusive et incontournable. L’on serait tenté, soit de se retirer autant que possible, de se désintéresser autant que possible des développements à venir, les considérant presque comme étrangers au chemin original, soit de se joindre à la mêlée avec l’espoir d’y trouver un rôle conséquent.

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Dans la plupart des cas cependant, ni l’une ni l’autre de ces tentations n’était praticable.

Et nul ne pouvait ignorer la nécessité d’apprendre à gérer et administrer les biens, les ressources et les activités si la communauté devait se développer, quel que soit le chemin emprunté ; si l’on ne voulait plus de l’emprise de cette Société relativement extérieure et si seul le Gouvernement central pouvait procurer un statut légal indépendant, il fallait

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