Quelle ville?

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L’évacuation de toute sorte de scrupule caractérisa le développement mondial dans les années qui suivirent.

La poursuite du profit immédiat prima sur toute autre considération, quelles que soient les conséquences et les effets sur l’équilibre naturel, ou le bien- être réel d’autrui. Les multinationales prirent le pouvoir, déterminées à dicter à tous comment ils devraient vivre et à contrôler tous les produits et leur circulation sur la Terre entière – depuis les semences jusqu’à l’utilisation de l’argent, du temps et du corps.

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Les cris d’alarme retentissaient déjà sur tous les continents – écologistes, économistes, médecins, sociologistes, ou poètes et musiciens, tentaient de prévenir le monde de cette course à sa destruction ; les progrès de la science conduisaient à associer des disciplines qui jusqu’à présent s’étaient chacune retranchées, car l’évidence croissait d’une complémentarité nécessaire de toutes les approches si l’on voulait vraiment commencer de mieux comprendre la réalité physique et matérielle, et tous pouvaient ainsi mieux saisir les conditions de son équilibre « naturel ». Mais les exploitateurs, les prédateurs, les rapaces, pareils aux « voleurs » des anciens Veda, demeuraient sourds, tout comme les gouvernements et les Etats dont les économies respectives dépendaient de plus en plus de la réussite de ces pontes qui violeraient la Terre jusqu’à l’assécher – depuis les fabricants d’armes de plus en plus performantes et sophistiquées, aux monopoles industriels de forage et d’extraction, de conversion et de

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